Vivre dans la peur du présent et l’incertitude du futur tourmente notre vie et nous suit comme l’ombre du midi.
Une histoire d’angoisse qui dépeint les affres d’un conflit interminable, sans lien avec la culture de notre pays.
Des images d’effroi restent gravées dans ma mémoire à cause de périodes abominables définies par d’atroces récits.
Le territoire se divise et, de façon cruelle, se partage pour enlever notre enfance et détruire nos rêves.
On se réveille sur des cauchemars terribles où tout se fige, sauf l’écho morbide des cris anonymes qui surpassent le réel.
Une scène pénible où l’air frais se mêle à la poussière de la terre et à l’odeur de la guerre qui fait trembler les chairs.
Fuir et échapper au péril ou rester et prendre des risques mortels deviendra la conversation habituelle.
Cependant, l’attachement à notre patrimoine est plus puissant que l’éloignement qui déracine et détruit notre identité originelle.
Une décision lourde à porter durant notre période d’épanouissement, qui a profondément marqué notre jeunesse jusqu’à perturber notre évolution naturelle.
L’angoisse du lendemain a souvent tourmenté notre conscience, nous plongeant dans la terreur de l’imprévu et troublant notre vie quotidienne.
La peur nous a accompagnés pendant toute la journée, même lors des phases les plus sereines.
La prudence fut notre alliée fidèle à tout moment et les différentes étapes de l’enfance en toutes circonstances.
Elle nous a suivis tout au long du jour, lors de nos trajets scolaires ou de nos déplacements routiers, de nos activités routinières ou de nos projets ordinaires, escortés de prudence.
Même les routes empruntées deviennent difficiles et compliquées avec tant d’obstacles qui les enserrent, de barrières à franchir et de risques à prendre.
Combien de fois nous avons été coincés à domicile ou retenus au sous-sol, loin des violents affrontements où des frappes s’entendent.
Et en sortant, l’air poussiéreux nous poursuit jusqu’à notre demeure chaleureuse, devenue sinistre, où le vide accablant de la ville pèse sa froideur sur nos vitres.
La noirceur qui domine nous étouffe et nous entraîne au plus profond de ses tréfonds, dans un long périple.
Nous comptons jour et nuit pour sortir de cet abîme morbide et retrouver la routine quotidienne pour oublier un peu les moments pessimistes.
Enfin, un soleil triomphant pénètre dans notre espace et nous invite à reprendre notre monotonie de la journée, avec une lueur d’espoir scintillante qui éclaire notre avenir d’un arc-en-ciel vif.
Un lendemain radieux nous pousse à recommencer notre activité abandonnée, nous incitant à travailler avec un peu plus de dynamisme.
Tout revient à la normale comme si de rien était, avec cette volonté inébranlable de dépasser toutes les entraves pour survivre naturellement et continuer malgré toutes les affres.
La jeunesse, avec son enthousiasme, surmonte les grandes angoisses et nous libère des chaînes qui nous accaparent et nous rendent esclaves.
Le désir de tenter l’impossible nous pousse à ignorer les règles imposées, voire les menaces de notre entourage.
L’inquiétude des parents nous oblige à abandonner nos rêves les plus charmants, pour être enfermés à jamais dans une cage misérable.
C’est une véritable geôle chez nous où les sorties requièrent de nombreuses conditions pour rendre notre liberté insupportable à tout âge.
Le soleil se couche tôt chez nous, et sa lueur extraordinaire s’estompe rapidement sans crier gare.
Le soir revient tôt avec son angoisse et ses interminables nuits noires, où la lumière périt dans la faiblesse des lanternes, ne reflétant que nos frêles silhouettes.
Les moments de tranquillité s’envolent vite pour laisser la place de nouveau à un mal rongeur aux multiples facettes.
Seul le ciel parvient à apaiser notre anxiété pénible et à nous offrir un refuge paisible qui puisse nous fournir une paix intérieure et nous décharger d’un traumatisme funeste.
On a mémorisé toutes les prières par cœur pour les réciter quand on a peur et ressentir un brin de soulagement qui pourrait nous apporter un peu de bonheur.
Notre foi nous a épargné tant de risques menaçants pour finalement consolider notre attachement à cette terre sacrée, au-delà de tout malheur.
Notre patriotisme nous a donné le courage de surpasser tous les ennuis endurés afin de lutter pour notre liberté avec grand honneur.
Résister en toute force pour maintenir notre indépendance souveraine et nos valeurs sacrées en pleine tyrannie, où l’autorité préside avec grandeur.
Une présidence impériale qui crée des règles dictatoriales pour les imposer à son peuple vulnérable, privé de tout droit légal.
Cependant ce peuple renaît de ses cendres malgré toutes ses souffrances pour que sa résistance demeure immortelle et qu’il puisse brandir haut sa bannière, emblème de son patrimoine.
Une victoire inscrite sur le front des vaillants à travers l’histoire !
Patricia CHAPTINI
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