Le Conseil des ministres s'est réuni mercredi peu après 11h au Grand Sérail à Beyrouth sous la présidence du Premier ministre sortant Nagib Mikati, et a approuvé des crédits au ministère de la Défense pour le recrutement de 1.500 militaires, d'un montant de 113 milliards de livres, soit 1,3 million de dollars, rapporte notre correspondante Hoda Chédid. Selon le procès-verbal publié après le conseil des ministres, la somme est exactement de 113,25 milliards de LL et elle doit permettre de couvrir les dépenses liées à ces recrutements pendant trois mois, jusqu'à la fin de l'année.
Cette décision cruciale intervient à un moment où le Liban subit le contrecoup des combats entre le Hezbollah et l’armée israélienne, notamment depuis le 23 septembre dernier. Le déploiement renforcé de l’armée libanaise au Liban-Sud, dans le cadre de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a mis fin à la guerre de 2006, est également au cœur des discussions diplomatiques autour d’un cessez-le-feu.
L’annonce gouvernementale a été faite par le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, qui a entamé le point presse auquel participait aussi le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, coordinateur du Comité d’urgence institué pour réagir aux développements de la guerre. Les combats ont causé la mort de plus de 3.000 personnes depuis leur début le 8 octobre 2023, et forcé plus de 1,2 million de personnes à fuir les bombes israéliennes, entraînant des grandes destructions au Liban-Sud, dans la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth qui se chiffrent en milliards de dollars. La décision de recruter 1.500 soldats a été adoptée le 14 août dernier par l’exécutif.
Au début du Conseil des ministres, M. Mikati a exprimé la volonté du gouvernement de « préserver la dignité du Liban et d'assurer le respect de la souveraineté nationale dans toutes ses dimensions, aérienne, maritime et terrestre, dans le cadre des résolutions internationales », assurant ne tolérer « aucune violation ou agression » contre le territoire libanais. Il a également considéré que les attaques israéliennes « se transforment en crimes contre l’humanité et la civilisation ». Abordant la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, le Premier ministre a félicité le président élu et le peuple américain pour cette « échéance démocratique ».
Boycott du ministre de la Défense
Le principal intéressé par la question du recrutement des militaires, le ministre sortant de la Défense Maurice Slim, a publié un communiqué avant la réunion, dans lequel il s’insurge contre le fait que ce point a été inscrit à l’ordre du jour « sans qu’il ne soit lui-même consulté ou que la proposition émane de son bureau ». M. Slim a démenti « être hostile à la mesure elle-même », soulignant toutefois réagir à « un empiétement sur les prérogatives de son ministère, une entorse à la Constitution, au règlement du Conseil des ministres et à toutes les lois en vigueur ». Il n'a donc pas participé à la séance.
Le ministre a rappelé qu’en d’autres occasions, il avait été consulté pour des affaires concernant son département, et ce, bien qu’il n’assiste pas aux réunions depuis près de deux ans. Le ministre de la Défense est en effet proche du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, qui refuse que les ministres de son groupe assistent aux réunions du Conseil des ministres tant que le Liban est sans président de la République, de peur de normaliser ce qu’il considère comme une situation exceptionnelle. « Pourquoi n’ai-je donc pas été consulté cette fois-ci ? », a-t-il demandé.
L ’un des autres points de l’ordre du jour, rapportant une demande formulée par le ministère de la Défense de gérer des contrats « avec les techniciens et les administrateurs » qui traitent avec lui, n'a pas été accepté et a été reporté à une future réunion. Le Conseil des ministres devait également valider un don de 2,3 millions d’euros offerts par l’Allemagne à l’armée libanaise, et accepter une aide française.
Report du point relatif aux écoles privées
Une des décisions très anticipées a finalement été reportée. Il s’agit de la proposition inscrite à l’ordre du jour par le ministre sortant de l’Éducation, Abbas Halabi, d’utiliser des bâtiments d’écoles privées pour relocaliser les élèves d’écoles publiques et privées dans les zones touchées par la guerre, pour l’année scolaire 2024-2025. Cette mesure s’impose d’autant plus que les écoles publiques dans la plupart des régions servent actuellement de centres d’accueil pour les centaines de milliers de déplacés du Liban-Sud et de la Békaa fuyant les bombardements israéliens. Selon M. Makari, aucune décision n’a été prise sur ce point, alors que l’année scolaire a finalement commencé il y a deux jours, après avoir été reportée en raison de la guerre, et le report a été demandé par M. Halabi.
Pour ce qui est du point de l’ordre du jour relatif aux salaires et aux indemnités de la fonction publique, le gouvernement a décidé d’octroyer les primes de productivité prévues sans condition de présence, compte tenu du contexte. Cette exception ne s’applique pas aux indemnités de transport, indique encore notre correspondante. Dans le procès-verbal de cette décision, qui a commencé à circuler plus tard dans la soirée, l'exécutif a également annoncé que les fonctionnaires dont les lieux de travail sont inaccessibles ou détruits seront relocalisés temporairement, jusqu'à ce que la situation revienne à la normale, sans plus de précision sur la façon dont cela sera organisé.
Selon le ministre de l'Information, l’exécutif a également approuvé le point relatif à l’augmentation des contributions des enseignants et des établissements scolaires à la Caisse de retraite des enseignants, afin d’augmenter son financement, lourdement déprécié par la chute de la valeur de la livre libanaise depuis le début de la crise économique en 2019. Le ministre n’a pas fourni plus de détails, mais un tel texte devra en principe être approuvé par le Parlement pour être applicable.
Programme de réponse
Selon le ministre Yassine, cité par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), le « programme de réponse » mis en œuvre sous l’égide du Conseil des ministres pour évaluer l’impact de la guerre sur le Liban a également été présenté pendant la réunion.
Le programme s’articule en « trois volets », mis en œuvre « en toute transparence » en coordination avec les agences de l’ONU, « et en particulier l’OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires est un département du Secrétariat de l’ONU, Ndlr) pour assurer la distribution de vivres dans les abris ». M. Yassine a fait état de « 44.000 familles de déplacés réparties dans 1.138 abris en plus de 147.000 familles dans des logements privés ». Il a ajouté que « 128.000 rations ont été envoyées » par les pays qui sont venus en aide au Liban, « ce qui représente un petit pourcentage des besoins par rapport aux familles existantes ». Il a aussi nié les informations faisant état de «millions de tonnes de farine» déjà fournies par l’Irak, remerciant cependant ce pays pour « son engagement à expédier de la farine au Liban».
Le ministre a également indiqué qu’une circulaire devrait bientôt être publiée par le bureau du Conseil des ministres pour détailler le mécanisme de redistribution de l’aide reçue. Il a aussi fait état d’une avance approuvée par l’exécutif au bénéfice des installations pétrolières « sur la base d’une étude réalisée au sein du comité ministériel en coopération avec les ministères de l’Énergie, des Affaires sociales, de l’Éducation et des mohafez (gouverneurs), pour approvisionner 541 abris situés à plus de 300 mètres d’altitude, dans la Békaa et d’autres régions, afin de fournir du diesel pour le chauffage ».
M. Yassine a assuré que « le travail se poursuit pour mettre en œuvre toutes les décisions de la Conférence de Paris (qui s’est tenue le 24 octobre dernier) et toutes les aides qui ont été annoncées lors de la conférence », et a annoncé une réunion de coordination « la semaine prochaine ». « Les donateurs travaillent à l’organisation d’une mini-conférence pour mettre en œuvre ces décisions », a-t-il ajouté.
Nasser Yassine a enfin indiqué que les autorités syriennes facilitaient le retour de leurs ressortissants dans leurs foyers, et que 400.000 d’entre eux avaient déjà quitté le Liban « malgré le bombardement des points de passage » officiels entre les deux pays. Il a aussi signalé que des déplacés libanais se rendaient en Irak via la Syrie, ajoutant que le premier de ces deux pays avait déjà accueilli 32.000 déplacés.
D'autres points devaient être examinés par le Conseil des ministres, le ministère de la Justice proposant d'autoriser les cours d’appel de Nabatiyé et de Baalbeck, des régions sous le feu, à tenir leurs audiences au Palais de justice de Beyrouth et au siège du ministère.
Sur le plan économique, le ministère concerné avait présenté une demande de crédit de 47 milliards de livres libanaises pour l’achat de blé subventionné pour le pain dit arabe, vendu à un prix fixe sur le marché. Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) exige des montants, dont la valeur n’a pas encore été précisée, pour payer les entrepreneurs chargés des travaux publics sous contrat avec l’État. Concernant les salaires et indemnités de la fonction publique, une prime pourrait être débloquée à partir des réserves budgétaires 2024 ou d'autres sources.
Le Conseil des ministres devrait enfin valider les quitus délivrés par la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), initialement prévus pour expirer entre le 1er septembre et le 30 décembre 2024, et qui seront prolongés jusqu'au 31 décembre. Du point de vue infrastructure, le Haut comité de secours demande que les travaux de réparation de l’autoroute de Chekka (Liban-Nord), visant à réparer un glissement de terrains vieux de plusieurs années, soient exemptés de TVA.
Depuis le temps que les pays proposent d’aider notre armée à hauteur de milliards et que le HB s’y oppose en menaçant de tout confisquer. Ils viennent de se rappeler que les seuls piliers d’un état sont son armée et sa justice. Ils ont amputé la première et acheté l’autre et maintenant ils font appel à l’une comme à l’autre pour intervenir pour les sauver. Avec quel moyen S.V.P? Cette milice doit être dépouillé de ses armes afin que nos institutions reprennent leur pouvoir avec des moyens qui leur seront exclusivement accordés pour rétablir l’ordre et la sécurité. Les reste suivra comme par ma
11 h 05, le 07 novembre 2024