Massenet, Rossini, Satie, Tchaïkovski, mais aussi Abdel Wahab et Najib Hankash, le concert organisé samedi 25 mai par l’association Authenticité et Mission promet à son public un programme à la fois lyrique et instrumental qui met à l’honneur le répertoire riche et varié de musiciens prestigieux.
« L’association a été fondée en 2013 par Mgr Maroun Nasser Gemayel, elle a pour objectif de développer et renforcer les liens entre la France et le Liban, en promouvant des actions culturelles, sociales et artistiques. Le concert et cocktail dînatoire de samedi contribuera notamment à la réhabilitation d’une ancienne abbaye bénédictine à Saint-Pé-de-Bigorre, près de Lourdes, vouée à proposer un espace d’accueil franco-libanais », précise le vice-président de l’association, Roger Abi Jaber. Selon lui, l’implication de Micaela Mingheras dans la programmation a été particulièrement porteuse. D’origine roumaine, la cantatrice était soliste à l’opéra de Bucarest avant de rejoindre l’opéra de Paris en 1985. « J’ai longtemps été première soprano, tout en me produisant dans d’autres opéras français et internationaux. Aujourd’hui, je propose des masterclasses à l’opéra de Paris, ainsi que dans d’autres institutions, tout en continuant de chanter. Samedi soir, je suis heureuse de chanter pour le Liban, qui est dans mon cœur, pour soutenir le projet de l’association », confie la chanteuse lyrique avec émotion. C’est par l’intermédiaire de la marraine de sa fille, Rima Tawil, soprano et cheffe d’orchestre libanaise, qu’elle découvre le Liban.
« Depuis 2011, je propose régulièrement des masterclasses, avec la chorale de l’Université antonine, avec celle de la NDU, et le 15 juin, ce sera avec Ghassan Yammine », ajoute celle qui a également été la professeure de chant de Magida el-Roumi. La musicienne n’en démord pas : les voix libanaises sont belles et particulières. « On trouve des voix magnifiques au Liban, elles sont faciles à travailler, leur timbre est original. J’ai eu à cœur d’aider mes élèves libanais à poursuivre leur formation au Conservatoire de Paris, comme Marie-José Matar. J’ai toujours voulu organiser des concerts au Liban avec tous les chanteurs que je fais travailler, pour mettre en valeur les jeunes talents. Au Liban, on ne pense pas qu’on peut vivre du métier d’artiste, et la culture musicale est liée à une initiative individuelle, or il y a beaucoup de talent ! » insiste la cantatrice, qui n’a de cesse de s’engager sur le terrain pour soutenir les jeunes musiciens libanais. « Samedi, je vais commencer par deux chansons roumaines qui sont très joyeuses, je poursuivrai avec des airs de Rossini et de Mozart. Nous allons interpréter avec Béchara Moufarrej un duo d’Ernesto De Curtis, puis la chanson Li Beirut, en arabe et en français », annonce l’artiste avec entrain.
Les frères Rahbani, Rossini et Cléopâtre
La scène du concert solidaire accueillera également le violoniste Ondin Brezeanu, le danseur Stéphane Arestan, le baryton Zhiyi Zhu et le jeune pianiste et concertiste franco-libanais Gabriel Boutros, formé aux conservatoires de Bordeaux puis de Paris. « Je suis aussi compositeur, j’écris notamment pour des films, comme Les indociles de Jean-Marc Barr, disponible sur Arte. Au-delà de mon répertoire, je m’intéresse aux grandes musiques de film arrangées pour piano, et je propose samedi des musiques de Bernard Herrmann, qui a beaucoup composé pour Hitchcock », explique le jeune musicien, qui a déjà participé à des concerts en faveur de l’association Authenticité et Mission. Pour ce concert, Gabriel Boutros a choisi un répertoire autour des années 1960 et de l’amour, avec des airs arrangés par les frères Rahbani. « L’idée est que ce concert soit une scène vivante, qui propose des morceaux forts et expressifs : l’orchestration des Rahbani pour Khayef aoul elli fi albi apporte une énergie et une fraîcheur aux compositions originales, c’est une musique populaire qui fait partie intégrante de la culture libanaise », ajoute le pianiste. Il sera notamment en concert le 15 juin en Italie, à la villa Erba, qui est la maison d’enfance de Visconti. Il prépare également pour l’automne plusieurs représentations à Paris autour de la musique de Michel Legrand, tout en souhaitant organiser prochainement un concert au Liban.
Avec Werther de Massenet, La Danza de Rossini, Aatini naya wa ghani, composé par Nagib Hankash avec un arrangement des frères Rahbani, Béchara Moufarrej rendra compte samedi de la pluralité de ses registres musicaux. Le jeune ténor libanais souligne d’emblée que c’est à sa première professeure de chant, Badiaa Haddad, qu’il doit beaucoup. « D’autres professeurs m’ont beaucoup aidé, notamment Micaela Mingheras. J’ai été formé entre Rome, Milan et Paris, puis j’ai rejoint le National Opera Studio de Londres et me suis produit dans différents opéras », explique le prestigieux musicien. « Cela fait plusieurs fois que je collabore avec Authenticité et Mission, ils sont comme ma famille, et je suis heureux de pouvoir aider. Pour le 30 mai, je prépare un concert pour la Vierge Marie à la basilique Notre-Dame-de-la-Médaille-Miraculeuse d’Achrafieh. Les bénéfices sont destinés à des écoles et des hôpitaux libanais», poursuit le soliste. D’autres projets sont en cours : L’Olimpiade de Pergolèse, au London Opera House, pour cet été, puis Rigoletto, La Traviata, La Bohème, entre la Grande-Bretagne et la Serbie. « Je prépare aussi une grande production, Cléopâtre reine d’Égypte, avec Peace and Prosperity Trust, à Londres. La première aura lieu devant les pyramides d’Égypte, avant de nous produire en Amérique et en Europe », conclut Béchara Moufarrej avec enthousiasme.