
L'armée libanaise évacue l'hôtel Hamra Star, où se trouvent des déplacés. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Un ordre d'évacuation, que tentaient de faire appliquer l'armée et les forces de sécurité, d'un bâtiment servant d'abri à des déplacés du Liban-Sud, a provoqué des tensions lundi après-midi à Hamra, et n'a finalement été que partiellement mis en œuvre, un accord ayant été trouvé avec les forces de l'ordre. Des centaines de personnes vivant dans un immeuble du quartier de Hamra, à Beyrouth, devaient être expulsées par les forces de l'ordre dans la journée. Mais après un sit-in mené par un groupe de manifestants et des personnes déplacées qui ont brûlé une poubelle et coupé la route afin d'essayer d'empêcher les derniers déplacés d'être évacués, un accord a été trouvé. Les femmes et enfants du groupe ont été autorisés à rester dans ce bâtiment, un ancien hôtel abandonné depuis dix ans.
Sur place, les forces de l'ordre ont refusé de donner plus de détails sur la plainte déposée contre les déplacés, et qui a conduit à leur évacuation, mais ont expliqué que les personnes évacuées allaient être transférées dans un autre centre d'accueil du quartier de Tarik Jdidé. Depuis le début de l'offensive terrestre israélienne le 23 septembre, après près d’un an de guerre d’attrition à la frontière sud avec le Hezbollah, plus d'un million d'habitants, essentiellement dans le sud du pays, dans la Békaa, et la banlieue sud de Beyrouth ont été déplacés.
Dans un communiqué publié dans l'après-midi, les Forces de sécurité intérieure ont affirmé que « le procureur général a accordé (aux déplacés) 48 heures supplémentaires pour l'évacuation du bâtiment ».
Plainte
Des déplacés devant l'hôtel Hamra Star. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Plus tôt, des échauffourées ont opposé les déplacés et les manifestants aux forces de l'ordre, notamment l'armée libanaise, dans les environs du bâtiment. « Voilà l'ennemi contre lequel vous combattez ! », s'emportait, parmi la foule, une femme portant sa fille, atteinte d'un cancer, devant des militaires. C'est au lendemain de l'assassinat de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, tué le 27 septembre que Nada, originaire de Houla dans le sud du pays, a trouvé refuge au Hamra Star. « L'endroit était abandonné depuis 10 ans, et était dans un état lamentable. Nous avons réparé et nettoyé les toilettes, installé l'électricité », raconte-t-elle. Selon des déplacés sur place, l'une des propriétaires avait effectivement accepté de leur ouvrir les lieux à condition de nettoyer et d'entretenir le bâtiment. Deux jours plus tard, la propriétaire aurait changé d'avis et a porté plainte il y a quelques jours. L'identité des différents propriétaires du bâtiment n'étant pas connue, il n'a pas été possible de leur demander leur version des faits.
« Pas d'autres choix »
Nada, dont la mère âgée ne pouvait pas descendre seule et a été portée par des soldats à l'extérieur, se dit dégoûtée de tous les politiciens qui les forcent à voter pour eux et aujourd'hui les abandonnent à la rue, en pleine guerre. Non loin d'elle, Oum Fadi, originaire de Aïn Qana, attend devant l'immeuble pour tenter d'aller y récupérer des affaires. « Je n'ai pas d'autres choix que de m'installer ici, mais ils nous ont expulsés par la force », regrette-t-elle.
Selon Oum Fadi, plusieurs déplacés ont été emmenés à l'hôpital après avoir été frappés par les forces de l'ordre. Et alors que les tensions continuent d'enfler, un jeune a été emmené en ambulance après avoir fait ce qui semble être une crise d'épilepsie. Par moments, au milieu des slogans invectivant l'armée et les forces de sécurité, des cris d'allégeance au Hezbollah et à son ancien chef ont fusé.
C’est sur, ce sont les policiers et l’armée qui sont responsables de vos malheurs. Le nombre de personnes atteintes par le Syndrome de Stockholm dans ce pays est inimaginable.
08 h 41, le 22 octobre 2024