Après l'explosion, dans plusieurs régions du Liban, de bipeurs du Hezbollah, dans une opération inédite imputée à Israël, les condamnations locales n'ont pas tardé à se succéder, dénonçant notamment la « criminalité » de l'Etat hébreu et appelant à la « solidarité nationale ». Au niveau international, les différents responsables ayant commenté l'attaque, principalement issus de la région, ont également proposé des aides médicales.
Le gouvernement libanais sortant, qui s'est réuni à peu près au moment de l'attaque, a dénoncé dans son communiqué final une agression « israélienne criminelle qui représente une importante violation de la sécurité et de la souveraineté libanaises ». Le Conseil des ministres a assuré avoir « entamé immédiatement des contacts avec les pays concernés et l’ONU afin de les mettre face à leurs responsabilités à l’encontre de cette criminalité qui ne connaît pas de limites ».
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, qui s'est rendu après la réunion au Sérail dans la banlieue sud de Beyrouth, fortement touchée par les explosions, afin d'y présenter ses condoléances au député du Hezbollah Ali Ammar, qui a perdu son fils dans l'attaque, a évoqué « un incident très dangereux ».
« Stopper la machine de terreur israélienne »
Le président du Parlement libanais et chef du mouvement Amal, Nabih Berry, a accusé pour sa part Israël d'avoir commis « un crime de guerre ». « Ce que Israël a fait ne relève pas seulement du massacre, mais constitue un crime de guerre manifeste. Le monde entier est appelé à agir pour stopper la machine de terreur israélienne, a-t-il déclaré. Il n'est plus acceptable pour la communauté internationale de se contenter de déclarations de condamnation et de dénonciation. »
Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé, dans un communiqué, une « escalade israélienne grave et délibérée ». Le ministère a indiqué qu’ « après concertation avec la présidence du Conseil des ministres, il a été décidé de lancer une procédure de plainte (libanaise contre Israël) au Conseil de sécurité (de l’ONU), dès que toutes les données seront connues ».
Le leader druze Walid Joumblatt a, lui, exprimé dans un appel à Nabih Berry et à Wafic Safa, haut responsable au sein du Hezbollah, sa « solidarité totale avec la résistance et les habitants du Sud, de la Békaa et de la banlieue sud de Beyrouth, après l'agression israélienne grave. Il a appelé, lors d'une conversation téléphonique avec Ali Ammar, à « la solidarité nationale face à une agression israélienne sans précédent ».
Solidarité nationale
Le secrétaire général du courant du Futur, parti sunnite dirigé par Saad Hariri, Ahmad Hariri, a dénoncé, à l'instar de M. Berry un « crime de guerre manifeste », auquel il faut répondre selon lui avec « un degré maximal d'unité, de solidarité et de cohésion entre les Libanais ». La Modération nationale, groupe parlementaire constitué d'anciens haririens, a condamné les « pratiques lâches » d'Israël, qui prouvent que l'Etat hébreu « poursuit son agression flagrante de la souveraineté du Liban » et « une tentative de déstabiliser la sécurité et la stabilité » du pays. Les députés ont appelé également à « l'unité nationale et la solidarité ».
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, ancien allié du Hezbollah avec qui les relations se sont tendues depuis l'ouverture du « front de soutien » au Liban-Sud, a affirmé que l'attaque était « une agression contre tout le Liban, et non contre un parti ou une confession en particulier ». Cet événement doit marquer, selon lui, « une occasion pour nous de nous renforcer. En ce moment où Israël nous attaque, nous devons montrer notre force par notre unité, qui seule nous protège ».
Évacuations et hôpital de campagne
Au niveau international, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert a déclaré que « les développements d'aujourd'hui marquent une escalade extrêmement inquiétante dans un contexte déjà (...) volatil ». Dans un communiqué, elle a exhorté « toutes les parties concernées à s'abstenir de toute nouvelle action (...) qui pourrait déclencher une conflagration plus large ».
Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a de son côté souligné, dans un appel avec Nagib Mikati, qu'Amman est « disponible, selon les directives du roi Abdallah, pour fournir toute l’assistance médicale nécessaire au secteur médical libanais ». Il a exhorté à une fin « urgente » de l'escalade des tensions dans la région et condamné « toute action menaçant la sécurité, la stabilité et la sécurité des Libanais ».
Le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, s'est de son côté entretenu avec son homologue libanais, Abdallah Bou Habib, et M. Mikati. Il a assuré que Le Caire est également disposé à fournir des aides médicales. M. Bou Habib et son collègue au ministère de la Santé, Firas Abiad, ont en outre reçu un appel de leurs homologues iraniens respectifs, Abbas Araghchi Mohammad Reza Zafarghandi, qui ont exprimé leur condamnation de l'attaque israélienne et mis à la disposition du Liban d'éventuelles aides sanitaires. « L'Iran est prêt à envoyer un avion pour évacuer les blessés nécessitant des interventions chirurgicales, ainsi qu'à fournir un hôpital de campagne ».
Le Hamas a, lui, condamné l' « agression sioniste » qui n'a fait aucune « distinction entre les résistants et les civils ». Le mouvement palestinien a « exprimé sa reconnaissance pour les sacrifices de nos frères au Hezbollah, et leur détermination à continuer à soutenir le peuple palestinien à Gaza ».
De condamnations en ripostes, les jours à venir s’annoncent noirs comme les ténèbres. Il serait temps d’arrêter ces massacres non justifiées voulus par deux sanguinaires qui n’ont de but que de prolonger leur règne quelqu’en soit le prix.
12 h 28, le 18 septembre 2024