Israël poursuit l’escalade : déluge de feu sur la banlieue sud de Beyrouth

Au moins une dizaine de frappes israéliennes ont visé mardi matin la banlieue sud de Beyrouth, moins d’une heure après des appels de l’armée de l’État hébreu à évacuer onze bâtiments des quartiers de Haret Hreik, Ghobeyri, Hadeth et Laylaki. Sur des images prises par notre photographe Mohammad Yassine, on peut voir d’épaisses colonnes de fumée grise s’élever depuis les quartiers visés, qui jouxtent Beyrouth, alors que les déflagrations résonnaient dans la capitale.Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), ces frappes ont détruit de nombreux immeubles, notamment dans la zone de Hadeth-Jamous, le centre médical « Zein » de Bir el-Abed, qui n’était pas mentionné sur les cartes publiées par l’armée israélienne, ainsi que le bâtiment dans lequel se trouve le restaurant « Harqous Chicken » à Haret Hreik. Selon des vidéos circulant dans les médias locaux, cet immeuble s’est totalement effondré. Un bombardement a également visé la périphérie du complexe Sayeda Zeinab, à Haret Hreik.

Dans les quartiers quasiment désertés par les habitants, des tirs nourris avaient été entendus auparavant, dans le but d’alerter les personnes qui ne seraient pas au courant de l’appel israélien à évacuer, ont indiqué des témoins à l’AFP. Depuis fin septembre, l’aviation israélienne pilonne régulièrement la banlieue sud, où habitaient entre 600 000 et 800 000 personnes selon les estimations. La plupart du temps, cette région est bombardée la nuit.

Vingt ansDans la foulée, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a affirmé sur X que « la plupart des sites de production de missiles et des entrepôts d’armement que le Hezbollah a établis sous la région de la banlieue sud de Beyrouth ont été détruits ». Selon lui, « au cours des vingt dernières années, le groupe terroriste Hezbollah a construit des dizaines de sites de production et des entrepôts d’armement en plein cœur de la banlieue sud de Beyrouth ». « Ces sites produisaient et stockaient des centaines de missiles et de projectiles de types variés, dans le but de causer de graves dommages à l’État d’Israël, et étaient systématiquement dissimulés sous des bâtiments civils », ajoute-t-il. L’armée israélienne a aussi mené une frappe sur un bâtiment à Baalechmay, dans le caza de Aley. Selon le bilan du ministère de la Santé, la frappe a tué cinq personnes et a fait deux blessés. Une autre frappe israélienne, qui a visé un appartement résidentiel à Joun, dans le Chouf, a fait des morts et des blessés, selon l’Agence nationale d’information.

Par ailleurs, les raids se sont poursuivis au Liban-Sud. Dans le caza de Tyr, une puissante attaque a ciblé la maison de Hussein Zeenni, journaliste pour le site d’information Wadi Press, dans le village de Mansouri. Le bâtiment a été entièrement rasé, selon les informations de notre correspondant. Qleilé, Majdel Zoun, Chihine, Debaal, Jbal el-Botm et Siddiqine ont également été les cibles de tirs. Bint Jbeil, chef-lieu du caza du même nom, mais aussi les localités de Tebnine, Baraachit, Chakra, Ghandouriyé et Froun ont été ciblées. De même que la ville de Nabatiyé, ainsi que Kfar Remmane, Habbouche, Arnoune et Toul dans le caza du même nom. Dans la même région, un raid israélien a visé un centre des scouts al-Rissala, affiliés au mouvement Amal, dans le village de Arabsalim. Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, la frappe a tué un membre du Hezbollah et deux du mouvement Amal. Enfin, à Marjeyoun, des attaques ont été recensées contre les localités de Khiam et Qantara. Cinq personnes ont également été tuées dans une frappe israélienne sur Tefahta (dans le caza de Saïda), selon notre correspondant. La maison ciblée a été détruite et d’autres bâtiments environnants endommagés.

Près de 3 300 mortsDans la Békaa, des frappes ont également ciblé la région de Hermel, frontalière de la Syrie, où le Hezbollah est implanté, faisant un mort. Des raids israéliens ont également visé Taraya et Boudaï, dans le caza de Baalbeck, selon notre correspondante, Sarah Abdallah. Dans ce cadre, le ministère de la Santé a mis à jour son bilan de la guerre israélienne contre le Liban. Au moins 3 287 personnes ont été tuées et 14 222 ont été blessées depuis le 8 octobre 2023.Ces violentes attaques interviennent à l’heure où des médias israéliens, dont le Maariv, ont rapporté que l’armée israélienne avait entamé la « seconde phase » de son offensive terrestre au Liban-Sud, visant donc des villages plus en profondeur, jusqu’à huit kilomètres de la frontière.

De son côté, le Hezbollah a revendiqué une vingtaine d’attaques contre Israël, dont l’armée a fait état d’« une dizaine de projectiles » observés en provenance du Liban mardi. Il a notamment annoncé avoir lancé des missiles sur une base militaire israélienne au sud de Tel-Aviv. Il s’agit de la base aérienne de Tel Not, visée par « une salve de roquettes de haute précision ». Des sirènes d’alerte ont retenti à Tel-Aviv et le long du littoral nord d’Israël, selon le Haaretz. Les environs d’Acre et de Nahariya ont également été ciblés. Le parti affirme également avoir obligé deux drones israéliens de type Hermes 450 à quitter l’espace aérien libanais.

Dans ce contexte, dans le nord d’Israël, deux hommes d’une quarantaine d’années ont été tués mardi dans des tirs de roquettes, selon les secours israéliens.Sur le plan politique, le président israélien Isaac Herzog s’est entretenu avec son homologue américain sortant, Joe Biden, insistant sur le fait que « la guerre au Liban doit se terminer avec des garanties sécuritaires pour Israël ». L’envoyé du président américain pour la région, Amos Hochstein, a lui estimé « qu’il était possible de parvenir à un accord bientôt au Liban ». De nombreux observateurs estiment toutefois qu’un accord de cessez-le-feu ne pourrait avoir lieu avant la prise de fonction du nouveau président américain, Donald Trump, le 20 janvier.