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Politique - Rencontre

Pourquoi Michel Aoun n’est pas favorable au front de soutien

Le souci des développements au Sud ne quitte pas l’ancien président de la République Michel Aoun. Dans son domicile à Naccache, les visiteurs se succèdent mais les entretiens se ressemblent et portent sur trois sujets : le front du Sud, l’arrestation de Riad Salamé et la situation interne au Courant patriotique libre.
Aoun suit de près les développements sur le front du Sud et il prend au sérieux les dernières menaces du Premier ministre israélien de s’y concentrer pour pouvoir ramener chez eux les Israéliens du Nord évacués à cause des combats. L’ancien chef de l’État explique à ses interlocuteurs que l’ouverture de ce front n’a pas été très utile pour Gaza alors qu’elle a nui au Liban. Selon lui, le Hezbollah n’aurait pas dû l’ouvrir, car d’une part il n’y a pas de pacte de défense entre Gaza et le Liban et d’autre part, ils n’ont pas une frontière commune. Certes, la première opération du Hezbollah lorsqu’il a décidé d’ouvrir ce front le 8 octobre 2023 a eu pour théâtre les fermes de Chebaa, qui restent une zone disputée. Mais la riposte des Israéliens a été plus large et le front est entré dans un cycle de violence, avec son lot de martyrs et de destructions impressionnantes.

La position du Liban affaiblie ? 

L’ancien président estime ainsi que l’ouverture de ce front n’a pas vraiment servi Gaza, puisque les Israéliens continuent de mener là bas, depuis plus de 11 mois, des attaques d’une grande violence, sans que le monde cherche à les en empêcher. De même, aucun pays ou gouvernement n’appuie l’ouverture du front de soutien à partir du Liban. Au contraire, tous les États, occidentaux et autres, estiment que c’est le Liban qui a ouvert cette bataille et c’est à lui d’en assumer les responsabilités. Ce qui affaiblit la position du Liban auprès des instances internationales. Et, comme d‘habitude, la communauté internationale est complaisante à l’égard d’Israël alors qu’elle est sévère et prompte à la condamnation avec tous les autres protagonistes. En juillet 2006, par contre, Aoun était convaincu que le Hezbollah allait gagner la guerre parce que les Israéliens l’avaient déclenchée et parce qu’elle se déroulait sur son territoire.Les Libanais ont beau dire que les Américains ne veulent pas de l’extension de la guerre et miser sur cette position pour écarter tout élargissement de la confrontation, mais cette équation peut changer, surtout au cours des prochains mois avant l’élection présidentielle américaine, lors desquels Netanyahu estime avoir les mains libres. Le ministre libanais des Affaires étrangères a récemment déclaré dans un entretien que des parties occidentales lui auraient transmis la position israélienne qui ne serait pas intéressée à stopper la guerre au Liban, même si un accord est conclu à Gaza. C’est peut-être de la guerre psychologique, mais l’ancien chef de l’État n’exclut pas la possibilité pour Israël de mener une opération, même limitée au Sud, pour imposer la fameuse zone démilitarisée d’une dizaine de kilomètres au sud du Litani. Que cette opération réussisse ou pas, les conséquences pourraient être dures pour le Liban, à un moment où le monde entier est occupé ailleurs, entre la guerre à Gaza et celle qui se déroule en Ukraine, avec tous les enjeux internationaux qui tournent autour et qui font que le monde entier est actuellement en pleine période de confusion et de turbulence. Si Michel Aoun exprime ces craintes, c’est justement parce qu’il a peur pour le Liban et pour la résistance qui a déjà consenti beaucoup de sacrifices, mais qui cette fois, aurait pu ne pas avoir à le faire. Surtout que quoi qu’on fasse, les États-Unis ne lâcheront pas les Israéliens, en particulier dans cette période de campagne présidentielle très serrée. L’ancien président appelle donc à la prudence et à la vigilance, pour éviter une grande guerre, à un moment où les circonstances régionales et internationales ne sont pas favorables au Liban.
Concernant l’arrestation de l’ancien gouverneur de la banque centrale, Michel Aoun reste prudent, craignant des arrangements de dernière minute destinés à éviter l’ouverture des dossiers dans lesquels est impliqué Riad Salamé et qui pourraient mettre en cause d’importants complices. Selon lui, l’arrestation a eu lieu parce que la justice libanaise a été mise au pied du mur par les développements en France et en Europe. À ce sujet, il rappelle son long combat pour que l’ancien gouverneur de la banque centrale soit mis en cause. Son arrestation est certes un pas en avant dans ce contexte. Mais, selon lui, on ne pourra pas dire que justice est faite que lorsqu’il y aura un jugement. En tout cas, il suit de près les développements judiciaires, sans vouloir toutefois intervenir dans le cours des événements.

Le troisième sujet, celui du départ du CPL de quatre pointures, les députés Alain Aoun, Simon Abi Ramia, Ibrahim Kanaan et Élias Bou Saab, est pour Michel Aoun le plus compliqué, parce qu’il l’implique émotionnellement. Ces départs (deux exclusions et deux démissions) le blessent, mais il est confiant que le CPL survivra à ces secousses, parce qu’il porte, selon lui, « la cause du Liban ». Sans vouloir entrer dans les détails, il est convaincu que le chef actuel du parti, Gebran Bassil, « portera haut le flambeau » et il ajoute : « De toute façon, je ne suis pas encore mort. »

Le souci des développements au Sud ne quitte pas l’ancien président de la République Michel Aoun. Dans son domicile à Naccache, les visiteurs se succèdent mais les entretiens se ressemblent et portent sur trois sujets : le front du Sud, l’arrestation de Riad Salamé et la situation interne au Courant patriotique libre.Aoun suit de près les développements sur le front du Sud et il prend...
commentaires (3)

Michel Aoun a prévu, il y a longtemps, ce qui était inimaginable .. C’est un homme d’État visionnaire perspicace et patriote.

Hitti arlette

15 h 19, le 11 septembre 2024

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Commentaires (3)

  • Michel Aoun a prévu, il y a longtemps, ce qui était inimaginable .. C’est un homme d’État visionnaire perspicace et patriote.

    Hitti arlette

    15 h 19, le 11 septembre 2024

  • Pour Salamé, l’homme de la rue retient qu’il fut arrêté après la fin de son mandat, où la justice était tiraillée entre plusieurs forces contraires. Comment croire à : ""Ces départs (deux exclusions et deux démissions) le blessent"". Blessé ? Il a même coulé une larme non de crocodile mais d’adieu, tant qu’il avait cautionné leur départ. Et l’enquête sur la double explosion au port, il n’a pas aussi changé d’avis pour la diligenter ? Pour le Hezb, Aoun lui est très reconnaissant du rôle qu’il a joué pour son élection, et ses observations sur son action actuelle ne comptent pas.

    NABIL

    19 h 50, le 10 septembre 2024

  • Si les choses se passent ainsi au sud c'est qu'il y est responsable dans la mesure où il a laissé les barbus avoir plus d'emprise sur le Liban lors de son mandat. Il se réveille peut être mais c'est déjà trop tard. Pour Salamé quand ils vont fouiller ils vont le trouver lui et son gendre si toutefois il y a justice, chose dont nous pouvons légitimement douter. Le CPL a un voyou a sa tête que lui même a installé... alors ses inquiétudes et ses considérations émotionnelles il peut se les garder. Il ne s'est jamais inquiété pour les conséquences de l'explosion du port entre autre choses.

    Zeidan

    15 h 54, le 10 septembre 2024

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