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Nos Lecteurs ont la Parole

Un chemin de croix sans fin

Pays du Cèdre… Pays du lait et du miel…

Israël – ironie du sort ou de la géographie ? – est également décrit comme la terre où coulent le lait et le miel. Ces deux richesses nous parlent en fait d’abondance et de fertilité.

Selon la Bible : « Tes lèvres distillent le nectar, mon épouse ; le miel et le lait sont sous ta langue ; l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban. » Chant du roi Salomon, fils de David et constructeur du temple de Jérusalem.

Sous nos cieux cléments, lait et miel ont tari depuis belle lurette…

Cette terre bénie est citée de nombreuses fois dans la Bible et notamment dans le Cantique des Cantiques ou encore dans l’Apocalypse de Saint-Jean.

Serait-ce pour cette raison, que nous croyons fermement que cette incroyable terre d’accueil se relèvera, survivra et se reconstruira ?

Nous évoquons sans cesse la dignité et le courage des Libanais qui affrontent en silence un impitoyable destin. Nous clamons encore et toujours la résilience de ce peuple.

Et après ? Et jusqu’à quand ?

Officiellement, le pays du Cèdre est sur son énième chemin de croix depuis des décennies, plus précisément depuis la fin des années 60.

Oui, on peut parler d’un énième chemin de croix, puisque nous ne sommes pas sans savoir que tout au long du XIXe siècle, l’histoire de notre pays a été jalonnée de guerres civiles… En 1841-1842, puis à nouveau en 1860, le Mont-Liban ottoman a été le théâtre de massacres de près de 11 000 chrétiens par les druzes.

Mais s’agissant de notre chemin de croix actuel, nous oscillons entre espoir et espérance.

L’espoir s’amenuise de jour en jour. Il en serait de même pour bien moins.

Il nous reste l’espérance…

L’espérance ne s’éteint jamais, dit-on. Elle perdure au-delà des moments difficiles, car elle s’inscrit dans le temps long. Elle traduit une confiance profondément ancrée. Enfin, elle porte une dimension transcendantale.

Ne se confond-elle pas finalement avec la foi ?

L’espérance est une petite voix qui nous assure que rien n’est jamais perdu. C’est une manière de regarder la vie et ses difficultés non comme un mal, mais comme une promesse de vie. C’est pourquoi elle s’inscrit dans le temps long…

C’est quoi le temps long ?

Même l’espérance aurait ses limites, non ?

Au pays du Cèdre, elle a fait son temps, et les Libanais ont perdu non seulement l’espoir mais l’espérance aussi.

Indissociable de la paix intérieure, de la sérénité et de la sagesse, peut-elle encore survivre chez nous ?

Ces dernières années, notre calvaire s’est nourri d’innommables cataclysmes et autres catastrophes qui auraient dû nous anéantir, nous engloutir… tous…

Évidemment, le destin, souvent injuste, en a décidé autrement : nombre d’entre nous ont été totalement anéantis, tandis que d’autres restent des vivants-morts, et les plus chanceux n’ont guère été touchés.

Nous le savions : le monde est injuste. Le mal existe.

Même si Dieu a donné aux hommes la liberté d’accepter le bien ou de le refuser, autrement dit de choisir le mal.

Le mal serait une mauvaise relation entre deux bonnes choses, mais Dieu n’a pas eu besoin de le créer.

Nous serions donc tous responsables de ce qui nous arrive. Du moins, en partie.

C’est dur, très dur. Dieu a été exigeant et impitoyable avec les hommes.

Le pays du Cèdre en est un exemple frappant, confondant.

Ce n’est plus la peine de compter les stations de notre chemin de croix.

Cette fois-ci, nous sommes tombés pour ne plus nous relever.

Si relève il y a, nous sommes déjà agonisants, sinon voûtés, courbés, cassés.

Point de résurrection pour les Libanais… loin s’en faut.

Si la Providence – notre seul secours – nous accorde encore la force de « nous relever » à tous les coups… elle ne pourra tout de même pas faire de nous des surhumains.

La révolution du 17 octobre écrasée, l’effondrement du système bancaire et de notre monnaie nationale, l’explosion au port de Beyrouth, et pour couronner le tout, la guerre avec Israël.

Pour être juste, nous ne prendrons pas en compte la pandémie de Covid quoiqu’elle ne nous ait pourtant pas épargnés. Mais nous étions logés à la même enseigne que la planète entière.

En dépit de tout, il suffit d’un petit rayon de soleil à l’horizon pour que nous reprenions notre force endémique.

Notre résilience est physique, psychologique et sociale.

Et après ? Et jusqu’à quand ?

Voir et assister au quotidien à des offensives, des assauts, des invasions, des destructions, des incendies, des édifices qui tombent plus vite que des châteaux de cartes… Compter le nombre de morts et de blessés qui va sans cesse crescendo… À ce stade, nous avons deux choix : soit plonger dans la prostration, soit se calfeutrer dans l’indifférence.

Mais nous ne le savons que trop, chacun de nous tient à sa vie. Et c’est certes pour l’indifférence que nombre d’entre nous opteront.

Et nous serons des lâches. Oui, des lâches. Mais chacun fait ce qu’il peut.

Ne sommes-nous pas de simples humains dans toute leur fragilité ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Pays du Cèdre… Pays du lait et du miel…Israël – ironie du sort ou de la géographie ? – est également décrit comme la terre où coulent le lait et le miel. Ces deux richesses nous parlent en fait d’abondance et de fertilité. Selon la Bible : « Tes lèvres distillent le nectar, mon épouse ; le miel et le lait sont sous ta langue ; l’odeur de tes vêtements est comme...
commentaires (1)

Je vous en prie ne dites pas point de résurrection pour les libanais

Eleni Caridopoulou

18 h 06, le 04 novembre 2024

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Commentaires (1)

  • Je vous en prie ne dites pas point de résurrection pour les libanais

    Eleni Caridopoulou

    18 h 06, le 04 novembre 2024

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