
Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer à la sortie du Parlement de Belfast, le 8 juillet 2024. Liam McBurney/Reuters
Ce serait un coup dur pour Benjamin Netanyahu. La victoire du Parti travailliste de Keir Starmer aux élections générales au Royaume-Uni le 4 juillet pourrait accélérer l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense Yoav Gallant, demandée en mai par la Cour pénale internationale (CPI). Selon The Guardian, le nouveau gouvernement britannique devrait retirer une requête déposée par le précédent cabinet de Rishi Sunak auprès de La Haye, qui consistait surtout d’après les analystes à retarder l’émission des demandes d’arrestation des dirigeants israéliens.
Fin mai dernier, le procureur de la CPI, le Britannique Karim Khan, avait déposé une requête de mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas. Face à l’indignation d’Israël et des États-Unis – non-signataires du Statut de Rome établissant la CPI –, le Royaume-Uni, lui-même membre de la CPI, a déposé le 10 juin une demande pour accéder à des informations écrites afin de savoir si la Cour « peut exercer sa compétence pénale sur les ressortissants israéliens, dans la mesure où la Palestine ne peut pas exercer la sienne sur les ressortissants israéliens en vertu des accords d’Oslo ». Acceptant cette requête, les juges de la CPI se sont donné jusqu’au 12 juillet pour soumettre leurs arguments complets. De quoi retarder l’émission de potentiels mandats d’arrêt, alors que Benjamin Netanyahu craignait de se voir accuser avant de se rendre le 24 juillet à Washington sur invitation du Congrès, où il pourrait en outre rencontrer le président Joe Biden.
Un rééquilibrage de la politique sur Gaza ?
Arrivé au pouvoir entre-temps, le Labour considère quant à lui que la CPI a compétence sur Gaza (l’État de Palestine a été reconnu comme un État membre de la Cour en 2015), reconnaissant ainsi sa juridiction sur les ressortissants israéliens qui auraient commis des crimes dans les territoires palestiniens ou contre des Palestiniens. Keir Starmer, nouveau Premier ministre, s’est en outre exprimé en faveur d'un État palestinien. Il a affirmé au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que ses priorités étaient « d’obtenir un cessez-le-feu, le retour des otages, une augmentation et une accélération de l'aide humanitaire et du soutien financier à l'Autorité palestinienne », lors d’un appel téléphonique.
Tout en demandant un cessez-le-feu à Gaza, le nouveau chef du gouvernement britannique avait néanmoins affirmé au préalable à Benjamin Netanyahu qu'il « attendait avec impatience d'approfondir davantage les relations étroites » avec Israël. Le Parti travailliste avait été critiqué au début de la guerre à Gaza pour avoir appelé à une « cessation durable des combats » et non à un « cessez-le-feu immédiat », provoquant la réticence de nombreux électeurs à le soutenir. Au cours des dernières élections, quatre députés du Labour ont perdu leur siège face à des candidats indépendants propalestiniens. C’est le cas de Jonathan Ashworth à Leicester South, qui a été défait par près de 1 000 voix au profit de l'indépendant Shockat Adam, qui a clamé : « C'est pour Gaza. »