Les habitants de neuf villages du sud-est du Liban sont privés d’eau depuis qu’une frappe aérienne israélienne a endommagé, le 19 octobre, le principal réseau d’eau reliant leurs maisons à la source de Chebaa. « Il n’y a plus une goutte d’eau ici », affirme Ayman Choucair, ancien président du conseil municipal de Hebbariyé, à L’Orient Today. Dans son seul village, 350 habitations sont touchées par cette pénurie.
Le 25 octobre, les autorités et les habitants des villages de Chebaa, Hebbariyé, Fardis, Kaoukaba, Abou Qamha, Kfar Hmam, Rachaya el-Foukhar, Mari et Magidiyé, tous situés dans le caza de Hasbaya, ont publié un communiqué dans lequel ils appellent le gouvernement à réparer les dommages causés par la frappe israélienne qui a coupé l’approvisionnement en eau, l’exhortant à résoudre « cette question urgente et vitale ».
Pertes de 160 millions de dollars
Depuis le début de la guerre entre le Hezbollah et Israël, le 8 octobre 2023 au lendemain du début du conflit de Gaza, au moins 29 installations hydrauliques ont été endommagées, affectant l’approvisionnement en eau de plus de 360 000 personnes, principalement au Liban-Sud, selon Jean-Jacques Simon, porte-parole de l’Unicef. L’ampleur des dégâts subis par les infrastructures d’eau au Liban-Sud reste inconnue, étant donné que plusieurs zones touchées sont inaccessibles aux équipes techniques, explique M. Simon. « Le niveau réel des dégâts est probablement plus important » que ce qui a été estimé. Mardi, le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, a affirmé à la chaîne américaine CNBC que l’offensive israélienne contre le Liban a entraîné à ce jour des pertes de 160 millions de dollars dans le secteur de l’eau.
Malgré les conditions de vie difficiles, plus de 3 200 personnes vivent encore dans les villages du caza de Hasbaya touchés par ces pénuries d’eau, rappelle le porte-parole de l’Unicef. Ces habitants ont demandé au gouvernement de « remédier aux coupures d’eau afin de soutenir les personnes qui restent dans leurs villages », en coopération avec l’armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Les militaires libanais et les Casques bleus effectuent souvent ce genre d’opérations depuis le début du conflit.
Une source de l’armée libanaise a indiqué à L’Orient Today que la troupe n’avait reçu aucune demande de quiconque pour accompagner une équipe chargée de réparer les dégâts à Chebaa. Quant à la Finul, elle n’était pas immédiatement disponible pour commenter l’affaire.
Réparer les dégâts malgré les bombardements
Le directeur général de l’Office des eaux du Liban-Sud, Wassim Daher, explique à L’Orient Today que le principal problème qui retarde la réparation du réseau d’eau est la crainte qu’une équipe envoyée pour effectuer les réparations soit prise pour cible par l’armée israélienne. Depuis le début du conflit, l’armée israélienne a déjà tué sept employés de cet établissement.
« Israël frappe tous les jours dans cette région, s’il y a un moyen pour nous d’y accéder, nous sommes prêts », affirme le responsable. Chercher des employés prêts à prendre le risque, c’est comme « chercher une équipe suicidaire », lâche-t-il. Malgré le danger, il assure qu’une équipe devrait vérifier les dégâts dans les prochains jours, si les conditions le permettent. « La situation est désastreuse, reconnaît une source au sein du ministère de l’Énergie. Nous attendons que la situation se calme un peu pour évaluer ce qui doit être réparé exactement. »
Selon l’Unicef, la conduite d’eau endommagée nécessite un « arrangement spécial » qui permettrait à l’équipe de l’office d’accéder en toute sécurité pour effectuer les réparations et rétablir l’approvisionnement en eau des neuf villages concernés.
Risque de maladies
Le mokhtar de Rachaya el-Foukhar, Joseph Mrad, explique que les habitants dépendent désormais des puits pour l’usage domestique et la lessive, mais que ces eaux peuvent être impropres à la consommation. Certains habitants doivent faire un aller-retour de 30 kilomètres – de Rachaya el-Foukhar à la ville de Hasbaya – pour acheter de l’eau potable. Ce trajet en plus d’être dangereux en raison des frappes israéliennes régulières est également coûteux.
Sur les 250 habitants que comptait Rachaya el-Foukhar avant la guerre, une cinquantaine y vivent encore. Les autres ont dû fuir, à l’instar de 1,4 million de déplacés qui ont été forcés de quitter leurs maisons après l’escalade de l’offensive d’Israël contre le Hezbollah le 23 septembre.
Le ciblage des infrastructures hydrauliques a également des conséquences sur la santé des habitants, prévient le porte-parole de l’Unicef au Liban. Il rappelle ainsi que cette situation augmente souvent le risque de maladies d’origine hydrique telles que le choléra ou la diarrhée. Sans traitement adéquat, ces maladies peuvent entraîner la déshydratation et la mort, « en particulier chez les enfants et les personnes vulnérables », souligne-t-il. « Lorsque l’eau propre et salubre n’est pas disponible, les gens ont recours à d’autres sources d’eau qui peuvent parfois être contaminées, ce qui aggrave la propagation de ces maladies », ajoute M. Simon. Les pénuries d’eau rendent également difficile le maintien d’une hygiène de base, comme le fait de se laver les mains, de préparer les aliments en toute sécurité et de garder les lieux de vie propres, ce qui met à rude épreuve le système immunitaire et entraîne souvent des maladies de peau telles que la gale.
Et le Hezbollah iranien continue son arrogance et sacrifie les libanais sans sourciller.
14 h 14, le 01 novembre 2024