Un ancien combattant du Hezbollah et ex-infirmier qui travaillait à l’hôpital Rassoul el-Aazam dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du parti chiite, a été arrêté pour suspicion d’espionnage au profit d’Israël et se retrouve devant la justice, a confirmé mercredi une source judiciaire à L’Orient Today.
Le tribunal militaire, devant lequel le suspect doit être interrogé, a fixé une date pour l’audience, selon la source, qui n’a toutefois pas divulgué cette date. L’homme a d’abord été interrogé par les Forces de sécurité intérieure (FSI) en février, lors de son arrestation. Il a avoué aux forces de sécurité avoir travaillé pour le Mossad, les renseignement israéliens extérieurs, selon al-Akhbar, quotidien libanais proche du Hezbollah. Une source proche des FSI contactée par notre rédaction a refusé de commenter cette affaire.
Ex-combattant en Syrie
Al-Akhbar, le premier à révéler l’affaire, décrit l’homme comme un ancien combattant du Hezbollah originaire du Liban-Sud qui s’est battu en Syrie dans les rangs du parti chiite qui soutien le régime du président Bachar el-Assad. Selon le journal, le suspect, âgé de 29 ans, a admis lors de son interrogatoire qu’il avait « été en contact avec le Mossad en 2023 et 2024 et qu’il travaillait pour eux ».
La loi libanaise de 1955 sur le boycott d’Israël interdit toute interaction entre Libanais et Israéliens. Elle interdit à toute personne physique ou morale d’entrer en contact avec des Israéliens ou des personnes résidant en Israël. Elle interdit également toute transaction commerciale, financière ou autre. La violation de cette loi est passible de trois à dix ans de travaux forcés.
Selon al-Akhbar, l’infirmier a fourni à « ses employeurs israéliens des informations sécuritaires, des photos et des coordonnées avant d’être arrêté par les FSI le 20 février dans le village de Kharayeb, dans le caza de Saïda au Liban-Sud ».
Israël et le Hezbollah sont engagés dans une guerre d’usure le long de la frontière israélo-libanaise depuis octobre, dans le sillage de la guerre de Gaza. Les attaques transfrontalières quotidiennes en sont presque à leur douzième mois et le Hezbollah a perdu plusieurs membres de haut rang dans des assassinats perpétrés par Israël, dont le plus récent est celui du commandant militaire Fouad Chokor dans la banlieue sud de Beyrouth.
Après le début de la guerre, « l’officier traitant israélien a demandé (au suspect) des informations sur les hostilités qui se déroulaient à proximité de sa résidence et sur les mouvements des membres du Hezbollah dans la région », et s’il pouvait rejoindre les rangs du Hezbollah « après avoir gelé son adhésion à la suite de son déménagement de Beyrouth vers le Sud », écrit al-Akhbar. Le quotidien indique que le suspect a reçu un paiement total de 7 500 dollars en échange de sa collaboration. Le juge d’instruction militaire, cité par le journal, a affirmé que le suspect encourt une peine d’emprisonnement de trois à quinze ans.
Le buzz sur les médias sociaux
Après la révélation de la détention du suspect par al-Akhbar, des internautes sur le réseau X ont appelé les autorités à punir sévèrement l’individu.
« 7 500 dollars pour vendre ton pays, ton peuple, et livrer notre jeunesse au feu de l’ennemi sioniste... Combien cela a coûté aux familles des martyrs ? » peut-on lire dans un message posté sur X par Zeina Karam, qui affirme être membre du Courant patriotique libre.
L’affaire a également pris une tournure politique et communautaire. Un internaute, Nemer Assaf, qui se revendique partisan du parti Kataëb, a écrit : Le suspect « n’appartient ni aux Forces libanaises ni aux Kataëb. Il est issu du Hezbollah ». Les partisans du Hezbollah accusent régulièrement les membres des Kataëb et des FL d’espionner pour le compte d’Israël. Un autre internaute, Hicham Chreif, a quant à lui écrit : « Il s’agit d’un agent chiite, et alors ? Au cours des dernières années et des derniers mois, plusieurs agents chrétiens et sunnites ont été arrêtés. »
En mai 2022, après que le ministère de l’Intérieur avait annoncé le démantèlement de 17 réseaux d’espionnage israéliens, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait affirmé qu’« Israël est pressé de recruter des espions et le fait de manière non professionnelle ». Une source judiciaire avait quant à elle déclaré à l’AFP que les services de renseignements israéliens profitaient des conditions de vie et sociales difficiles au Liban en crise pour recruter des agents.
Il est vrai que 7500 dollar n’est pas cher payé pour trahir son pays. Il y en a qui l’ont trahi contre des postes pompeux et des ministères où ils peuvent devenir riches sans que cela ne leur pose un cas de conscience. Sérieux, comment peut on continuer à croire que nos politiciens sont des patriotes avec tout ce qu’ils ont fait de notre pays? Et ils viennent jeter la pierre sur des gens qu’ils ont pillé et rendu vulnérables, prêts au pire pour survivre. Ceci dit, le pire serait qu’on ne juge pas ces traîtres au pouvoir sans âme ni conscience.
11 h 11, le 05 septembre 2024