
Le secrétaire général du Baas, Ali Hijazi (à dr.), lors de l'inauguration d'un bureau de son parti à Ersal, dans la Békaa, en 2023. Photo tirée du compte X de l'intéressé.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, Israël a bombardé le poste de garde et la maison du secrétaire général de la branche libanaise du Baas (parti du pouvoir en Syrie), Ali Hijazi, dans le quartier de Mhatta, à l'entrée de la ville de Baalbeck. L'un des gardiens des lieux a été tué et deux autres blessés. Un peu plus tard, le poste-frontière de Matraba, proche de la ville syrienne de Homs, inauguré en 2022, a été ciblé par les raids israéliens. Sept personnes ont été blessées, et un membre du Baas, Hassan Sahmarani, a été tué sur le coup. Proche ami du président syrien, Bachar el-Assad, Ali Hijazi est considéré comme « le nouveau visage » du Baas au Liban. La frappe contre son domicile par l’État hébreu et le ciblage d’un des membres du parti qui se rendait en Syrie sont-ils de simples coïncidences ou plutôt un avertissement envoyé au régime syrien ?
Depuis le début de la guerre à Gaza et l'ouverture des « fronts de soutien » au Hamas – au Liban, en Irak, au Yémen – Damas semble absent du paysage, et observe une discrétion notoire. Vraisemblablement, le régime syrien préfère faire profil bas. « Dès octobre 2023, Israël a signifié au régime syrien qu’il serait éliminé s'il bougeait le petit doigt », indique à L’Orient-Le Jour Fabrice Balanche, un expert de la Syrie.
Mais récemment, le mercure a légèrement grimpé à la frontière entre la Syrie et Israël. Dans son édition du 24 septembre, le quotidien israélien Haaretz, qui cite des officiers de l’armée israélienne restés anonymes, évoque la mobilisation de près de « 40 000 combattants et mercenaires venus en Syrie, depuis l’Irak et le Yémen, pour se joindre à des combattants syriens ». Ils se trouveraient actuellement sur les hauteurs du Golan et attendraient le feu vert du patron du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour se joindre aux combats, ajoute l’article. « Des soldats syriens, il n’en est pas question. Mais des miliciens chiites irakiens, c’est très possible. Ils sont arrivés par milliers à Damas », relève M. Balanche.
Si le chiffre de 40 000 combattants est difficilement vérifiable ainsi que leur identité réelle, cette thèse suppose qu’un (léger) changement d’orientation a été opéré par le régime Assad. Dans ce cadre, faut-il voir dans cette double opération un avertissement ?
Officiellement, Israël a justifié la frappe au poste-frontière par le fait qu’il est utilisé comme voie de passage par le Hezbollah pour infiltrer des armes depuis la Syrie vers le Liban. Un argument auquel recourt de plus en plus l’État hébreu pour légitimer la série de raids sur un certain nombre de localités libanaises, dont la ville de Baalbeck, un fief du parti chiite.
Cette thèse, Ali Hijazi la dément formellement : « Comment croire un tel argument ? Le Hezbollah est-il à ce point naïf pour faire passer des armes par un poste-frontière officiel ? ». Selon lui, les prétextes avancés par Israël sont dénués de crédibilité. Il cite pour exemples des bombardements de certains lieux à Baalbeck notamment, que l’armée israélienne a désigné comme étant des « postes militaires » et qui se sont avérés être, « un supermarché, puis un magasin pour articles électriques ».
Le secrétaire général du parti Baas dit cependant ne pas être convaincu qu’il s’agit d’un message israélien quelconque envoyé, par l’intermédiaire de son parti, à la Syrie. « Tout ce que je peux dire, c’est que l’un des objectifs est de terroriser les gens et d'empêcher les réfugiés libanais de rejoindre la Syrie, pour remonter la base populaire contre le Hezbollah. »
Le Hezbollah « n'a pas à se concerter avec Assad »
De son côté, Fabrice Balanche estime que l'attaque contre le secrétaire général du Baas est plus motivée par le fait qu’il s’agit d’un « allié du Hezbollah, et n’a pas de lien avec la Syrie en tant que telle ». D'autant que selon Navvar Şaban, chercheur au centre Omran, basé à Istanbul, le régime syrien ne se cache pas nécessairement derrière la nouvelle dynamique près du Golan. « Peu importe ce que dit ou fait le régime. Il a perdu de son influence sur une grande partie du territoire et le Hezbollah peut agir en Syrie sans même se concerter avec lui », fait remarquer le chercheur.
Depuis des lustres, le regime du boucher de Damas s'abstient de lever le petit doigt face a la barbarie Israelienne. Son ennemi a lui c'est le peuple Syrien.
09 h 33, le 27 septembre 2024