« À tous les habitants et déplacés dans les tentes et les abris, le Hezbollah tire depuis votre zone. Vous devez quitter immédiatement vos maisons et vous diriger au nord du village de Khiam jusqu'à 16h. » Voilà le texte que certains habitants de Wazzani, village du caza de Hasbaya au Liban-Sud, ont vu tomber du ciel dimanche, selon plusieurs sources citées par notre correspondant Mountasser Abdallah. Il s'agit de tracts largués par l'armée israélienne, qui a par la suite décrit cette opération comme « une décision individuelle » non avalisée par le commandement militaire.
« Ne revenez pas dans la zone avant la fin de la guerre », poursuit le texte, rédigé en arabe. « Quiconque reste dans la région après l'heure indiquée sera considéré comme terroriste et éliminé. L'armée de défense israélienne fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la zone soit évacuée de ses habitants. » L'information a été confirmée à notre correspondant par le président de la municipalité de Wazzani, Ahmad Mohammad.
« Initiative indépendante »
Quelques heures plus tard, la radio de l'armée israélienne a publié un post sur son compte X : la distribution des tracts « est une initiative indépendante de la 769e brigade spéciale du commandement nord », selon le correspondant militaire israélien Doron Kadosh. « Cela n'a pas été approuvé par le haut commandement (de l'armée israélienne) et certainement pas par l'échelon politique », poursuit-il, indiquant que l'armée « a ouvert une enquête sur l'incident ».
Dans un autre post, Doron Kadosh insiste : « Le commandant de la division régionale, le colonel Avi Marciano, a pris cette décision de son propre chef et l'a appliquée comme une opération de division, sans le confirmer avec le commandant de la 91e division ... et avec le commandant du commandement Nord » de l'armée.
M. Kadosh a ajouté que les tracts avaient été distribués par des drones de la brigade, « sans l'intervention de l'armée de l'air, qui n'était pas non plus au courant de l'opération ». Il a suggéré que le largage de tracts pouvait être une réponse aux récentes frappes venues de la région de Wazzani vers le nord d'Israël. « Il s'agit d'une zone où se trouvent des camps de réfugiés syriens, et non des habitations permanentes. Le Hezbollah utilise cette zone pour lancer des attaques sur le territoire israélien », a-t-il indiqué.
Ahmad Mohammad a déclaré, de son côté, avoir contacté les autorités compétentes pour déterminer les prochaines étapes, soulignant que des dizaines de familles résident actuellement dans sa localité.
Les habitants de Wazzani ont refusé de quitter le village après les menaces israéliennes contenues dans les tracts distribués ce matin, a rapporté l'Agence nationale d'information (ANI, officielle) dans l'après-midi. La plupart des réfugiés syriens vivant dans le village sont partis, tandis que les habitants sont restés, selon l'agence.
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah s'est engagé dans des échanges de tirs transfrontaliers quasi-quotidiens avec l'armée israélienne pour soutenir son allié palestinien à Gaza, le Hamas.
Début septembre, les habitants de la ville côtière de Jiyé et des villages voisins avaient découvert à leur réveil des tracts éparpillés sur les routes, visant l'ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, et le Hezbollah. Les tracts appelaient à la fin du conflit frontalier en cours et à l'implication du Liban dans le sud du pays, alléguant la présence de tunnels et de dépôts d'armes du Hezbollah dans des régions résidentielles.
En août dernier, des drones israéliens équipés de haut-parleurs avaient survolé la région de Bint Jbeil, diffusant un message enregistré en arabe qui incitait les habitants à s'opposer au Hezbollah.
Opération non autorisée ... par le gouvernement... ils ont leur hassan eux aussi?? Elohim yisseiidna...
04 h 09, le 16 septembre 2024