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Économie - TOURISME

Les tensions régionales poussent une partie des visiteurs à quitter le Liban plus tôt

Des Libanais se retrouvent coincés à l'étranger, les restaurants, les hôtels et les Airbnb font grise mine. 

Les tensions régionales poussent une partie des visiteurs à quitter le Liban plus tôt

Un voyageur à l'Aéroport internatonal de Beyrouth, lundi 29 juillet 2024. Photo Olivia Lepoidevin

Les événements sécuritaires qui s’enchaînent depuis samedi et la frappe meurtrière de Majdel Chams, ville druze du Golan syrien annexé par Israël située près de la frontière avec le Liban, sont en train de pénaliser une saison touristique partie sur des bases fragiles et poussent une partie des visiteurs venus cet été, composés en majorité d'expats, à avancer la date de leur retour.

Tel est le constat que décrivent à chaud plusieurs professionnels du tourisme que L’Orient-Le Jour a contactés mercredi, au lendemain de la frappe israélienne qui a tué au moins 4 personnes et fait des dizaines de blessés au cœur de la banlieue sud de Beyrouth.

L’heure du bilan n’a pas encore sonné, bien que certaines tendances se dessinent. « Il y a une dégradation majeure, avec beaucoup d’annulations depuis samedi et pour la période s’étendant sur les 10 premiers jours d’août », affirme Jean Beyrouthi, président du syndicat des plages et des stations balnéaires et secrétaire général de la Fédération des syndicats touristiques. « Il faudra encore attendre quelques jours pour se faire une idée précise de l’impact que va avoir cette nouvelle séquence d’événements sécuritaires sur la saison », ajoute-t-il, suggérant que l’hémorragie s’arrêtera en cas de signaux confirmant une stabilisation sécuritaire.

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Annulations et réservations modifiées

En attendant, les agences de voyages jonglent avec les annulations et les reports de réservations. « Depuis samedi et jusqu’à présent, le nombre quotidien de passagers à l’arrivée est passé d’environ 13 500 à 9 000 en moyenne, ce qui représente un recul de plus de 33 % sur ces quelques jours. Selon les données des agences de voyages, environ 25 % des personnes qui sont venues au Liban cet été sont en train de chercher à avancer leur retour, de peur de se retrouver coincés si la situation devait dégénérer », détaille notamment le président de l'Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal), Jean Abboud. Le fait que certaines compagnies aériennes ont provisoirement suspendu leur desserte de Beyrouth, à l’image des compagnies du groupe Lufthansa ou de celles d’Air France-KLM, et que d’autres ont réduit la fréquence de leurs vols ou décalé leurs horaires, complique la tâche des voyageurs et des voyagistes, vu que l’offre est réduite pour les départs et que les avions se vident en partie pour les arrivées. « C’est la déception qui règne, compte tenu que la saison avait plutôt bien commencé, malgré le contexte, même s’il y a encore beaucoup d’hésitation de part et d’autre », analyse-t-il.

« Si certaines compagnies aériennes ont suspendu tous leurs vols vers et en provenance de Beyrouth pendant plusieurs jours, la majorité d’entre elles et les compagnies de charters évaluent la situation au jour le jour », relève de son côté Christelle Majdalani, directrice de l'agence Nakhal à Dubaï et chargée de son développement commercial à Beyrouth.

Une partie des Libanais qui sont à l’étranger et qui se retrouvent piégés sans alternatives par les décisions prises par les transporteurs aériens se tournent vers la Middle East Airlines qui continue d’opérer ses vols à une cadence quasi habituelle, malgré quelques changements d’horaires. Selon une source à la MEA, la compagnie a même affrété des vols supplémentaires ou des avions plus grands pour récupérer des Libanais à Athènes, Paris ou Francfort. Et cela risque de continuer : Air France et Transavia ont annoncé mercredi qu'ils prolongeaient la suspension de leurs vols vers Beyrouth jusqu'à samedi inclus « en raison de la situation sécuritaire ».

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Grise mine pour l’Horeca

Si les agences de voyages ne chôment pas, les professionnels des stations balnéaires, des restaurants, des boîtes de nuits et des hôtels, sont de plus en plus nombreux à faire grise mine, même si seulement cinq concerts et spectacles sur la vingtaine prévue en août ont été annulés pour l’instant, ce qui est peu compte tenu de la gravité des événements et des incertitudes qu’ils génèrent.

« Les réservations dans les restaurants ont baissé de 40 à 50 % ces derniers jours », indique Jean Beyrouthi. Une réalité que le président du syndicat des propriétaires de restaurants Tony Rami décrit avec ses propres mots. « La fréquentation est en nette baisse depuis samedi, et ce n’est pas une bonne nouvelle pour le secteur qui a vu son activité diminuer d’environ 35 % comparé à l’année dernière », explique-t-il, sans plus de précision sur l’estimation fournie. Le professionnel explique que l’activité dans les boîtes de nuit a particulièrement souffert du contexte sécuritaire cet été. « Beaucoup d’entre elles n’ouvrent que les week-ends alors qu’elles pouvaient accueillir du monde toute la semaine l’année dernière », ajoute-t-il.

Le secteur hôtelier ne se porte pas mieux, avec un taux d’occupation des établissements à Beyrouth « oscillant entre 20 et 25 % ». Le président du syndicat des hôteliers Pierre Achkar n’a pas encore répondu à nos sollicitations pour connaître la situation dans le reste du pays. Enfin même le secteur du Airbnb n’est pas épargné par la conjoncture actuelle. « La saison n’était déjà pas terrible, mais, depuis samedi, c’est la catastrophe », raconte un exploitant qui possède plusieurs appartements mis en location à Beyrouth mais souhaitant rester anonyme. Il indique avoir vu se vider prématurément sept de ses logements occupés par des touristes étrangers, et a dû enregistrer deux annulations de plus, le tout sur la seule journée de mercredi.

Les événements sécuritaires qui s’enchaînent depuis samedi et la frappe meurtrière de Majdel Chams, ville druze du Golan syrien annexé par Israël située près de la frontière avec le Liban, sont en train de pénaliser une saison touristique partie sur des bases fragiles et poussent une partie des visiteurs venus cet été, composés en majorité d'expats, à avancer la date de leur...
commentaires (3)

Aussi étrange que ça puisse paraître, les avions en provenance d’Europe et du Canada ainsi que beaucoup d’autres pays sont complets, et ce sont des familles avec des enfants et des bébés qui viennent passer leurs vacances avec leurs familles malgré les recommandations des responsables politiques de leurs pays d’adoption. Comment expliquer ce phénomène exclusivement libanais?

Sissi zayyat

14 h 06, le 01 août 2024

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Commentaires (3)

  • Aussi étrange que ça puisse paraître, les avions en provenance d’Europe et du Canada ainsi que beaucoup d’autres pays sont complets, et ce sont des familles avec des enfants et des bébés qui viennent passer leurs vacances avec leurs familles malgré les recommandations des responsables politiques de leurs pays d’adoption. Comment expliquer ce phénomène exclusivement libanais?

    Sissi zayyat

    14 h 06, le 01 août 2024

  • Il n'en reste pas moins que les conséquences sont multiples pour les voyageurs, on ( famille composée de deux adultes et de deux enfants) a été prévenu seulement la veille de l'annulation de notre vol pour Paris, donc trop tard pour annuler les reservations d'hôtels et de trains, suite à quelques contorsions l'on a pu, avec MEA, donc au prix fort 1350$ par passager, trouver des places et de nouvelles réservations de trains et hotels, merci qui? Merci hezbollah, berry , joumblatt et netanyaou

    C…

    11 h 43, le 01 août 2024

  • Pas grave, les airbnb ghab-é-tallab doivent pulluller aux environs de la piste de décollage

    Wlek Sanferlou

    04 h 46, le 01 août 2024

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