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Idées - Guerre au Liban

Les États-Unis ne sont-ils pas lassés d’être ignorés par Israël ?

Les États-Unis ne sont-ils pas lassés d’être ignorés par Israël ?

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (en arrière) salue le président américain Joe Biden à son arrivée à l’aéroport international Ben Gourion, le 18 octobre 2023. Brendan Smialowski/Archives AFP


Alors que le Liban tentait encore de se remettre de ce que la presse a appelé « l’attaque des bipeurs » des 17 et 18 septembre derniers – que l’ancien directeur de la CIA Leon Panetta a qualifiée de « forme de terrorisme » –, Israël a lancé une nouvelle vague de bombardements – du sud du pays jusqu’à Beyrouth, la vallée de la Békaa et même plus au nord–, puis une offensive terrestre encore en cours sur le territoire libanais. Ces attaques ont provoqué des destructions massives et de terribles pertes civiles, alourdissant ultérieurement un bilan qui s’élève à plus de 2 100 morts et plus de 10 000 blessés après un an de conflit, tandis que la communauté internationale demeure spectatrice, incapable d’agir pour mettre fin à cette escalade.

Ces actions constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et piétinent les traités de Genève visant à protéger les populations civiles. Malgré les appels répétés à modérer les actions israéliennes, notamment après les horreurs perpétrées à Gaza, le silence du monde révèle une politique de « deux poids, deux mesures » dans la gestion des crises humanitaires. D’un côté, des centaines de milliers de vies sont anéanties dans une indifférence quasi totale, tandis que des situations similaires en Israël suscitent des réactions immédiates et vigoureuses de la part des pays occidentaux.

Les États-Unis ont souvent exprimé leur volonté de stabiliser le Moyen-Orient. Leurs objectifs déclarés sont : un cessez-le-feu à Gaza, une désescalade à la frontière libano-israélienne et, à long terme, la paix via une solution à deux États. Cependant, M. Netanyahu a jusqu’à présent balayé les efforts internationaux – y compris une proposition de cessez-le-feu temporaire soutenue par les États-Unis, la France, l’Union européenne et plusieurs États lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies.

Ces attaques militaires ont provoqué le déplacement de 1,2 million de Libanais, créant une crise humanitaire sans précédent qui vient s’ajouter à l’effondrement économique et financier du pays. Les dommages économiques sont immenses et difficilement quantifiables tant que la violence persiste. Le mépris d’Israël pour le droit international est encore plus flagrant lorsqu’il empêche les équipes de secours de venir en aide aux survivants pris sous les décombres, un écho sinistre des atrocités perpétrées à Gaza. Où est donc cette « communauté internationale civilisée » lorsqu’il s’agit de condamner ces crimes ?

« Bouclier politique »

Cela pose une question cruciale : les États-Unis sont-ils vraiment prêts à exercer la pression nécessaire sur leur principal allié ? Sont-ils véritablement sérieux dans leurs déclarations publiques ? Pourquoi ne prennent-ils pas des mesures plus fermes ? Au contraire, ils continuent d’envoyer leur flotte dans la région plutôt que d’exiger une désescalade.

On entend sans cesse les responsables américains (comme d’autres nations occidentales) justifier les actions d’Israël sous le prétexte de la « légitime défense ». Mais sous ce couvert, Israël se permet de dévaster des communautés entières, en toute connaissance des conséquences. Avec l’approbation tacite de Washington, le terme « dommages collatéraux » est devenu un euphémisme cynique pour désigner des massacres.

L’argument selon lequel les pertes civiles seraient dues à l’utilisation de « boucliers humains » n’est étayé par aucune preuve solide. Pourtant, en répétant en boucle ce narratif, les responsables américains fournissent à Israël un véritable « bouclier politique », l’exonérant de toute responsabilité et l’encourageant à poursuivre ses exactions. Combien d’enfants devront encore périr avant que ces justifications creuses ne soient enfin abandonnées ?

Cette administration se montre étonnamment docile et permissive et les présidents américains précédents n’étaient pas aussi tolérant lors d’escalades similaires. En 1982, un simple coup de fil entre le président Reagan et le Premier ministre israélien de l’époque, Menahem Begin, avait suffi à interrompre un bombardement israélien à Beyrouth en quelques minutes. Comparer cette fermeté passée avec la situation actuelle est édifiant.

Les bombardements quotidiens au Liban et à Gaza se poursuivent, malgré des heures de négociations et des déplacements incessants de diplomates américains. Est-ce ce que les contribuables américains sont prêts à tolérer, eux qui financent en grande partie cette violence ? Sommes-nous témoins de l’érosion de la crédibilité américaine sur la scène mondiale ?

Imposer un cessez-le-feu

Ayant vécu longtemps aux États-Unis, je sais à quel point les Américains valorisent la compassion et la force chez leurs dirigeants. Or céder aux caprices d’un cabinet israélien parmi les plus extrémistes de l’histoire ne reflète ni l’une ni l’autre de ces valeurs. Cela met en péril l’influence des États-Unis et leur crédibilité internationale.

L’échec diplomatique américain affectera aussi ses alliés et ternira davantage l’image de l’Amérique, sapant son rôle autoproclamé de défenseur des droits humains. Même politiquement, ces positions sont indéfendables et risquent de coûter aux démocrates la prochaine élection, alors que l’opinion publique évolue, en particulier parmi les jeunes Américains, indignés par les atrocités en cours.

Mettre fin à ce bain de sang et protéger les droits humains est une obligation morale, bien au-delà de la légalité. Cela est crucial, non seulement pour ceux qui souffrent aujourd’hui, mais pour la stabilité future de la région. Israël, en utilisant des armes de haute technologie pour dévaster des quartiers entiers, menace l’essence même de l’humanité que ces technologies étaient censées protéger.

Les États-Unis doivent user de leur influence pour imposer un cessez-le-feu, mettre un terme à ces hostilités et prévenir de nouvelles tragédies. Peu importe le nombre de traités internationaux violés ou l’ampleur des destructions infligées, cela n’effacera jamais le droit inaliénable d’un peuple à vivre dans la dignité. L’heure est venue d’agir fermement et de trouver une solution équitable et durable. L’histoire ne pardonnera pas ceux qui sont restés silencieux alors que l’humanité souffrait sous leurs yeux.

Vice-président sortant du Conseil des ministres

Alors que le Liban tentait encore de se remettre de ce que la presse a appelé « l’attaque des bipeurs » des 17 et 18 septembre derniers – que l’ancien directeur de la CIA Leon Panetta a qualifiée de « forme de terrorisme » –, Israël a lancé une nouvelle vague de bombardements – du sud du pays jusqu’à Beyrouth, la vallée de la Békaa et même plus au...
commentaires (3)

Il est faux de penser qu'Israël ignore les USA. Ils ont une même politique qu'Israël execute ä la lettre.

marwan el khoury

20 h 22, le 13 octobre 2024

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Commentaires (3)

  • Il est faux de penser qu'Israël ignore les USA. Ils ont une même politique qu'Israël execute ä la lettre.

    marwan el khoury

    20 h 22, le 13 octobre 2024

  • Eleni, les sionistes dominent dans un domaine le prix Nobel : Ratio nombre de personnes divisé par le nombre de prix est intéressant. Les gouvernements démocrates depuis Obama ont rendu faible les USA

    Dorfler lazare

    13 h 05, le 13 octobre 2024

  • Les États Unis sont gouvernés par les sionistes ils ne peuvent rien faire elle est finie cette grande puissance

    Eleni Caridopoulou

    11 h 51, le 12 octobre 2024

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