« Liqa' » (« rencontre » en arabe) est bien plus qu'un simple projet de compostage. Lancée en mai 2023 par Amal Ephrem, experte en compostage, Imane Rizk, membre active du projet, et Ali Sabbagh, coordinateur général de l'association Assabil, l'initiative consiste à faire du Jardin des jésuites, situé dans le quartier de Geitawi, à Beyrouth, un exemple de développement durable à l'échelle locale. En un an, le projet « Liqa' » a déjà rempli ses composteurs trois fois, démontrant l'engouement croissant des habitants pour ce geste écologique.
« Nous sommes les amis de la nature, et c'est important d'agir pour une consommation durable », souligne ainsi Imane Rizk, exprimant l'esprit collectif qui anime les participants, alors que près de trente familles participent désormais activement au compostage de leurs déchets organiques. Les membres de « Liqa' » déclarent ainsi que ce projet s'adresse à tous les citoyens, soulignant l'importance de l'« éducation civique », et insistent sur le fait que chaque individu doit adopter des habitudes de tri et de compostage. En transformant un espace public en un lieu de rencontre et de partage autour de valeurs écologiques et sociales, « Liqa' » n'est donc pas seulement une réponse aux défis environnementaux, mais est aussi un moyen de tisser des liens sociaux entre voisins, réunis autour d'une passion commune.
D'ailleurs, l'idée de créer un site de compostage dans le Jardin des jésuites était venue d'une résidente du quartier, qui avait proposé à l'association Assabil d'installer des composteurs, nous raconte Amal Ephrem. Assabil, fondée en 1997 pour promouvoir l'accès à l'éducation par l'ouverture de bibliothèques publiques, dont celle du Jardin des jésuites, a immédiatement saisi l'opportunité de s'associer à cette initiative écologique. Malgré les réticences initiales de la municipalité de Beyrouth, qui craignait des problèmes d'odeurs et de gestion des déchets, le projet a fini par obtenir les autorisations nécessaires après un an de démarches.
Le compostage, un geste écologique et social
Le processus de compostage est simple : les habitants jettent leurs déchets organiques (peaux de fruits et légumes, feuilles mortes, coquilles d'œuf) dans des composteurs spécialement installés derrière la bibliothèque du Jardin des jésuites. Ces composteurs, offerts par l'entreprise sociale « Compost Baladi » malgré leur coût élevé, sont soigneusement gérés pour éviter les mauvaises odeurs et garantir une transformation efficace des déchets en compost.
Amal Ephrem explique que le compost issu du processus de décomposition thermique est ensuite vendu sous forme de sacs pour les plantes d'intérieur. Ce compost, ou enrichisseur de sols, est le résultat d'une décomposition où la chaleur joue un rôle central : les micro-organismes thermophiles, qui prospèrent à des températures élevées, accélèrent la dégradation de la matière organique. Cette chaleur favorise la prolifération des bactéries et aide à briser les matériaux plus résistants, comme les branches et les morceaux de bois, rendant le compost final plus homogène et nutritif pour les plantes, selon l'experte. Les sacs de compost, vendus, contribuent à financer de nouveaux projets éducatifs et publics soutenus par Assabil.
Un projet ancré dans le développement durable
« Liqa' » s'inscrit donc dans une démarche plus large de développement durable, un « pilier du collectif » selon Amal Ephrem. En plus de ses bénéfices environnementaux, le projet renforce la cohésion sociale dans le quartier et sensibilise les résidents à l'importance de modes de vie durables. Les gestionnaires du projet veillent à ce que les composteurs soient régulièrement entretenus pour éviter tout problème d'odeur, garantissant ainsi un environnement agréable pour tous.
Ali Sabbagh, de son côté, insiste sur l'importance de l'éducation et de l'apprentissage à travers des initiatives telles que « Liqa' ». « C'est très important d'animer le quartier par l'éducation et de créer du lien social autour de projets publics », déclare-t-il, soulignant le rôle central de la bibliothèque et du Jardin des jésuites dans cette dynamique. Ce projet, encore modeste mais porteur de grands espoirs, est désormais reconnu dans tout le quartier, selon ses initiateurs, et l'idée de participation se transmet de bouche à oreille.
Les odeurs ? Ça va ou ? Dans les maisons du quartier bondé ?
14 h 01, le 30 août 2024