Alors que la riposte promise du Hezbollah à l’assassinat, mardi dernier, du haut cadre militaire Fouad Chokor lors d’une attaque israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, se fait attendre, la tension est palpable sur le front sud. Les frappes israéliennes ont en effet fait cinq morts en moins de 24 heures, quatre combattants du Hezbollah et un secouriste. Lundi, le parti chiite a en effet annoncé la mort de Mohammad Hassan Farhat, dit « Falah », né en 1984 à Loueizé au Liban-Sud, et Ali Moustapha Amro, connu sous le pseudonyme de « Abou al-Ahrar » et né en 1985 à Meaïsra, au Mont-Liban. Les deux hommes ont été tués lors d’une frappe israélienne qui a visé la localité de Houla (caza de Marjeyoun), selon des informations de notre correspondant Mountasser Abdallah. Il a ensuite annoncé la mort de Ali Ghaleb Choucair, un de ses membres, né en 1996 à Meiss el-Jabal, où il a été tué dans une frappe israélienne. Mohammad Hamadi, un secouriste des scouts al-Rissala (affiliés au mouvement Amal), a également été tué dans cette attaque. En outre, une frappe ciblée contre une moto à Aba-Jibchit, dans le caza de Nabatiyé, a provoqué la mort d’un membre du Hezbollah, Ali Jamaleddine Jawad, que l'armée israélienne a présenté comme un cadre de l'unité d'élite du parti, al-Radwane.
De son côté, le Hezbollah a revendiqué pas moins de sept attaques contre Israël. Il a notamment annoncé avoir visé la caserne israélienne de Ramim, face au village libanais de Markaba, ainsi que la caserne de Zebdine dans les fermes contestées de Chebaa. La formation a également assuré avoir pris pour cible le site naval israélien de Ras el-Naqoura avec des obus d’artillerie lourde.
Dans ce cadre, et à l’heure où le monde attend les ripostes au double assassinat par Israël du chef militaire du Hezbollah Fouad Chokor à Beyrouth et celui du leader du Hamas Ismaïl Haniyé à Téhéran, les manœuvres diplomatiques s’intensifient pour éviter une escalade régionale. En Israël, le chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), le général Erik Kurilla, a atterri à Tel-Aviv pour évaluer la situation en matière de sécurité. Côté libanais, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, s’est entretenu par téléphone avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Selon un communiqué du Sérail, les discussions ont porté sur l’importance de freiner l’escalade et d’opter pour les solutions pacifiques, dont la mise en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité (qui avait mis fin à la guerre de 2006). De son côté, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, s’est entretenu avec la coordinatrice spéciale des Nations unies au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, avec qui il a discuté des derniers développements dans la région. La veille, une réunion ministérielle du G7 a dit craindre « une régionalisation de la crise, en commençant par le Liban » et appelé à « éviter l’escalade ». Selon le site américain Axios, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit à ses homologues du G7 qu’une attaque de l’Iran et du Hezbollah contre Israël pourrait être lancée dans les prochaines 24 ou 48 heures, donc dès lundi, selon des sources informées des discussions. « Nous sommes déterminés à nous opposer » à l’Iran et ses alliés « sur tous les fronts, dans toutes les arènes », a martelé, de son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une cérémonie à Jérusalem. À ses côtés, le président Isaac Herzog a déclaré : « Nous sommes capables de protéger nos citoyens contre toute menace posée » par « l’axe du mal iranien ». « L’Iran a légalement le droit de punir » Israël, ont rétorqué les autorités à Téhéran.