Elle avait explosé sur les planches du Casino du Liban, puis au Festival de Beiteddine et à O, l’été dernier, éblouissant le public avec sa voix puissante et profonde, en Mama Dunia, Matron Mama Morton, dans la comédie musicale Chicago Bil Arabia. En dépit de sa discrétion légendaire, elle fut une des grandes surprises du spectacle de Roy el-Khoury qui a joué à guichets fermés une douzaine de représentations.
Youmna Bou Hadir revient sur scène, mais cette fois-ci dans un concert intimiste où elle prête sa voix à Dame Shirley Bassey, ou est-ce le contraire ? Étrange choix pour cette jeune femme d’une « autre » génération qui n’a pas été nourrie avec ses chansons des années 70 et 80, et pourtant... « J’avais 7 ans, lorsque j'ai entendu la voix de Shirley Bassey pour la première fois. J'avais trouvé une cassette dans une boîte jaune avec un morceau de papier plié à l'intérieur. On pouvait y lire : Shirley Bassey's greatest hits (les plus grands succès de Shirley Bassey), griffonné avec l’écriture de ma mère. J'ai emporté la cassette et le lecteur de cassettes dans la salle de bains et j'ai fermé la porte à clé, confie-t-elle. Lorsque la voix de Bassey a résonné dans la salle de bains de la maison où j’ai passé mon enfance, je me suis regardée dans le miroir, sous une lumière fluorescente blanche et, pour la première fois de ma vie, je me suis imaginée sur scène. »
Il a fallu attendre de nombreuses années… Une licence en littérature anglaise de la LAU, qui lui a valu le prix du meilleur projet de fin d'études ; un parcours en tant qu’auteure, scénariste, interprète, coach vocal et chanteuse de formation classique, pour trouver le temps et le courage de le faire. Car Youmna a surtout suivi une formation approfondie en chant, écriture de scénarios, écriture créative et performance. Elle a travaillé sa voix (et sa voie) en interprétant du jazz et de la musique classique, en rédigeant de la poésie, des nouvelles, des scénarios, et en jouant la comédie. Elle a été publiée à de nombreuses reprises, a contribué à l'écriture de plusieurs séries télévisées et a également exploré cet exercice dans le cadre de performances sur de nombreuses scènes de Beyrouth. « Aujourd'hui, 25 ans plus tard, et exactement une semaine avant mon 32e anniversaire, j'offre ce concert à l’enfant qui est en moi : un hommage à cette voix qui a traversé les murs de ma salle de bains et ceux de ma vie. Ce concert ne concerne pas Shirley Bassey... Il s'agit de moi, âgée de 7 ans, et de la possibilité de transformer enfin mes rêves en réalité. »
Youmna Bou Hadir sera accompagnée par quelques-uns des meilleurs musiciens du Liban : Abdo et Charbel Sawma à la batterie et à la basse, Ralph Aouad à la guitare, Rami Abou Khalil aux claviers et Nidal Abou Samra au saxophone. Trois danseuses feront également partie du concert, et « je vous réserve une petite surprise » ! dit-elle avec son grand sourire. « Let me sing and I’m happy », dit-elle encore. On veut bien la croire, son plaisir affiché, son bonheur partagé et sa voix en sont les meilleures preuves et la plus belle invitation à la suivre.
*Youmna Bou Hadir, A tribute to Shirley Bassey, le 11 septembre à 21h au Metro al Madina, Aresco, Hamra.
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