Le ministre sortant de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, ainsi que plusieurs syndicats des filières du blé, de la nourriture, du carburant et des médicaments, ont multiplié les assurances depuis lundi sur la disponibilité des stocks, alors que les boulangeries, les supermarchés, les stations-service et les pharmacies ont été prises d’assaut depuis qu’Israël a commencé à pilonner plusieurs régions du pays.
En marge d’une réunion d’urgence consacrée au dossier, Amine Salam a assuré que le pays avait assez de stocks disponibles pour tenir et a appelé les citoyens à ne pas paniquer et à éviter de stocker plus de produits qu’ils n’en ont réellement besoin. Il a également assuré que son ministère suivait ce dossier « heure par heure ».
« Tous les syndicats sont présents aujourd'hui avec nous, et nous poursuivrons notre réunion après cette conférence afin de développer un plan préventif pour que nous n'atteignions pas un stade où il y aurait une pénurie de denrées alimentaires, de carburant et de matériaux de base dans le pays », a-t-il encore déclaré, après avoir présenté ses condoléances aux victimes des récents bombardements. Le ministère de la Santé a annoncé mardi en début d’après-midi que le bilan des frappes israéliennes intenses qui ont mis à feu et à sang le Liban-Sud et la Békaa depuis lundi a fait plus de 550 morts au moins.
Escorter les camions de carburant
Escorter les camions de carburant
Amine Salam a aussi indiqué que le ministère « s'efforce de prendre en compte » les difficultés du terrain, notant que certaines régions ont été investies par des déplacés qui ont fuit le Liban-Sud et la Békaa, et soulignant qu’il y avait une « crainte » que l’approvisionnement du Liban-Sud en carburant ne soit rendu difficile voire impossible à cause des bombardements.
Amine Salam a ajouté que des discussions avec les « Nations unies et sa forces intérimaire au Liban-Sud (FINUL), ainsi que les forces armées au Liban devaient voir lieu pour « faciliter le passage ou escorter certains camions » qui transportent de la nourriture et du carburant dans les zones à risque, compte tenu que les « bombardements aveugles d’Israël ne font pas de distinction entre les civils et le personnel militaire et visent les équipes médicales, les camions de transport et autres. » Le ministre a également fait savoir que les acteurs allaient s’organiser pour répartir l’approvisionnement des commerces en tenant compte de l’afflux de plus de 125 000 déplaces venus du Liban-Sud et de la Békaa depuis le 8 octobre 2023, date du débat des affrontements le long de la ligne bleue entre le Hezbollah et Israël. Ce nombre a augmenté d’au moins 16 000 depuis le début du pilonnage israélien lundi.
Face à cette situation, certaines initiatives se sont mises en place. Un accord a ainsi été conclu entre le gouverneur de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, et le président de l'Association des industriels de la Békaa, Nicholas Abou Fayçal, afin de fournir des produits de première nécessité aux personnes déplacées dans cette région, selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle).
Plus tôt mardi, le ministère libanais de l'Économie avait déjà cherché à rassurer, les consommateurs mardi, en soulignant que « le stock de blé disponible sur le marché local suffit pour au moins deux mois ». Le communiqué du ministère appelle les consommateurs « à ne pas se ruer sur le pain ou la farine, car l'approvisionnement en blé reste organisé pour garantir la stabilité du marché ». Le ministère de l'Économie « continuera de coordonner avec les parties concernées pour assurer la disponibilité régulière et ininterrompue de ces matières nécessaires. D’autres cargaisons (de blé) arriveront sous peu », a-t-il promis.
Le secteur privé
Le ministère de l'Industrie a, lui, annoncé dans un communiqué relayé par l’Ani qu'il facilitera toutes les formalités relatives aux certificats d'importation et d'exportation pour les industriels et autres parties prenantes, afin de garantir la stabilité de l’approvisionnement en médicaments, nourriture et produits essentiels des infrastructures, institutions et entreprises au Liban en médicaments pendant cette période de conflit.
Au niveau du secteur privé, la majorité des acteurs ont réitéré le même message.
Le président du syndicat des propriétaires de supermarchés, Nabil Fahed, et celui du syndicat des importateurs de produits alimentaires, Hani Bohsali, ont tous deux affirmé qu’il n’y avait pas de pénurie de denrées alimentaires à craindre au Liban, malgré le contexte sécuritaire. Sortant d'une réunion avec le directeur général du ministère de l'Économie Mohammad Abou Haïdar, ils ont précisé que les stocks actuels étaient suffisants pour « trois à quatre mois ». De plus, ils ont indiqué que les importations n’avaient pas été interrompues et que des navires continuaient à décharger leurs marchandises dans les ports libanais. Ils ont enfin ajouté s'attendre à ce que les prix des denrées alimentaires restent stables.
Les importateurs de carburants au Liban avaient également délivré un message similaire lundi, tandis que les stations-service et les supermarchés étaient déjà pris d'assaut par des Libanais inquiets de l’évolution des tensions entre Israël et le Hezbollah. Selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, des files d'attente interminables se sont formées devant des boulangeries de la région de Baalbeck-Hermel, pilonnée par l'aviation israélienne, les habitants ne parvenant pas à se procurer du pain dans les commerces et supermarchés, majoritairement fermés. Les restaurants, stations-service et pharmacies ont également fermé leurs portes, selon notre correspondante, qui évoque la « paralysie quasi-totale » de cette région.
Enfin le président de l’Ordre des pharmaciens Joe Salloum avait précisé lundi dans un communiqué que « les médicaments pour les maladies chroniques restent disponibles dans les usines et les dépôts des sociétés, pour une période d'environ six mois ». « Nous mettons en place un plan qui nous permettra de les faire parvenir à toutes les pharmacies et à tous les hôpitaux, même en cas de fermeture des routes », avait-il ajouté.
La journée de lundi a été la première de ce que l'armée israélienne a qualifié d'opération « Flèches du Nord », au cours de laquelle elle a pilonné le Sud et la Békaa. Une frappe ciblée a aussi touché la banlieue-sud de Beyrouth. Le Hezbollah, quant à lui, a lancé plusieurs frappes contre le nord d'Israël Des dizaines de milliers d'habitants ont quitté le Sud après la journée d'hier. De nombreux axes routiers se sont retrouvés encombrés, voire bouchés, des supermarchés et des stations d'essence ont vu de longues files d'attente se former.