Trois volontaires de la Défense civile libanaise ont été tués dans une frappe de drone israélien samedi en début de soirée dans la région de Froun, au Liban-Sud, ont confirmé l'organisme public et le ministère libanais de la Santé. Les trois hommes et leurs deux collègues blessés se trouvaient sur les lieux d'incendies qui s'étaient déclarés dans des zones boisées et vallonnées de cette localité non directement située le long de la frontière avec Israël, après une série de frappes violentes survenues vendredi soir.
Les trois victimes ont été identifiées comme étant Kassem Bazzi, Mohammad Hachem et Abbas Hammoud. La frappe qui les a tués a été vivement condamnée par les ministères de la Santé et de l'Intérieur, qui l'ont qualifiée de crime « contraire au droit international », de par l'insistance israélienne à cibler du personnel de secours et des pompiers. Déjà plus tôt dans la journée, des pompiers de la Défense civile avait été visés par des tirs d'artillerie israéliens à Kabriha, dans le caza de Marjeyoun, où ils éteignaient un incendie. Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a de son côté convoqué lundi une « réunion d'urgence » avec les ambassadeurs au Liban et des représentants d'instances internationales, pour leur demander de « faire pression sur Israël ».
Froun avait été le théâtre, la veille au soir de frappes violentes de l'aviation israélienne. Entre 21h30 et 22h, une quinzaine de missiles se sont abattus sur la région. Ces frappes successives ont touché notamment des vallées et bois de la région, qui s'est ainsi retrouvée sous le feu israélien pour la première fois depuis l'ouverture du front du Liban-Sud, il y a quasiment onze mois. Suite à ces frappes, qui n'ont initialement pas fait de victimes mais provoqué des incendies, l'armée israélienne a annoncé dans un message de son porte-parole arabophone Avichay Adraee sur le réseau X, que ces tirs avaient atteint « plus de 15 lanceurs de missiles et bâtiments militaires du Hezbollah ». Certains des missiles étaient, selon la troupe, prêts à être tirés en direction d'Israël.
Double riposte
La riposte du Hezbollah a été rapide et a consisté en deux attaques distinctes.
La première de ces réponses a pris la forme d'une « salve de roquettes Katioucha lancée sur une base du Mont Neria », qui accueille actuellement « les forces de la brigade Golani ». Le Mont Neria est situé à quelques kilomètres à l'est du Mont Méron, qui abrite le centre de surveillance aérienne du nord d'Israël et qui est régulièrement visé par le parti chiite, en réponse à des frappes israéliennes ciblées. C'est la quatrième fois que le Mont Neria est touché par le Hezbollah et toutes ses frappes contre cette base ont eu lieu depuis fin juillet, à chaque fois en réponse à des frappes israéliennes ayant tué des combattants. La brigade Golani a la réputation, selon le site de l'armée israélienne, d'être constituée de « combattants d'élite », et a notamment participé à plusieurs guerres depuis sa création en 1948. Après la riposte du Hezbollah, l'armée israélienne a affirmé qu'une « trentaine d'obus tirés du Liban sont tombés dans des terrains déserts, sans faire de victimes », et que les sirènes d'alarme ont retenti peu après 6h « dans la région de Mattat ». Ce secteur est situé à une douzaine de kilomètres à l'est du Mont Neria.
La seconde riposte a également consisté en des tirs de roquettes Katioucha sur « le principal quartier général des renseignements, dans la base de Mishar ». Selon la carte fournie par le Hezbollah, cette base est située juste au nord de Safed, à onze kilomètres de la frontière, face à Aïtaroun (Bint Jbeil), à quasiment égale distance entre la Ligne bleue et le nord du lac de Tibériade.
Drone détourné et Brigades de la résistance
Outre une série d'autres frappes revendiquées par le Hezbollah sur les sites qu'il vise habituellement comme ceux de « Marj » ou « Sammaka », le parti a annoncé que son « unité de défense aérienne » avait « attaqué à 16h40 un drone de type Heron avec un missile sol-air, au-dessus de la Békaa ». Cet appareil a été « forcé de quitter l'espace aérien libanais et a été empêché de mener à bien sa mission », selon le parti. Ce dernier avait annoncé à plusieurs reprises depuis le 8 octobre avoir repoussé des drones, voire des avions de chasse, au moyen de missiles sol-air. C'est la première fois cependant qu'il s'agit d'un drone de type Heron, un appareil israélien de l'Israel Aerospace Industries, qui peut opérer jusqu'à une dizaine de kilomètres d'altitude et possède une autonomie de 52 heures de vol en continu.
Autre fait notable de la journée : les Brigades de la résistance, une milice sunnite inféodée au Hezbollah, ont annoncé une frappe contre le site israélien de « Roueissat el-Alam », sur les hauteurs contestées de Kfarchouba. Ces Brigades ont lancé plusieurs attaques contre des positions israéliennes au cours des derniers mois.
Après cet échange, la matinée s'est révélée calme le long de la Ligne bleue. Un répit de courte durée puisqu'en début d'après-midi, l'aviation israélienne a frappé dans plusieurs régions, notamment sur la périphérie de Kounine (Bint Jbeil), et à Kabriha (Marjeyoun).
Rester près des abris
De l'autre côté de la frontière, l'armée israélienne a notamment fait état de huit roquettes lancées à partir du Liban dans l'après-midi. Selon des responsables locaux de la ville de Shlomi, dans le nord d'Israël, un des projectiles a touché un bâtiment, mais sans faire de victimes.
Peu auparavant, les habitants de certains villages du nord d'Israël ont été appelés à rester à proximité des abris anti-aériens et à éviter les grands rassemblements, rapporte le quotidien Haaretz. Le Conseil régional de la Haute Galilée, région du Nord israélien, a lancé cet appel « en raison d'une crainte exacerbée de tirs de roquettes et de drones en provenance du Liban », selon le journal.
Les affrontements au Liban-Sud entre le Hezbollah et ses alliés d'une part et l'armée israélienne d'autre part, entreront demain dimanche dans leur douzième mois. Ils ont fait 604 morts au Liban, parmi lesquels une majorité de combattants du parti chiite et d'autres factions, mais également des civils, secouristes et journalistes.
Marre de vos guerres !!!!!
04 h 30, le 08 septembre 2024