Après de longues heures d’attente lors desquelles le Liban tout entier retenait son souffle, l’annonce, samedi, de l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de la violente frappe israélienne qui a secoué vendredi la banlieue sud de Beyrouth, a suscité de nombreuses réactions dans les milieux politiques. L’écrasante majorité des protagonistes locaux, des alliés les plus constants du parti de Dieu jusqu’à ses adversaires (en dépit du silence notoire de l’opposition chrétienne), a rendu hommage à Nasrallah, « un chef exceptionnel » en dépit de toutes les divergences politiques. Ils ont dans le même temps appelé à l’unité entre Libanais en ces moments difficiles.
– Nagib Mikati : du côté du Liban officiel, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a rendu hommage au dignitaire chiite au début du Conseil des ministres tenu samedi soir au Sérail. Il a donc inauguré la séance par une minute de silence. Il a par la suite décrété lundi, mardi et mercredi trois jours de deuil officiel.
– Nabih Berry : le président de la Chambre, allié le plus constant du Hezbollah et son partenaire dans le cadre du tandem chiite Amal-Hezbollah, s’est adressé au dignitaire chiite qui lui avait « manqué » en ces termes : « C’est la première fois que vous ne tenez pas votre promesse et vous partez sans prévenir. » « Les mots m’échappent. Votre mort m’a ébranlé », a encore dit le chef du législatif qui a entretenu une relation qui a duré 33 ans avec Nasrallah, une figure qu’il estime être « irremplaçable ».
– Michel Aoun : l’ex-président de la République, qui avait signé avec Nasrallah l’entente de Mar Mikhaël liant le Hezbollah au CPL depuis 2006, a salué la mémoire de son « ami » qui avait, rappelons-le, mené une bataille politique pour le hisser à la présidence de la République en 2016. « Avec l’assassinat de Hassan Nasrallah, le Liban perd un leader sincère et exceptionnel qui a mené la résistance sur la voie de la libération et de la victoire », a écrit M. Aoun sur son compte X, soulignant avoir « perdu un ami personnel », avec qui il a « œuvré pour l’intérêt du Liban ». L’ex-chef d’État a par ailleurs appelé à « la solidarité nationale face aux « dangers qu’encourt le Liban suite à l’agression israélienne », dans une référence à l’escalade observée depuis une dizaine de jours entre l’État hébreu et le Hezbollah.
– Gebran Bassil : à son tour, le chef du CPL, Gebran Bassil, a fait ses adieux à Hassan Nasrallah, en dépit des profonds désaccords qui secouent actuellement les relations entre le courant aouniste et le Hezbollah, tant à cause de la présidentielle que de l’implication de la milice chiite dans la guerre en cours depuis octobre dernier. « C’est une grosse perte. Mais la tristesse que nous ressentons est encore plus grande », a-t-il dit au début d’un point de presse tenu samedi, présentant ses condoléances « à tous les Libanais ».
– Saad Hariri : le leader du courant du Futur a, lui aussi, salué dans un communiqué la mémoire de Hassan Nasrallah. Le parti chiite est pourtant accusé d’avoir assassiné Rafic Hariri, père de Saad et ancien chef de gouvernement, dans un attentat à la voiture piégée le 14 février 2005. « Nous avions souvent eu d’importants désaccords avec Nasrallah et son parti, et nous avons parfois convergé avec lui » sur la scène locale , a dit M. Hariri. L’ex-Premier ministre a stigmatisé « l’acte lâche » qu’est le meurtre de Nasrallah, affirmant que cet assassinat a entraîné le Liban et la région dans une nouvelle phase de violence. M. Hariri a donc incité les Libanais à « faire preuve de solidarité et d’unité ».
– Walid Joumblatt : le leader druze, ancien chef du Parti socialiste progressiste, a commenté sur X le meurtre du secrétaire général du Hezbollah. « Hassan Nasrallah et ses camarades ont rejoint la longue caravane des martyrs sur la route de la Palestine. J’adresse mes condoléances au Hezbollah et je rends hommage à la vie des civils innocents », a-t-il écrit sur X, accompagnant son message d’une photo de la mosquée du dôme du Rocher, à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam.
– Sleiman Frangié : le chef des Marada et candidat du tandem chiite Amal-Hezbollah à la présidence de la République, Sleiman Frangié, s’est, pour sa part, contenté d’un sobre message sur son compte X : « Le symbole n’est plus, la légende est née et la résistance continue. »
Les puissances mondiales ont également réagi (tardivement) à cet assassinat, qui a fait un nombre important de victimes civiles et redistribué les cartes dans la région.
– Les États-Unis : le président américain, Joe Biden, a déclaré dans un communiqué que « Hassan Nasrallah et le groupe terroriste qu’il dirigeait, le Hezbollah, ont tué des centaines d’Américains au cours d’un règne de terreur de quatre décennies. Sa mort à la suite d’une frappe aérienne israélienne est une mesure de justice pour ses nombreuses victimes, dont des milliers de civils américains, israéliens et libanais ». « Les États-Unis soutiennent pleinement le droit d’Israël à se défendre contre le Hezbollah, le Hamas, les houthis et tout autre groupe terroriste soutenu par l’Iran », poursuit-il, ajoutant que l’objectif des États-Unis est de « désamorcer les conflits en cours à Gaza et au Liban par des moyens diplomatiques ».
– La France : à Paris, le Quai d’Orsay a aussi réagi dans un communiqué aux derniers développements au Liban. « Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est en lien avec les autorités du Liban et les partenaires de la France dans la région pour prévenir toute déstabilisation et tout embrasement. Des messages sont passés à toutes les parties », peut-on lire dans le texte. « La sécurité et la protection des civils doivent être garanties, comme celles des Français dans la région qui sont aussi notre priorité », conclut le ministère. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, était censé se rendre à Beyrouth en fin de semaine, mais sa visite a été annulée, selon nos informations. Il s’est toutefois entretenu au téléphone samedi avec Nagib Mikati.
– Guterres : quant au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il s’est dit « gravement préoccupé par l’escalade dramatique des événements à Beyrouth au cours des dernières 24 heures», a indiqué samedi son porte-parole Stéphane Dujarric, cité par notre correspondante à New York, Sylviane Zehil. « Ce cycle de violence doit cesser maintenant et toutes les parties doivent s’éloigner du bord du gouffre. Le peuple du Liban, le peuple d’Israël ainsi que l’ensemble de la région ne peuvent se permettre une guerre totale », a déclaré le porte-parole, affirmant que le haut responsable onusien « exhorte les parties à s’engager de nouveau à mettre en œuvre pleinement la résolution 1701 (qui avait mis fin à la guerre de 2006) du Conseil de sécurité et à revenir immédiatement à une cessation des hostilités.
– Allemagne : citée par plusieurs médias, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a qualifié d’« extrêmement dangereuse » la situation au Liban, mettant en garde contre le risque de voir la région « entraînée dans une spirale de violence ».
– Russie : le ministère russe des Affaires étrangères a ainsi « condamné fermement » dans un communiqué publié samedi « le nouveau crime politique perpétré par Israël contre le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah ». « Cela aura des conséquences sur le Liban et le Moyen-Orient dans son ensemble. Israël en était conscient, mais a quand même commis ce crime », a ajouté le ministère, faisant assumer à Tel-Aviv « l’entière responsabilité » des conséquences « dramatiques » que l’assassinat du chef du Hezbollah pourrait entraîner dans la région. « Nous demandons instamment à Israël de cesser immédiatement les hostilités » pour « mettre fin à l’effusion de sang », a affirmé la diplomatie russe.
voila comment ils sont arrives a l'argent et au pouvoir...voila qui nous gouverne...si la milice tombe, la mafia tombera ineluctablement...
08 h 49, le 30 septembre 2024