A chaque crise ses solutions. Depuis que de nombreux pays ont demandé à leurs ressortissants de quitter le Liban et que plusieurs compagnies aériennes ont limité les vols desservant Beyrouth, des moyens alternatifs ont émergé pour quitter le pays.
Que ce soit par bus vers Amman (Jordanie) pour ceux ayant un budget restreint ou à bord d'un yacht privé vers Agia Napa (Chypre) pour les plus aisés, des voyageurs et expatriés ont emprunté de nouvelles routes ces derniers jours.
Lundi, un premier bus de 37 personnes affrété par l'agence touristique libanaise Holiday International Travel a quitté Beyrouth à 5h30 du matin en direction de la Jordanie via la Syrie. Le voyage, qui dure environ 9 heures, coûte 50 dollars par personne.
Au programme, une première pause à Dahr el-Baïdar (Mont-Liban) avant de traverser la frontière vers la Syrie. Une seconde est ensuite prévue en Syrie, avant de se rendre vers la frontière jordanienne. Une fois en Jordanie, les voyageurs sont déposés à l'Aéroport international d'Amman pour pouvoir repartir vers la destination souhaitée.
« Le bus était entièrement plein aujourd'hui. Nous prévoyons un deuxième voyage mercredi. Nous avons 17 réservations pour l'heure », explique Mohammad el-Tal, propriétaire de l'agence, à L'OLJ. « Les gens sont paniqués, surtout ceux qui travaillent à l'étranger et qui se retrouvent coincés à Beyrouth. Les vols sont complets et les billets sont hors de prix. Certains optent donc pour le voyage par voie terrestre », poursuit-il.
« Pour l'instant, nous avons deux voyages prévus par semaine, mais nous pourrions augmenter nos allers-retours en fonction de la demande », explique le propriétaire de l'agence, ajoutant que la plupart des voyageurs qui partent vers Amman comptent ensuite rejoindre les États-Unis ou les pays du Golfe. L'entrée vers la Syrie et la Jordanie par voie terrestre est gratuite pour les Libanais, rappelle le voyagiste.
En yacht pour 900 dollars au minimum
Une deuxième alternative proposée aux voyageurs pressés de quitter le Liban est celle de yachts touristiques privés en partance de la Marina de Dbayé vers Agia Napa, à Chypre. Mais ce voyage, normalement destiné à des touristes aisés souhaitant passer quelques heures ou quelques jours en mer, coûte entre 900 et 1 200 dollars par personne.
Le capitaine Élias Khawand, propriétaire de trois yachts utilisé d'habitude pour des voyages d'agrément vers Chypre a ainsi commencé à emmener ces dernières semaines des voyageurs soucieux de quitter le Liban au plus vite, à condition d'avoir un visa valable. « Ces derniers jours, nous recevons une quantité incroyable d'appels de clients intéressés, mais la plupart des gens ne donnent pas suite, à cause des prix », indique-t-il à L'OLJ, ajoutant que le voyage peut durer entre 4 et 5 heures.
Le premier yacht opéré par le capitaine peut emmener 8 personnes pour 10 000 dollars, soit 1 200 dollars par voyageur. Le deuxième bateau, lui, est destiné à accueillir 14 personnes pour 13 000 dollars, soit 928 dollars par personne. Le troisième yacht, conçu pour 20 personnes, peut être loué à destination d'Agia Napa pour 18 000 dollars, soit 900 dollars par voyageur.
« Certains ont été obligés de recourir à cette option car ils devaient reprendre le travail à tout prix. C'est une solution qui est possible quand on est aisés », explique Élias Khawand qui se défend de « vouloir tirer profit de la crise ». « Les prix sont les mêmes que ceux pratiqués avant les tensions, à la seule différence qu'avant, j'attendais les clients pour les ramener à Beyrouth », souligne le capitaine, qui justifie ces prix par « des dépenses élevées pour la maintenance, le fioul et les démarches administratives ».
Malgré ces prix qui coûtent aussi cher qu'un billet d'avion, voire plus, Élias Khawand a déjà organisé trois voyages cette semaine et doit transporter mardi 22 personnes à bord de deux de ses yachts.
En attendant un hypothétique 2ème aéroport, d'autres alternatives, par exemple maritimes, devront être offertes aux libanais, à moins que SE sérénissime le ministre des transports ne soit pas de cet avis ou de ce bord, ou les deux ! vivent les oursons ! pardon, les bananes !
08 h 15, le 15 août 2024