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Société - Environnement

À contre-courant : la pollution sur les plages libanaises recule

Le rapport annuel du CNRS note une certaine amélioration dans la qualité de l’eau en matière de pollution bactériologique. Il n’en est pas de même au niveau des microplastiques.

À contre-courant : la pollution sur les plages libanaises recule

La plage de la réserve de l’île des Palmiers, au large de Tripoli. Photo S.B.

Le rapport annuel sur l’état des plages du Centre national de recherche scientifique (CNRS) a été exposé jeudi au siège de l’institution, à Bir Hassan (Beyrouth), par le directeur du centre d’études marines Milad Fakhry. Ce rapport est un rendez-vous annuel, sachant que le prélèvement des échantillons et les tests sont effectués tout au long de l’année. Les sites étudiés sont principalement des plages publiques.

Parmi les sites classés comme « bon » ou « très bon » (de 1 à 200 colonies bactériennes par 100 millilitres d’eau de mer), on trouve, du nord au sud :

- La plage publique de Minyé (caza du même nom) ;

- Les plages de Mina et du stade municipal à Tripoli ;

- Les sites de Deir el-Natour et du lieu-dit « Sous-le-Vent » à Enfé, au sud de Tripoli ;

- Héri et Selaata (peu de pollution bactériologique malgré la présence d’une pollution chimique due aux industries), dans le caza de Chekka ;

- Toutes les plages de Batroun, Amchit, Jbeil et Fidar, ainsi que Nahr Ibrahim (cazas de Batroun et de Jbeil) ;

- La plage de Maameltein (caza du Kesrouan) ;

- Les plages de Khaldé à Rmeilé (sud de Beyrouth) ;

- Les plages de Adloun à Sarafand, ainsi que la réserve marine de Tyr et Naqoura (Liban-Sud).


Les sites classés « sujet à caution » (de 201 à 500 colonies bactériennes par 100 millilitres d’eau de mer) sont, également du nord au sud, ceux de Qleïat (Akkar), Aïn el-Mreïssé et Manara à Beyrouth, les plages publiques de Saïda et de Ghaziyé et la grande plage de sable de Tyr (Liban-Sud). Certaines de ces plages sont extrêmement fréquentées, tout comme les cinq sites qui restent « très pollués » (plus de 500 colonies bactériennes par 100 millilitres d’eau de mer) : la plage publique de Tripoli (Liban-Nord), la plage du port de Jounieh (Kesrouan), les côtes de Dbayé et Antélias au Metn et la plage publique de Ramlet el-Baïda à Beyrouth. Le littoral allant du Metn à Beyrouth reste celui présentant la plus forte pollution, en raison d’une urbanisation excessive sur la côte.

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La pollution bactériologique de la côte est un problème constant au Liban, du fait de l’absence ou de l’arrêt des stations d’épuration d’eaux usées dans le pays, malgré les millions de dollars qui y ont été investis durant trente ans.

Une « amélioration » inexpliquée 

Au cours de sa conférence de presse, Milad Fakhry a cependant souligné l’amélioration constatée lors des tests effectués sur ces sites, notant que le nombre de plages jugées propres à la baignade est passé de 22 en 2023 à 26 en 2024. Les sites pollués de manière intermittente et qui doivent être approchés avec prudence sont passés de 7 l’an dernier à 6 cette année. Quant aux sites extrêmement pollués, ils étaient 8 l’année dernière et ne sont plus que 5 cette année.

Interrogé par L’OLJ sur les raisons de cette « amélioration », Milad Fakhry indique que l’étude du CNRS ne permet pas d’établir ce paramètre, juste de constater le progrès ou le déclin de la qualité de l’eau. Il pense cependant que certaines municipalités ont dû améliorer leur gestion des plages, ou que certaines côtes ont pu bénéficier du déplacement de bouches d’égout par exemple.

Des poissons « comestibles »

Autre bonne nouvelle : les poissons pêchés localement présentent des taux de métaux lourds en général inférieurs à la moyenne, et sont donc propres à la consommation, selon le CNRS. Les tests ont porté sur onze espèces de poisson très prisées localement, et montré que leur taux de contamination par le cadmium, le plomb et le mercure est inférieur aux taux fixés par la Commission européenne.

Le rapport a étudié aussi deux espèces de coquillage très consommées localement, l’huître épineuse (Spondylus spinosus) et la Patella rustica, des animaux filtreurs particulièrement affectés par les polluants. Effectivement, les taux de pollution se sont avérés supérieurs à la normale dans ces deux espèces.

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Par ailleurs, dans les sédiments le long de la côte, les métaux lourds étaient présents à des taux modérés, à l’exception du cadmium, ainsi que du plomb dans le seul cas de la plage publique de Tripoli.

Enfin, sans surprise, les tests effectués par l’équipe du centre d’études marines du CNRS ont trouvé une haute contamination du littoral en déchets solides, et particulièrement en déchets plastiques. Les microplastiques, ces déchets qui se sont désagrégés dans l’eau et finissent par intégrer tous les écosystèmes et tous les corps, sont un problème qui frappe le Liban comme le monde entier, a souligné Tamara Zein, secrétaire générale du CNRS, dans une intervention durant la conférence de presse. Et le nouveau problème de taille constaté cette année est le volume grandissant de granulés de plastique, cette matière première utilisée dans l’industrie et qui se retrouve dans la mer.

Le Liban souffre d’une gestion des déchets ménagers traditionnellement catastrophique. Plusieurs grands dépotoirs sauvages sont situés sur la côte, sans oublier les deux décharges gouvernementales de Costa Brava et de Bourj Hammoud-Jdeidé, qui desservent Beyrouth et le Mont-Liban et qui se trouvent elles aussi sur le littoral. 

Le rapport annuel sur l’état des plages du Centre national de recherche scientifique (CNRS) a été exposé jeudi au siège de l’institution, à Bir Hassan (Beyrouth), par le directeur du centre d’études marines Milad Fakhry. Ce rapport est un rendez-vous annuel, sachant que le prélèvement des échantillons et les tests sont effectués tout au long de l’année. Les sites étudiés...
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