Deux adolescents ont été tués mercredi dans une frappe israélienne de drone ayant ciblé leur moto à Biyyada, dans le caza de Tyr. Il s’agit de Ishac et Hussein Aaliyan, âgés respectivement de 17 et 12 ans, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Le ministère de la Santé a confirmé leur décès sans dévoiler leur identité. En outre, le ministère a annoncé qu’un citoyen a souffert de suffocation à cause d’un bombardement israélien au phosphore sur le village de Khiam et qu’il a été admis à l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun pour y être soigné. Ces attaques contre des civils interviennent après une courte période de répit au Sud, après la timide riposte du Hezbollah à l’assassinat de son commandant militaire Fouad Chokor. Si cette réponse a permis d’éviter une guerre totale, elle pourrait avoir considérablement miné la capacité de dissuasion du parti chiite, Israël multipliant les provocations au Liban depuis quelques jours.
Deux combattants du Hezbollah tués
Ainsi, la nuit de mardi à mercredi a été particulièrement tendue. L’armée israélienne a lancé à l’aube une série de dix frappes violentes, en trente minutes, sur des zones boisées de Zebqine, Chaaïtiyé et Qelaylé, dans le caza de Tyr, selon des sources locales et sécuritaires contactées par notre correspondant. Les déflagrations ont été entendues jusqu’au sud de Saïda, Nabatiyé, Tyr et la région de Zahrani, selon des habitants de ces régions. Peu après, de nouvelles frappes aériennes ont ciblé la périphérie de Naqoura, ainsi qu’une zone située entre Yohmor et Zaoutar el-Charkiyé, dans le caza de Nabatiyé. Commentant ces frappes, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a indiqué que « quatre zones du Liban-Sud » ont été bombardées afin de détruire « environ 30 plateformes de lancement de missiles et des bâtiments militaires du Hezbollah qui constituaient une menace pour les citoyens israéliens ». Au cours de la journée, l’aviation israélienne a pris pour cible Marouahine dans le caza de Tyr ainsi que la région de Khreibé, située entre Khiam et Rachaya el-Foukhar et les alentours de Houla, dans le caza de Marjeyoun. Aïta el-Chaab et Yater, à Bint Jbeil, ont également été ciblés. Toujours dans ce caza, un drone piégé s’est écrasé sur Maroun el-Ras. C’est la troisième fois qu’une frappe de ce genre a lieu dans le même village. L’armée israélienne n’utilise que rarement des drones piégés, effectuant habituellement des frappes de missiles embarqués à partir de drones. En parallèle, un drone israélien a pris pour cible une moto à Meis el-Jabal, à Marjeyoun, ont indiqué des habitants à notre correspondant. Selon des témoins et le ministère de la Santé, une personne a été tuée et une autre blessée dans cette frappe qui a ciblé un quartier au sud du village. Le Hezbollah a ensuite annoncé la mort d’un de ses combattants, Ali Abed Ali, originaire du village de Aïtit, au Liban-Sud, et né en 2003. Une source sécuritaire a confirmé à notre journal qu’il a été tué dans la frappe de Meis el-Jabal. Peu avant, le parti chiite a annoncé la mort d’un autre de ses combattants, Hani Hussein Ezzeddine, né en 2001 et originaire de Deir Kanoun el-Nahr. L’Orient-Le Jour n’était pas en mesure de déterminer où il a été tué. Cela porte à 438 le nombre de membres du Hezbollah tués au Liban et en Syrie depuis le 8 octobre, selon notre décompte.De son côté, le Hezbollah a annoncé pas moins de neuf attaques contre Israël mercredi. Ses combattants ont notamment pris pour cible la brigade de renseignement militaire 8200 dans la caserne de Matat, face à la localité libanaise de Rmeich, « avec une salve de roquettes », ainsi qu’une position de soldats israéliens sur le site de Abad, qui fait face au village libanais de Houla.En réponse à la série de raids israéliens sur le village de Zebqine, le Hezbollah a en outre annoncé avoir tiré des roquettes Katioucha sur « le nouveau quartier général des forces de la 146e division » dans la nouvelle base israélienne d’Abirim, dans le nord d’Israël. Il dit également avoir tiré des roquettes Katioucha sur des positions d’artillerie de Zaoura dans le Golan syrien occupé, en riposte aux attaques israéliennes sur les villages de Khiam et Aïta el-Chaab.
Des sanctions US
Sur un autre plan, le département du Trésor américain a annoncé mercredi avoir sanctionné un réseau libanais accusé de faire de la contrebande de pétrole et de gaz de pétrole liquéfié (GPL) pour aider à financer le Hezbollah. Ces sanctions visent trois personnes, cinq sociétés et deux navires qui, selon le Trésor US, étaient « supervisés par un haut responsable de l’équipe financière du Hezbollah et utilisaient les bénéfices des livraisons illicites de GPL vers la Syrie pour aider à générer des revenus » pour la formation dirigée par Hassan Nasrallah. L’une des personnes ciblées est Mohammad Ibrahim Habib el-Sayed, « un responsable du Hezbollah » qui aurait « coordonné les transactions pétrolières potentielles pour l’équipe financière » du parti chiite, précise le Trésor. Il aurait également servi d’interlocuteur entre Mohammad Kassem Bazzal, un membre du Hezbollah déjà sanctionné par Washington en 2018, et l’homme d’affaires libanais Ali Nayef Zgheib sur « un projet pétrolier sur un site de raffinerie à Zahrani », au
Liban-Sud.M. Zgheib, le second sanctionné, aurait « sécurisé des réservoirs de stockage, probablement de pétrole, pour le compte du Hezbollah », poursuit le Trésor. Il aurait également « rencontré au moins un membre du Parlement libanais affilié au Hezbollah pour discuter du financement des projets pétroliers » du parti de Hassan Nasrallah. Enfin, un second « homme d’affaires libanais, Boutros Georges Obeid, est également impliqué dans les transactions énergétiques du Hezbollah et possède conjointement avec M. Zgheib plusieurs sociétés ». Selon le Trésor US, ce réseau a « facilité des douzaines de livraisons de GPL au gouvernement syrien en travaillant avec le responsable Yasser Ibrahim », sanctionné par Washington depuis 2020. M. Ibrahim est un conseiller économique du président syrien Bachar el-Assad, selon un article du site Syria Report, paru en 2022.Dans le communiqué du Trésor US, Bradley Smith, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, a souligné que le Hezbollah « continue de lancer des roquettes sur Israël et d’alimenter l’instabilité régionale, en choisissant de donner la priorité au financement de la violence plutôt que de s’occuper des personnes dont il prétend se préoccuper, notamment les dizaines de milliers de personnes déplacées du sud du Liban ».
Borrell à Beyrouth
Enfin, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, est arrivé mercredi à Beyrouth pour une visite de deux jours dans le cadre d’une tournée l’ayant emmené en Égypte. Il s’est d’abord entretenu avec le leader druze Walid Joumblatt. « Rares sont les gens qui se distinguent par leur positions dans l’histoire. M. Borrell s’est distingué après la guerre de Gaza, il a détonné dans l’Union européenne après la violation totale des droits de l’homme à Gaza et en Palestine occupée », a estimé M. Joumblatt lors de la réunion, selon l’Agence nationale d’information. Avant cet entretien, l’ancien chef du Parti socialiste progressiste avait réitéré ses craintes que la guerre de Gaza ainsi que ses répercussions ne soient qu’à leurs « débuts ». Au cours de son séjour au Liban, M. Borrell sera reçu par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, le président du Parlement, Nabih Berry, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, et le chef de l’armée, le général Joseph Aoun. La mission de Josep
Borrell « s’inscrit dans le cadre de l’action régionale continue de l’UE visant à empêcher une nouvelle escalade » dans la région, pouvait-on lire dans un communiqué publié par Bruxelles en début de semaine. « Cette visite s’inscrit dans le contexte de la guerre à Gaza, où la situation humanitaire catastrophique et le sort des otages rendent encore plus critique un cessez-le-feu urgent (...) Le soutien de l’UE à la résilience et à la stabilité du Liban ainsi que son rôle régional seront examinés avec une série de parties prenantes nationales et internationales, y compris les Nations unies », indique le texte.
Le Hezbollah ne protège pas le Liban (l'Iran tout au plus), au contraire sa presence en lieu et place de l'état Libanais nous fait courir un danger et n'amène que des catastrophes. J’espère que le monde commence enfin à comprendre que nous sous traiter à l'Iran comme à la Syrie d'Assad jadis mène certes à un calme temporaire mais à des problèmes pour tous à long terme.
10 h 12, le 12 septembre 2024