Des coureurs au départ de l'édition 2023 du OMT Beirut marathon. Photo fournie par la BMA
Comme l’ensemble du mouvement sportif libanais, le marathon de Beyrouth, le OMT Beirut Marathon, a payé les frais d’une guerre qui s’est étendue jusqu’au cœur de la capitale. Initialement prévue le 10 novembre prochain, la célèbre course a dû prendre ses dispositions en annonçant le report de l’événement dès le 1er octobre, une semaine après le lancement par Israël de sa large offensive sur le Liban, après un an de guerre d’attrition avec le Hezbollah.
Fondée en 2002 par May Khalil, l’association Beirut Marathon (BMA) s’apprêtait à organiser ce mois-ci la 18e édition de cet événement devenu un immanquable de l’agenda sportif libanais. Déjà contrainte d’annuler les courses de 2019 et de 2020 en raison du mouvement populaire de la thaoura en octobre 2019 puis de la pandémie de Covid-19 l'année suivante, la BMA a régulièrement dû s’adapter aux imprévus sécuritaires récurrents du pays du Cèdre, y compris l’an passé, un mois après le début de la guerre de Gaza et l’ouverture du « front de soutien » par le parti chiite au Liban-sud.
100 % des recettes destinées aux déplacés de l’école al-Mustaqbal
De quoi contraindre déjà ses organisateurs à redoubler d’inventivité pour permettre au plus grand nombre de participer. « À cause de la guerre de Gaza, nous avions déjà eu cette idée d’organiser une course virtuelle en parallèle de celle à Beyrouth pour que chacun puisse participer à l’événement depuis n’importe quel endroit dans le monde », explique Soraya Barbir, directrice de BMA, qui a donc décidé de généraliser ce dispositif pour cette édition 2024 du OMT Beirut Marathon, certifié par le « label d'argent » décerné par la fédération internationale d’athlétisme, World Athletics. « Les participants auront le choix entre courir le marathon entier, 42,195 km, le semi-marathon, 21 km, ou bien la course de 10 km ou de 5 km. », précise-t-elle.
Pour ce faire, la BMA a mis en ligne un formulaire d’inscription disponible en cliquant ici. Outre le choix de la distance et du tracé, les coureurs pourront réaliser leur effort à la date qui leur convient entre le 8 et le 30 novembre prochain, et ce pour le prix unique de 50 dollars. « Nous vous enverrons une médaille, un maillot de course et un dossard par le biais du service de livraison DHL, sans frais supplémentaires », précise le site. « 100 % des recettes générées par les inscriptions seront directement reversées à notre fonds de secours afin de soutenir les efforts humanitaires que nous menons sur le terrain », précise Soraya Barbir.
Dans le sillage du déclenchement de l’escalade militaire, un vaste mouvement de solidarité spontanée s’est structuré pour venir en aide aux quelque 800 000 déplacés internes restés au Liban sur un total d’1,3 million de personnes ayant quitté leur domicile pour fuir les bombardements israéliens. Nombre d’entre elles ont pu trouver refuge au sein d’une des écoles publiques ayant ouvert leurs portes, comme celle d’al-Mustaqbal, située dans le quartier de Basta, dans l’ouest de Beyrouth, touché par une frappe le 2 octobre. Un établissement pris en charge depuis le 24 septembre par BMA, qui détaille le contenu de ses actions caritatives sur ses réseaux sociaux.
Des départs collectifs à Paris et à Lyon
« Grâce à cette initiative, nous avons apporté un soutien à plus de 86 familles (412 bénéficiaires), en leur apportant une aide essentielle en matière d’alimentation, d'accès à l'eau potable, d'hygiène, de soins médicaux, des abris et du matériel d’hébergement d’urgence », indique le dernier communiqué de presse publié par la BMA.
Depuis l’annonce de la tenue de ce marathon virtuel, plus de 200 personnes situées dans une dizaine de pays différents se sont d’ores et déjà enregistrées. Parmi eux, l'association des coureurs du Caire, ou encore un groupe basé à Los Angeles et à Montréal ont notamment lancé un appel à rejoindre le mouvement. En France, les communautés locales du collectif « 542 » se mobiliseront également pour organiser des départs groupés dans les rues de Paris et de Lyon. Jusqu’à présent, « l’idée est de relier virtuellement des coureurs des quatre coins du monde pour rassembler tous ceux qui souhaitent soutenir le Liban. Si nous pouvions avoir au moins un coureur par pays, ce serait magnifique », espère Soraya Barbir.