Une colonne de fumée après une frappe israélienne sur la banlieue-sud de Beyrouth, le 20 octobre 2024. Photo Matthieu Karam/L'Orient-Le Jour
Depuis dimanche soir, et la vague de frappes sur des agences d'al-Qard al-Hassan, organisme financier lié au Hezbollah, deux images font le tour des réseaux sociaux. La première montre un avion de la compagnie aérienne nationale libanaise Middle East Airlines atterrissant devant une boule de flammes après une frappe israélienne. La seconde montre un raid qui aurait eu lieu à Ghobeiri, dans la banlieue-sud de Beyrouth.
Publiées et partagées des centaines de fois, elles sont toutefois à prendre avec précaution.
Selon le logiciel « Is it AI », la probabilité que l'image de l'avion atterrissant au milieu des flammes à l'AIB soit un faux est de près de 90 %. Depuis hier soir, plusieurs internautes ont d'ailleurs supprimé l'image. Le photographe libanais Rami Rizk a publié sur le réseau X une analyse rapide des différents éléments de cette image montrant qu'elle a été générée par l'intelligence artificielle, notamment en raison d'une zone floutée sur la carlingue de l'avion et des lumières au sol sur le tarmac, qui ne correspondent pas à la réalité.
Si elle a bien été créée par l'IA, cette image raconte cependant une réalité vécue au Liban depuis près d'un mois : les avions de la MEA continuent d'atterrir à l'aéroport de Beyrouth malgré les frappes, parfois massives et nombreuses, sur la banlieue-sud. Dans la nuit de dimanche, l’armée israélienne a mené une série de frappes aériennes à travers le Liban, contre des agences de l'organisation al-Qard al-Hassan, affiliée au Hezbollah. Au moins douze attaques israéliennes ont pris pour cible des filiales d'al-Qard al-Hassan dans la banlieue-sud de Beyrouth, notamment dans les quartiers de Haret Hreik, Tahouitat el-Ghadir, Hay el-Sellom, Ghobeiri, Bourj Brajné et Mreijé, ainsi qu'au sud de la capitale, à Choueifate. Au moins deux d'entre elles ont ciblé des terrains à proximité de l'AIB, selon des photos de notre journaliste Matthieu Karam. Cependant, le trafic aérien est resté normal. Dans la soirée, des rumeurs ont été démenties par une source de l’AIB, concernant l’incapacité d’un avion civil d'atterrir.
La deuxième image qui a été largement diffusée dimanche soir est présentée comme celle d’une frappe qui aurait été menée sur le secteur Ghobeiri, dans la banlieue-sud de Beyrouth. On y voit une boule de feu s'élever au-dessus d'un pâté d'immeubles. Si le quartier a bien été touché, l’image en question ne montre pas Beyrouth et sa banlieue. Selon la plateforme Sawab de fact checking, la photo date du 25 mars 2019, et a été publiée par l'agence Reuters après un bombardement israélien sur la bande de Gaza.
Cette photo a notamment été utilisée par le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, dans un message sur X dans lequel il a menacé le Hezbollah. « Beyrouth en flammes », a écrit le ministre israélien, affirmant que le parti chiite « continuera à payer le prix fort jusqu'à ce qu'il s'effondre.
