
Un enfant recevant des gouttes de vaccin contre la polio lors d’une campagne de vaccination en Inde. Dibyendu Kumar Roy/Bigstock
La polio, une maladie susceptible de handicaper à vie les patients atteints, a largement disparu dans le monde grâce à la vaccination. Mais elle reste bien là et menace régulièrement de ressurgir, comme à Gaza où le virus vient d’être détecté dans les eaux usées.
Un virus dangereux...
La polio est une maladie causée par un virus. La plupart du temps, celui-ci reste dans le système digestif et cause peu, voire pas de symptômes.
Mais parfois, il migre dans le cerveau et peut aboutir à une paralysie plus ou moins grave de certains membres. Cette paralysie peut ne jamais se résorber.
Le risque est, en soi, faible : environ 1 sur 200. Mais il est démultiplié à l’échelle collective par le caractère très contagieux du virus, d’autant qu’aucun traitement ne permet d’interrompre l’infection.
Pendant des décennies, cette situation a fait de la polio l’une des maladies les plus menaçantes pour les enfants, susceptibles de rester handicapés à vie, bien que les adultes puissent aussi être gravement touchés.
... mais quasiment radié
Menace largement répandue voilà encore une quarantaine d’années, la polio a désormais très largement disparu dans le monde.
« Les cas dus à un poliovirus sauvage ont diminué de plus de 99 % depuis 1988, passant de 350 000 cas dans plus de 125 pays à 6 cas recensés en 2021 », résume l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ces derniers cas se concentrent dans deux pays, l’Afghanistan et le Pakistan, qui n’ont pas encore réussi à bloquer la circulation du virus sur leur territoire.
Cela ne veut toutefois pas dire que la polio est absente d’autres pays. Une trentaine d’entre eux ont connu ces dernières années des cas de la maladie.
Mais ils étaient soit directement importés des pays où la circulation est encore active, soit liés à la vaccination. Il existe en effet un très léger risque avec certains vaccins antipolio.
Le succès de la vaccination
C’est en tout cas grâce aux vaccins que le virus a largement disparu. Des campagnes sont organisées, sous l’égide de l’OMS, depuis des décennies dans le monde entier.
Elles se heurtent parfois à des résistances locales, comme au Pakistan où des vaccinateurs sont régulièrement assassinés, notamment sur fond de rumeurs d’espionnage.
Les autorités de santé sont aussi confrontées à la difficulté d’expliquer qu’un petit risque est associé à l’un des types de vaccin utilisé, dit atténué. Ce vaccin, qui utilise un virus rendu moins agressif, peut, dans un cas sur plusieurs millions, causer une infection.
Au vu des risques représentés par la maladie, le bénéfice de ce vaccin ne fait donc aucun doute. Reste que l’autre type de vaccin, dit à virus inactivé, est privilégié car il ne représente pour sa part aucun risque d’infection.
Des réapparitions régulières
La polio a beau avoir largement disparu, elle est encore loin d’être de l’histoire ancienne et reste une grande préoccupation de santé publique.
« Tant qu’il y aura un seul enfant infecté par le poliovirus, les enfants du monde entier courront le risque de contracter la maladie », souligne l’OMS.
Ce virus « peut facilement être importé dans un pays sans polio, puis rapidement se propager à travers des populations qui n’ont pas été immunisées », ajoute-t-elle.
Cette menace ne concerne pas que les pays pauvres. En 2022, le virus a été détecté dans les eaux usées de New York, aux États-Unis, et à Londres, au Royaume-Uni.
Cette détection ne veut pas forcément dire que la maladie va réapparaître sur place. Un cas a été signalé à l’époque à New York, mais il n’y en a pas eu à Londres.
Seulement, les autorités britanniques ont été en mesure d’organiser une large campagne de vaccination auprès des enfants.
La situation apparaît différente à Gaza, où le virus vient aussi d’être détecté dans les eaux usées : les infrastructures sanitaires y ont été très largement détruites par le conflit avec Israël après bientôt un an de guerre.
Et, parallèlement à la problématique de la vaccination, la dégradation catastrophique des conditions d’hygiène favorise aussi la circulation du virus.
Julien DURY/AFP