C'est finalement avec quelques jours de retard qu'Électricité du Liban (EDL) a commencé vendredi à décharger la première d'une série de trois chargements de carburant qui étaient attendus avant fin septembre pour pouvoir augmenter sa production, au plus bas depuis le quasi-blackout dans lequel le fournisseur public a été plongé faute de réapprovisionnement. EDL assure qu'il sera en mesure d'augmenter la production d'électricité dans la soirée.
Électricité du Liban indique aussi qu'il s'agit ici des 30 000 tonnes de gasoil égyptien achetées sur le marché spot-cargo par l’État libanais et transportées par le Chem Helen, un navire-citerne arrivé lundi soir au Liban, et non du fuel offert par l'Algérie, qui est également arrivé au Liban cette semaine. Le Chem Helen avait accosté près du site de la centrale de Zahrani (Liban-Sud) et attendait que sa cargaison soit testée.
Dans un communiqué publié vendredi, EDL précise avoir reçu « ce matin » les résultats de ce contrôle qualité effectué par « les laboratoires de Bureau Veritas à Dubaï, aux Émirats arabes unis, sur des échantillons représentatifs prélevés sur la cargaison » arrivée à bon port. Une procédure habituelle pour ce bureau, mandaté par le ministère de l'Énergie et de l'Eau.
Redémarrage progressif
« La direction générale du pétrole (rattachée au ministère) a délivré l'autorisation de vider le carburant après avoir confirmé que ces résultats étaient conformes aux spécifications contractuelles requises », a ajouté le fournisseur avant d'affirmer avoir commencé le transfert dans la matinée. Les 30 000 tonnes doivent être réparties entre les deux sites de Zahrani et de Deir Ammar (près de Tripoli, au Liban-Nord).
EDL prévoit ensuite de « redémarrer progressivement à partir de ce (vendredi) soir » les deux centrales, en commençant par Zahrani, et sera en mesure de déployer 400 mégawatts en plus de 65 MW de capacités hydroélectriques. Le fournisseur dit être capable de fournir 4 heures de courant en moyenne aux abonnés et d'alimenter les « infrastructures vitales (aéroport, port, pompes à eau, égouts, etc.) 24 heures sur 24 ».
Les Libanais vivaient avec moins d'une heure de courant par jour en moyenne depuis la mi-août, étant donc presque totalement dépendant des générateurs privés. Même à plein régime et avec suffisamment de carburant, EDL n'a pas les moyens d'alimenter tout le pays 24 heures sur 24.
Le fournisseur public assure, en outre, vouloir gérer « prudemment » ses stocks jusqu'à ce que les prochaines cargaisons de gasoil soient garanties. Une référence au prochain chargement de gasoil fourni à EDL grâce à l'accord liant le Liban à l'Irak depuis l'été 2021 et dont le retard dans la dernière livraison est à l'origine du dernier épisode de quasi-blackout. La prochaine livraison est attendue aux environs du 8 septembre, avait indiqué cette semaine la direction d'EDL. Le fournisseur « informera officiellement les autorités concernées de la formulation finale de la question avec la partie irakienne, à la lumière de laquelle EDL déterminera sa politique de production appropriée », conclut le communiqué.
Avant la publication du communiqué d'EDL, le Grand sérail lui a adressé vendredi une lettre officielle et au ministère de l'Énergie, leur demandant de distribuer l'électricité de manière équitable, suite à des plaintes d'abonnés. Dans sa lettre, le cabinet du chef du gouvernement sortant Nagib Mikati déclare : « À la lumière des plaintes quotidiennes des citoyens concernant la disproportion des heures de fourniture d'électricité entre les différentes régions, le Premier ministre vous demande de publier un communiqué clarifiant la manière dont l'électricité provenant des centrales électriques est distribuée entre toutes les régions libanaises. »
Le bureau du Premier ministre a également demandé de « fournir les heures d'approvisionnement pour chaque région, d'identifier toute lacune existante dans la distribution et de s'efforcer d'y remédier rapidement ». La lettre demande également à EDL de fournir un calendrier des heures de fourniture d'électricité aux institutions publiques telles que l'aéroport, le port, les pompes à eau et les installations d'assainissement, ainsi que les quantités fournies.
Dans sa lettre, le Grand sérail ne précise cependant pas si les abonnés qui se sont plaints se trouvent dans des régions où le taux de collecte des factures est élevé. En avril 2023, EDL s'était en effet engagé à fournir davantage de courant aux bons payeurs. Le fournisseur attend également que l'État paye ses factures en retard.
Le ministre sortant de l'Énergie Walid Fayad a lui affirmé à L'OLJ que le carburant est « de bonne qualité et conforme aux spécificités des centrales libanaises. Nous pouvons donc l'utiliser dans les centrales de Zouk ou de Jiyé, ou l'échanger, EDL accordant la priorité au gasoil pour l'instant », a-t-il ajouté. En effet, « il y a déjà du fuel pour au moins un mois » pour les nouvelles usines de Zouk et Jiyé, tandis que « le besoin le plus urgent est le gasoil ». Opter pour la solution du swap (échange) si « on a un bon deal sur le marché international » est donc possible, sinon « on verra si on le stocke » pour une utilisation ultérieure.
Distribution equitable de l’électricité demande-t-il …mauvais payeurs récompensés sans vergogne.
08 h 49, le 02 septembre 2024