Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a considéré que le régime de sanctions américaines mis en place par la loi César était en partie responsable de l’épisode de black-out quasi-complet que connaît actuellement Électricité du Liban, citant les querelles politiques comme second facteur déterminant.
« La crise de l'électricité au Liban (est due) à deux facteurs principaux : le premier, externe est lié au blocus et aux sanctions américaines imposées par la loi 'César', ce qui a privé le Liban d’options pour diversifier ses sources d’approvisionnement en fioul. Le deuxième facteur est interne et se rapporte aux querelles politiques entre les différents partis politiques », a déclaré le ministre à la chaîne de radio russe Sputnik.
Le ministre a expliqué que la menace de ces sanctions qui ciblent depuis 2020 toute personne faisant affaire avec le régime de Bachar el-Assad était notamment à l’origine de la suspension indéfinie d’un projet annoncé en 2022 d’importer du gaz égyptien et de l’électricité produite en Jordanie, à chaque fois via la Syrie, pour renforcer les capacités d’EDL.
Walid Fayad a ajouté que l’engagement américain de lever ou d’aménager les sanctions prévues par la loi César ne « se sont pas concrétisées jusqu’à présent » et que la situation était encore plus compliquée depuis que la situation sécuritaire dans la région s’était dégradée, dans le sillage de la guerre de Gaza qui a éclaté le 7 octobre 2023 et qui déborde depuis au Liban-Sud.
Lacunaires depuis la fin de la guerre civile, les moyens de production d'électricité ont été réduits à leur plus simple expression en raison des difficultés financières du fournisseur public depuis le début de la crise qui a éclaté en 2019. Lors de l’été 2021, l'administration américaine a approuvé un projet qui devait permettre d'approvisionner le Liban en électricité en provenance de Jordanie et de faciliter des importations de gaz d'Égypte vers le Liban-Nord. Hasard du calendrier ou timing calculé, l’annonce de ce projet avait été faite juste après que le Hezbollah annonce que son allié iranien projetait de fournir du fuel au Liban.
Toujours est-il que malgré des accords signés avec l’Égypte, la Jordanie et la Syrie, le projet américain n’a toujours pas vu le jour et EDL, dont les capacités financières se sont améliorées depuis que ses tarifs ont été relevés fin 2022, ne peut à ce jour compter que sur les importations de fuel irakien fournies dans le cadre d’un accord de swap conclu avec l’Irak lors du même été 2021.
C’est un retard dans la livraison d’un chargement attendu dans le cadre de cet accord qui est à l’origine du dernier épisode de black-out quasi-total qu’EDL connaît actuellement, et qui n’est pas le premier imposé aux Libanais ces dernières années. Lors de son entretien à Sputnik, Walid Fayad a répété que le Chem Helen, navire-citerne transportant 30 000 tonnes de gasoil égyptien acheté sur le marché spot-cargo devrait arriver au large des côtes libanaises dès le 24 août (samedi prochain) et décharger son carburant dans les deux jours qui suivent dans les cuves des centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et de Zahrani (Liban-Sud).
La pensée magique : ma khallouna.
17 h 55, le 21 août 2024