Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

La riposte iranienne : des messages à quatre destinataires, dont le public du Hezbollah

Depuis vendredi dernier, le Liban a vécu dans l’attente de la riposte iranienne. Ensuite, depuis mardi, il vit dans l’attente de la riposte israélienne à celle de l’Iran. Le pays est prisonnier d’un engrenage de plus en plus complexe et dangereux, alors que l’étendue et la nature des attaques israéliennes contre lui ne cessent de gagner en ampleur. Dans ce climat d’angoisse, l’évaluation de la riposte iranienne aux assassinats du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud et à celui du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, à Téhéran, est sujette à diverses interprétations. Selon les proches de l’Iran, la riposte de Téhéran était très bien étudiée pour adresser des messages précis aux différentes parties impliquées dans ce conflit.

Le premier message, selon ces proches, est en direction des Israéliens. Il s’agit de leur dire clairement que la République islamique peut bien leur faire mal quand elle le décide. Cette fois, elle s’est contentée de cibler des bases militaires, mais elle peut, selon ces sources, mettre Israël à feu et à sang si elle le souhaite. Israël ne peut donc pas continuer à multiplier les provocations indéfiniment, l’Iran étant décidé à lui répondre, quitte à déclencher une guerre régionale.

Le deuxième message est adressé aux Américains, « protecteurs » des Israéliens et qui, selon de nombreux analystes iraniens et arabes, ont dû donner directement ou non leur feu vert aux deux assassinats. En lançant près de 200 missiles dans plusieurs endroits en Israël et sur des lieux militairement stratégiques, tout en prenant soin d’alerter certaines parties proches des Américains et des Israéliens, pour qu’elles puissent relayer l’information et bien sûr en cherchant à ne pas faire de victimes civiles, les Iraniens ont donc montré aux Américains qu’ils continuent de respecter un certain plafond. Il s’agit pour eux de dire aux Américains qu’ils continuent à ne pas vouloir d’une guerre régionale, mais que s’ils y sont contraints, ils n’hésiteront pas à la mener, quel qu’en soit le prix. Il n’est donc plus question pour eux de privilégier l’apaisement pour éviter le déclenchement d’un conflit régional. Si les Israéliens touchent à certaines institutions stratégiques, ils riposteront avec force. Le but de l’opération de mardi soir était donc de montrer qu’ils en ont les moyens et qu’ils y sont déterminés.C’est d’autant plus vrai pour les Iraniens qu’ils considèrent qu’en assassinant Nasrallah, une figure essentielle de l’axe iranien, les Israéliens ont porté atteinte au régime de Téhéran dans son ensemble et dans son essence. Pour cette raison, celui-ci ne peut que répondre avec force pour protéger son existence. Aux yeux des Iraniens, il ne s’agit donc plus d’une attaque limitée que l’on peut absorber, mais de l’éventuel début d’une guerre totale. D’ailleurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cesse de répéter ces derniers temps qu’il mène actuellement une guerre de survie pour l’existence même d’Israël. En s’inspirant de la Torah, il donne à la guerre qu’il mène une dimension religieuse, et cela passe par Gaza, la Cisjordanie, le Liban, le Yémen et même l’Iran. Celui-ci estime ainsi qu’il a fait preuve d’une grande patience au cours des onze précédents mois. Mais désormais, il se sent directement visé et est prêt à se défendre quel qu’en soit le prix. C’est donc aux États-Unis de chercher à limiter ce que les Iraniens appellent « la folie israélienne ».

Le troisième message est évidemment adressé à « l’axe de la résistance », au Hezbollah et à sa base populaire en particulier. En effet, à peine la nouvelle de l’assassinat de Nasrallah annoncée, l’idée que les Iraniens l’ont lâché a commencé à circuler et à se répandre rapidement au sein de la base populaire du parti et dans les médias. Au cours du week-end dernier, la question qui revenait ainsi le plus souvent dans les entretiens télévisés et dans les analyses était donc la suivante : comment expliquer que le commandement iranien ait lâché Nasrallah et pour quels avantages promis ? Chacun y allait de sa théorie, et il devenait quasiment impossible de convaincre les gens que les Iraniens peuvent difficilement lâcher le Hezbollah après avoir fait un si long et coûteux investissement sur cette structure. Ce serait un peu comme si la République islamique décidait de renoncer à toute sa politique étrangère depuis sa naissance en 1979. La riposte de mardi soir et les vidéos impressionnantes d’un ciel israélien illuminé par les missiles iraniens qui ont circulé étaient donc destinées à rassurer ceux qui, au sein du Hezbollah et de son environnement populaire, commençaient à avoir des doutes sur l’engagement iranien auprès de « l’axe de la résistance ». D’ailleurs, les sources considèrent que ce message a eu son effet, puisque l’idée du lâchage iranien n’est plus utilisée que par les adversaires du Hezb, dont les membres considèrent que cette idée avait été lancée pour semer le doute dans leurs esprits.

Enfin, le dernier message de la frappe iranienne est adressé à l’intérieur iranien. Il s’agit de montrer, malgré les campagnes de doute et les informations répétées sur des infiltrations au sein du régime iranien, ainsi que sur des troubles qui commenceraient à être préparés pour le renverser ou au moins l’affaiblir encore plus, que celui-ci reste solide et détient toujours l’initiative. Il veut aussi adresser un avertissement aux « fauteurs de troubles » éventuels qu’il est encore en pleine possession de ses moyens et que la stratégie qu’il a adoptée ne peut pas être ébranlée, malgré les campagnes organisées par ses ennemis pour les faire douter de la solidité du régime.

Ce sont donc, selon les proches de l’Iran, les messages qu’a voulu envoyer la République islamique à travers sa riposte de mardi. S’il n’est pas certain qu’ils aient eu l’effet escompté, il semble que, pour la première fois depuis onze mois, la guerre régionale n’est plus un scénario improbable.

Depuis vendredi dernier, le Liban a vécu dans l’attente de la riposte iranienne. Ensuite, depuis mardi, il vit dans l’attente de la riposte israélienne à celle de l’Iran. Le pays est prisonnier d’un engrenage de plus en plus complexe et dangereux, alors que l’étendue et la nature des attaques israéliennes contre lui ne cessent de gagner en ampleur. Dans ce climat d’angoisse,...
commentaires (6)

Est ce que j’ai le droit d’écrire que Scarlet Haddad ne fait qu’exprimer sa propre opinion à travers ses décryptages mais veut nous convaincre qu’elle possède la totale vérité grâce à ses multiples sources intarissables.

Lecteur excédé par la censure

19 h 08, le 04 octobre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Est ce que j’ai le droit d’écrire que Scarlet Haddad ne fait qu’exprimer sa propre opinion à travers ses décryptages mais veut nous convaincre qu’elle possède la totale vérité grâce à ses multiples sources intarissables.

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 08, le 04 octobre 2024

  • Est-ce que j’ai le droit de dire Scarlett Haddad est ma préférée avec mes respects à toute l’équipe de l’OLJ ?

    Hitti arlette

    12 h 30, le 04 octobre 2024

  • Guerre, toujours la guerre. Toujours des morts, des blessés et des destructions. Jamais d’articles pour une paix définitive et durable dans le respect des droits de tous les peuples. Demandez aux civils déplacés, hors caméras et sous anonymat, qu’est ce qu’ils pensent réellement de cette folie meurtrière déclenchée par l’attaque du 7 octobre

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 21, le 04 octobre 2024

  • L’Iran peut garder ses messages pour lui. Il combat avec du sang palestinien, libanais, yemenite et iraquien…mais plus syrien ! Son feu d’artifice n’est pas convaincant. Ses messages c’est sous la table qu’il les livre. Copain copain avec le grand satan, le reste c’est du folklore.

    Goraieb Nada

    08 h 55, le 04 octobre 2024

  • Excellent article , clair et précis L’Iran est encore présent et ne lâchera pas Si les us aiment tant leur ´bébé ´ qu’ils les prennent chez eux

    TAMIN FAROUCK

    08 h 24, le 04 octobre 2024

  • La guerre régionale a déjà commencé timidement. Israël ne s arrêtera pas là. Satanyahou veut déclencher l apocalypse en vue de.... Et les américains sont à sa botte sans oublier les européens

    KERBAJE Eli

    07 h 52, le 04 octobre 2024

Retour en haut