
« Meshwar Rayhin Meshwar » lance la campagne de promotion du ministère du Tourisme. Capture d'écran
Alors que l’incertitude règne plus que jamais sur le développement des tensions à la frontière entre le Liban et Israël, le Premier ministre sortant Nagib Mikati et le ministre du Tourisme Walid Nassar ont lancé de manière assez inattendue lundi soir une campagne visant à faire la promotion du tourisme au Liban.
En tête d’affiche, une reprise du titre « Meshwar Rayhin Meshwar » (qui pourrait se traduire par Allons-nous promener), écrit et composé par Ghady Rahbani, et interprété par le pianiste et compositeur Omar Rahbany. Le clip vidéo de la reprise enchaîne des scènes magnifiées de touristes déambulant tout sourire dans différents coins du Liban. Sur les réseaux sociaux, Omar Rahbany a précisé que le titre était disponible sur la plateforme de streaming de musique Anghami.
La recette suivie pour élaborer cette campagne est la même que celle utilisée en 2022, avec quelques variantes d'une précédente campagne articulée autour de « Ahla Bi Hal-Tallé », expression libanaise pour souhaiter la bienvenue, reprise dans un vieux titre de la chanteuse Sabah.
Publicitaire, influenceurs et Miss Liban
Le lancement de la campagne a été fait pendant une cérémonie organisée au Yacht Club de Beyrouth, au cours de laquelle Nagib Mikati a suggéré dans un discours qu’une « solution » pourrait se dessiner dans les prochains jours pour régler la situation au Liban-Sud, sans fournir davantage de précisions. Walid Nassar a affirmé pour sa part être venu « parler d’espoir et de résilience » dans « une période marquée par de nombreux défis ». Il a assuré que le gouvernement entend « promouvoir une nouvelle culture fondée sur le respect du patrimoine culturel et environnemental ».
Contacté en début d'après-midi, un porte-parole du ministère du Tourisme nous a communiqué les détails dans une réponse écrite.
Le ministère évoque une campagne s'étendant sur « deux ans » et en « deux phases » pour promouvoir le secteur, via un partenariat « entre le secteur privé, l'agence de publicité Phenomena et le ministère », le tout figurant dans un « mémorandum signé à cet égard. La dernière Miss Liban, Yasmina Zaytoun, a également accepté de collaborer. « Des personnalités influentes qui feront la promotion du Liban au niveau local et international par le biais des médias sociaux participent aussi à cette campagne », ajoute le ministère. Le titre de la reprise de Omar Rahbany a été « choisi en raison de la valeur artistique du patrimoine libanais qui attire la diaspora libanaise et les étrangers ». Le ministère du Tourisme affirme collaborer également avec « des spécialistes en stratégies promotionnelles (Destination Management Organizations, DMO) dans différentes régions du Liban pour mettre en avant un tourisme rural durable ».
« La campagne est financée par les contributions de diverses entreprises et institutions du secteur privé qui souhaitent soutenir le Liban et contribuer à sa renaissance sans aucun coût financier pour l'État libanais », poursuit le ministère, sans plus de détail sur le budget engagé. Enfin, parmi les objectifs de cette campagne nationale figure « la signature d'accords touristiques internationaux, dont un protocole de coopération entre le Liban, Chypre et la Grèce », entre autres.
Efforts insuffisants
Il n'est cependant pas sûr que ces efforts suffisent à maintenir l'activité du secteur dans ce contexte tendu et déjà compliqué par la crise que le pays traverse depuis 2019. Contacté par L'Orient-Le Jour, le président de l'Association des hôteliers libanais et de la Fédération du tourisme au Liban, Pierre Achkar, a, lui, considéré que les efforts investis pour sauver une saison pénalisée par les événements sécuritaires étaient insuffisants. « Le ministère n'a pas les moyens de ses ambitions », a-t-il regretté avant de souligner que le secteur hôtelier était particulièrement touché. « Comme chaque été depuis le début de la crise, les avions sont pleins, mais les personnes qui visitent le pays en été ont déjà des endroits où loger, vu qu'ils se rendent dans leurs familles », dit-il, un constat qu'il avait déjà dressé l'année dernière. Selon les données « encore parcellaires » qu'il a pu collecter via son syndicat, il indique que le taux moyen d'occupation « oscille entre 15 et 25 % à Beyrouth », alors qu'il montait facilement au-dessus de 60 % à la même période avant la crise.
« En dehors de Beyrouth, que ce soit en montagne ou sur la côte, on est à 10 % maximum en moyenne hebdomadaire avec d'importantes disparités entre le week-end et le reste de la semaine », ajoute-il. Il affirme enfin ne pas avoir de données exploitables sur les autres secteurs pour le moment. Un source au sein d'une société qui loue des logements via la plateforme américaine Airbnb – une filière qui s'en sort mieux que le secteur hôtelier depuis le début de la crise – a indiqué de son côté que la situation allait plutôt bien jusqu'à ce que certaines ambassades recommandent à leur ressortissants de quitter le Liban par précaution, craignant un embrasement au Liban-Sud, que certains signes récents cependant semblent écarter.
"« Meshwar Rayhin Meshwar » : la nouvelle campagne du ministère du Tourisme..." du tourisme ou plutôt celui de l'immigration ?
05 h 24, le 03 juillet 2024