L’avocat de la chaîne de télévision libanaise MTV, Marc Habka, a présenté jeudi soir une demande d’ouverture d’une information judiciaire devant le parquet de cassation contre la société Middle East Power (MEP), une compagnie libanaise chargée d’opérer les centrales électriques de Zouk et de Jiyé, et qu’il accuse d’être impliquée dans le black-out électrique qui touche le Liban depuis le 17 août. Cette société est présidée par le fils du patron de la chaîne al-Jadeed, rivale de la MTV.
Spécialisée en « projets électro-mécaniques (...) et en services de gestion de l’énergie », selon un descriptif sur son site internet, MEP n’était pas disponible pour commenter l’affaire. L’Orient-Le Jour n’a pas réussi non plus à contacter le président de la société, Karim Khayat, fils de Tahsine Khayat, propriétaire d’al-Jadeed.
La demande d’ouverture d’une information judiciaire a été déposée par Me Habka en son nom propre devant le parquet général de cassation. L’intention de la MTV est de « faire la lumière sur la corruption » au Liban en l’absence des institutions étatiques, selon des déclarations faites devant le Palais de justice par l’avocat. Il explique que la chaîne suit depuis deux ans l’affaire des pénuries d’électricité et que ce dossier a été réactivé après des accusations lancées sur les réseaux sociaux par l’ancienne ministre de l’Énergie Nada Boustany. « Nous parlons ici de gaspillage de millions de dollars », affirme Me Habka.
Mme Boustany avait pris indirectement, mercredi, la défense de l’actuel ministre de l’Énergie, Walid Fayad, qui est pointé du doigt dans l’affaire du black-out quasi total du fournisseur public Électricité du Liban (EDL) depuis la mi-août. Elle avait accusé la société MEP, chargée de l’opération et de la maintenance des centrales de Zouk et de Jiyé, « de ne pas avoir effectué son travail » pour empêcher la panne de courant géante qui a frappé le pays.
« 27 000 tonnes de fioul »
Mme Boustany va plus loin dans ses accusations et assure sur le réseau X que MEP aurait pu utiliser « 19 000 tonnes de fioul stockés à la centrale de Zouk et 8 000 litres de carburant à la centrale de Jiyé, soit 27 000 tonnes stockées depuis 2022 », pour remédier au black-out dû initialement à l’épuisement du fioul des centrales du pays.
L’ancienne ministre a par ailleurs accusé MEP d’avoir touché 38 millions de dollars pour des services de maintenance qui n’auraient pas été exécutés. Elle a en outre estimé que les centrales en question étaient « les meilleures centrales du Liban et qu’elles ont été mises en place par Gebran Bassil », le chef actuel du Courant patriotique libre (CPL) dont elle est proche et qui a été ministre de l’Énergie entre 2009 et 2014, et qui a fait du dossier de l’électricité un de ses sujets de prédilection.
La centrale de Zouk, au nord de Beyrouth, a été construite dans les années 40, celle de Jiyé, située au sud de la capitale. a été mise en service en 1970.
Mme Boustany s’en est également prise à al-Jadeed sur X, accusant la chaîne de chercher à justifier les actions de MEP. Réagissant à ces accusations, la journaliste Mariam Bassam, directrice des programmes d’actualité d’al-Jadeed, a réagi sur le réseau social, accusant Mme Boustany d’avoir « couvert », lorsqu’elle était ministre, et avant cela conseillère au ministère de l’Énergie, le gaspillage de millions de dollars dans le dossier de l’électricité.
Les problèmes financiers d’EDL, qui affectent sa production et son approvisionnement depuis de nombreuses années, se sont aggravés avec le début de la crise économique en 2019. Les différentes mesures mises en place depuis trois ans ont néanmoins permis d’améliorer quelque peu la situation au cours des derniers mois avant l’épisode de quasi-black-out que le fournisseur connaît depuis fin juillet.
Vendredi, EDL a finalement commencé, avec quelques jours de retard, à décharger la première d’une série de trois chargements de carburant qui étaient attendus avant fin septembre pour pouvoir augmenter sa production.
Une fois l’enquête terminée, dans le cas où elle est lancée, car rien n’est n’est moins sûre, qui jugera les responsables? Nos justiciers vendus qui font partie prenante du système et qui œuvrent pour leur permettre de poursuivre leurs crimes sans être inquiétés. Il faut commencer par faire le ménage dans ce secteur avant d’entamer des enquêtes qui finiront comme celle du port, lettre morte grâce aux mafieux à la justice qui ont usurpé leur poste pour venir en aide aux criminels de notre pays.
10 h 19, le 01 septembre 2024