Un groupe de professeurs contractuels de l’Université libanaise a menacé de grève dès la rentrée universitaire si les nominations des vacataires à plein temps n’étaient pas menées entre temps, alors que le dossier qui accorde un statut intermédiaire entre cadré et vacataire, est bloqué depuis plus de 14 ans pour des considérations politico-communautaires et économiques à la fois.
Lors d’une conférence de presse à la maison des éditeurs de presse, mardi, les professeurs contractuels ont appelé le ministre sortant de l’Education et de l’Enseignement supérieur, Abbas Halabi et le recteur de l’UL, Bassam Badran, à débloquer le dossier, sinon plus de 600 contractuels s’engagent à entraver la rentrée de la seule université publique du pays et de ses 63 000 étudiants, rapporte l’Agence nationale d’information (Ani, officielle). « À la suite d’un sondage mené sur 645 professeurs contractuels, près de 93% d’entre eux ont annoncé leur volonté de ne pas débuter la rentrée scolaire si les nominations de vacataires à plein temps n’ont pas lieu », a martelé Nady Nammar, lisant le communiqué des contractuels.
Ils ont aussi fait part de leur détermination à mobiliser les contractuels des différents campus et sections de l’UL, afin de donner davantage d’ampleur à leur mouvement, si aucune suite n’était donnée à leurs revendications.
« L’Université libanaise compte 3 000 professeurs contractuels horaires, dont 1 760 sont éligibles à un statut de vacataire à plein temps, car ils ont un doctorat et l’ancienneté requise (deux ans au moins, moyennant 200 heures d’enseignement par an) », expliquait en mars dernier à L’Orient-Le Jour le recteur Bassam Badran. La seule université publique du pays ne compte par contre que 1 600 professeurs cadrés.
Dossier paralysé
Mais le dossier est paralysé dans un contexte de crise multiforme du pays depuis 2019, et de blocage de toute nouvelle nomination dans la fonction publique. Et pourtant, un bon millier de professeurs ont pris leur retraite depuis 2014.
« Je promets de régler le dossier des vacataires à plein temps d’ici à septembre », avait affirmé à L’OLJ le ministre Halabi en août dernier, lors d’une interview. Il avait toutefois reconnu la complexité du dossier, estimant que les 1 760 contractuels revendiquant ce statut qui leur accorderait des bénéfices sociaux, sont poussés par des forces politiques au détriment de l’équilibre confessionnel. Le nombre de candidats chiites est en effet largement supérieur aux candidats des autres communautés. De même, le nombre de candidats musulmans est de loin supérieur au nombre de candidats chrétiens.
Après avoir présenté en 2022 un premier projet avorté, Abbas Halabi avait annoncé qu’il préparait un nouveau projet pour accorder le statut de vacataire à plein temps à nombre de contractuels, qui prenne en compte les besoins de l’université, les compétences, tout en respectant autant que possible l’équilibre confessionnel. Il avait assuré qu’il menait les contacts nécessaires pour que ce projet soit adopté, car il est tributaire d’une décision du gouvernement.
Alors que le ministre sortant de l'Education est au coeur d'une nouvelle polémique concernant la hausse des frais d'inscription à l'école publique, et que des rumeurs ont circulé sur une possible abstention de sa part, rien pour l'instant ne laisse présager d'une issue favorable aux revendications des contractuels.