Qu’est-ce qui est à la mode ? Qu’est-ce qui fait la mode ? À l’heure où, plombés par la tiédeur du marché asiatique, les grands groupes tels que LVMH, et surtout Kering, affichent un ralentissement inédit, certaines marques parviennent à tirer leur épingle du jeu grâce à des facteurs aussi mystérieux que leur perception de l’air du temps ou des coups de foudre pour un article vu sur un modèle et rendu viral sur les réseaux sociaux. L'indice Lyst, consulté par 200 millions d’acheteurs annuels, publie chaque trimestre un classement des marques et des produits les plus en vogue, basé sur le comportement des acheteurs sur sa plateforme, les consultations de produits et les ventes. Pour suivre l'évolution des marques et des produits, la formule du classement Lyst intègre également les mentions, l'activité et les statistiques d'engagement des médias sociaux dans le monde entier, sur une période de trois mois.
Le climat géopolitique plombe la demande
Que s’est-il passé cet été pour que l’automne révèle un recul dramatique des groupes vedettes de l’industrie ? « La saison des défilés de septembre, qui est habituellement un moment d'inspiration maximale pour les acheteurs de mode de luxe, n'a pas réussi à galvaniser la demande des clients confrontés à la flambée des prix, à l'instabilité économique mondiale et à un climat géopolitique de plus en plus sombre », souligne la plateforme. Non que les passionnés de mode ne fassent plus de shopping, mais ils n’achètent plus par compulsion. Ils veulent découvrir ou redécouvrir les marques qui font sens et qui valent la peine qu’on y investisse. C’est donc un classement drôlement chamboulé qu’on découvre avant le dernier trimestre, trimestre-roi où les fêtes de fin d’année provoquent une surenchère dans cet univers où il est essentiel de se positionner en tête du peloton pour rebondir avant les derniers bilans.
Pourquoi Miu-Miu et Loewe tirent leur épingle du jeu
Selon Lyst, « quatre nouveaux venus font leur entrée dans ce classement, provoquant des ondes de choc dans le tableau ». Il s’agit de marques contemporaines haut de gamme dont les ventes ont augmenté de 109 %.
Au coude-à-coude avec Loewe trois mois plus tôt, Miu-Miu reprend la première place ce trimestre, dépassant Loewe en tant que marque la plus populaire. Miuccia Prada, la fondatrice de Miu-Miu, a ainsi perçu avec pertinence la mouvance « Alt-Girl ». À ne pas confondre avec celle de la « It-Gril », l’esthétique « Alt-Girl » n’est pas uniquement une question d’apparence. Il s’agit de femmes de tous âges qui écoutent de la musique alternative, non conventionnelle et créent leur propre style avec un mélange de vêtements de récupération, d’emprunt et de marques. Elles n’ont aucune contrainte dans leur façon de se maquiller ou de se teindre les cheveux et recherchent en gros une attitude ludique et une manière d’être différente. Aussi leurs centres d’intérêt diffèrent-ils et une Alt-Girl ne s’habille surtout pas comme une autre Alt-Girl. La tendance Alt-Girl de Miu-Miu continuant de s'accentuer, les recherches comprenant le mot-clé de la marque ont encore bondi de 30 % d'un trimestre à l'autre, indique Lyst. Filles et garçons fans de Miu-Miu rêvent de posséder le sac Arcadie, d'une valeur de 3 050 dollars, quatrième produit le plus recherché ce trimestre et sans doute, avec ses grandes anses et son format raisonnable, sans autre fioriture qu’un empiècement en cuir ton sur ton embossé du logo Miu-Miu, l’un des plus faciles à porter en toute circonstance.
Avec des ballerines en résille, Alaïa fait le grand saut
La surprise de ce trimestre est l'impressionnante ascension d'Alaïa, qui a gagné 12 places, devenant la cinquième marque de mode la plus populaire au monde. Aux commandes depuis 2021, le directeur de la création Pieter Mulier a redynamisé la marque tout en respectant son héritage. Le désir pour Alaïa s'intensifie : la demande a augmenté de 51 % au troisième trimestre 2024, les clients réagissant à la sensualité et au savoir-faire méticuleux des collections de Mulier. Les produits phares d’Alaïa conservent leur cachet, avec toute une gamme de chaussures plates apparues pour la première fois il y a un an dans le classement des produits les plus désirés avec des ballerines en résille caracolant en tête. Les sacs Teckel et Le Cœur continuent également à susciter une demande importante dans le monde entier. Forte du succès de son défilé de septembre au Guggenheim de New York, la marque Alaïa affiche une augmentation de recherches de produits de 51 %.
Des JO payants pour Ralph Lauren
Entré dans l'indice Lyst en 14e position, Ralph Lauren a vu l'intérêt pour ses produits grimper de 151 % au cours de ce troisième trimestre. Très médiatisée aux Jeux olympiques et à Wimbledon, la marque s’est emparée de la tendance mondiale pour les vêtements de sport de prestige. Parmi les autres nouveaux venus, la marque suédoise contemporaine Toteme, qui occupe la 16e place dix ans après sa création par Elin Kling et son mari Karl Lindman. Victoria Beckham occupe la 19e place grâce à ses trenchs et robes qui tirent les ventes vers le haut. Sous la direction créative de Chemena Kamali, le renouveau bobo de Chloé gagne du terrain et stimule les recherches inspirées par la marque. Chloé entre pour la première fois dans l'index Lyst, en 20e position.
Le rétro épuré, grande tendance de l’année
Le sneaker de l'été est le Speedcat à 100 dollars de Puma, troisième produit le plus en vogue du moment, vu sur Dua Lipa, Emily Ratajkowski et Troye Sivan, avec une demande qui a grimpé de 532 % en août, surfant sur la tendance rétro épuré. Compter aussi parmi les coups de cœur de la génération Z, jeunes adultes, nés après 1995, bien rémunérés et sans responsabilités familiales : les bottes de motard de Ganni et les chaussures Wallabee de Clarks.
Rendez-vous au dernier trimestre 2024 pour voir quelles seront les marques vedettes qui auront le privilège de clôturer une année bien turbulente.
Mme Afifé excelle tout aussi bien dans le domaine de la haute couture . Félicitations
13 h 40, le 29 octobre 2024