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Culture - Événement

« We Design Beirut » : Itinéraire balisé de ses inratables

Le design fait son retour sur l’avant-scène beyrouthine, où il déroule à partir de ce jeudi 23 jusqu’au dimanche 26 mai ses multiples registres dans différents lieux de la ville. Expositions, conférences, visites d’ateliers ou de studios… Parcours choisi par « L'OLJ ».

« We Design Beirut » : Itinéraire balisé de ses inratables

La villa Audi accueille 33 pièces de designers libanais au cours de ce « We Design Beirut ». Photo DR

Lancement ce jeudi 23 mai de « We Design Beirut ». La capitale libanaise bruisse d’un petit vent d’excitation. Dans certains quartiers, les conversations en italien entremêlées d’anglais et de français redonnent un petit air cosmopolite à la ville.

Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus reçus ces touristes-là. Ceux qui ne viennent pas seulement profiter du soleil et de la mer du Liban mais déambulent dans les rues de Beyrouth, l’œil aussi intéressé par ses bâtisses patrimoniales et ses architectures hétéroclites que par ses studios de créateurs et ses ateliers d’artisans. Il fallait un événement pour les ramener (certes, moins nombreux qu’avant) vers ce pays qui refuse de s’abandonner au mauvais sort.

Un événement comme ce « We Design Beirut », mis en place par un duo déterminé à se battre pour conserver ce qui a toujours fait l’« exception culturelle libanaise » dans le monde arabe, à savoir son esprit d’ouverture et son avant-gardisme en matière d’architecture, de design et de mode de vie. Il s’agit en l’occurrence du designer industriel Samer el-Amin et de la communicante Mariana Wehbé qui, mus par la volonté de redonner à Beyrouth sa place de capitale du design dans la région, ont initié cette plateforme destinée à mettre en lumière, durant quelques jours festifs, les ressources créatives et artisanales du pays du Cèdre.

Et cela envers et contre tous les écueils… Car cette première édition de « We Design Beirut » programmée, à l’origine, pour octobre 2023, a dû être reportée à deux reprises, après l’irruption de la guerre israélienne à Gaza et les menaces d’extension du conflit, avant que ses organisateurs n’en fixent les dates du 23 au 26 mai.

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À partir d’aujourd’hui donc et durant quatre jours, un bouquet d’installations, d’expositions, de visites d’ateliers et de conférences (couronnées par des soirées pour collectionneurs et autres happy few) animeront le cœur de la capitale libanaise en dardant les projecteurs sur les différentes facettes du design local (et plus timidement régional) et les talents qui les sous-tendent.

Pour vous aider à choisir votre parcours dans le florilège de rendez-vous du design concoctés par le tandem initiateur (en partenariat avec le studio de communication visuelle Bananamonkey), L’OLJ vous en décline les différentes propositions réparties sur différents lieux.

Un top 33 à la villa Audi

À commencer par la villa Audi (Achrafieh, près du centre Sofil). Une visite incontournable pour ceux qui voudraient avoir une vue d’ensemble des meilleurs designers libanais du moment. De Karen Chekerdjian au jeune collectif Éditions Levantine, en passant par Georges Mohasseb, Samer Abou Rjeili... vous y découvrirez une sélection de créations mobilières de 33 designers de produits. Présentées, qui plus est, dans un lieu d’exception. En l’occurrence, dans cette demeure patricienne du XIXe siècle, reconvertie aujourd’hui en musée privé de la mosaïque. Et dont les salles de réception richement ornementées portent l’écho du patrimoine culturel et artisanal de la région comme le suggère le titre de cette exposition organisée par Joy Mardini et William Wehbe) : Past Echoes : A Journey through Middle Eastern Product Design.

Jour J -2 au PSLab, les artisans commencent à installer des pièces échantillons de leurs savoir-faire. Photo Mohammad Yassine

Artisans et métiers d’art au PSLab

S’acheminer ensuite vers Mar Mikhaël, pour découvrir le travail des communautés artisanales du Liban au PSLab. L’espace de cet ancien atelier de production d’éclairages, situé sur la rue bordant le siège de l’Électricité du Liban, est entièrement dédié aux métiers d’art… Et à ses créations corollaires. Outre les démonstrations en direct de sculpture sur bois, de dinanderie (martelage de cuivre, de laiton ou d’étain), de tissage de rotin et de soufflage de verre par des maîtres artisans (rassemblés par The Ready Hand, la plateforme dédiée à la promotion de leurs diverses compétences), les visiteurs pourront y découvrir le prototype d’une habitation démontable conçue entièrement en rotin et bambou par 7 architectes italiens et fabriqués par des artisans libanais. Une « collaboration méditerranéenne » réalisée en partenariat avec la Fondazione Cologni Mestieri d'arte.

Mais aussi la vitrine de Rhea Younes (Collective Y), de créations mobilières portant les signatures de designers de la région reconnus à l’international, ainsi que l’installation de l’architecte Karim Nader accompagnée de la série de clichés Vision from Beirut du photographe belge Julien Lanoo, qui présente son travail comme « un hommage au passé de cette ville ». À signaler qu’une discussion modérée par Christiane Tawil (Déco Magazine) est également prévue (sur place) entre ces deux artistes et la curatrice et critique d’art Nayla Tamraz, le 24 mai, à 19h30.

Des métiers d'art revisités par les designers au PSLab. Photo Mohammad Yassine

Regards sur le futur à l’usine Abroyan

Vous préférez aborder les rivages futurs du design durable ? Prenez plutôt la direction de l'usine Abroyan à Bourj Hammoud. Vous découvrirez dans ce site industriel désaffecté des années 1930 – qui hébergeait autrefois une usine textile florissante – des espaces d’expositions dédiés aux thématiques qui sous-tendent le design de l’avenir, à savoir la durabilité et le respect de l'environnement.

Outre une vitrine mettant en lumière la capacité du Liban à produire des matériaux durables et « ecofriendly », une exposition consacrée aux projets d’étudiants et jeunes diplômés de moins de 30 ans – sélectionnés par Federica Sala, Anne-France Berthelon et François Leblanc Di Cicilia, trois experts internationaux – présente des spécimens de produits développés à partir de matériaux durables et recyclés.

Passage par les emblématiques Interdesign et Fondation Corm

Dans ce même esprit de curiosité pour les modes de productions et leur empreinte sur le paysage du design au Liban, ne manquez pas de faire un saut à Clemenceau (de l’autre côté de la ville) pour y découvrir le bâtiment Interdesign. Un immeuble à l'architecture brutaliste conçu en 1973  par Khalil Khoury pour servir de showroom à sa propre production de meubles. C’est dans ses murs que Bernard et Teymour Khoury, le fils et le petit-fils du grand architecte et pionnier du design libanais, organisent une rétrospective de ses créations. Intitulée All things must(n't) pass (Tout ne doit pas passer), cette exposition, réunissant aussi bien des documents historiques, des photographies, des dessins et modèles architecturaux, des œuvres d'art, que des meubles et des prototypes, témoigne de cinquante ans de création architecturale et mobilière à la veine intemporelle.

L'immeuble Interdesign à Clemenceau, une architecture brutaliste signée Khalil Khoury. DR

Autre visite recommandée pour les amateurs d’architecture : la Fondation Charles Corm (située sur l’artère arrière de la rue de Damas, face au Grand Lycée). Cette bâtisse blanche à la silhouette unique en son genre à Beyrouth inspirée fortement des premiers gratte-ciel américains, érigée en 1928 pour abriter les bureaux et les ateliers d’assemblage de la concession Ford au Levant, avait été transformée à la fin des années 1930 en demeure familiale par le poète Charles Corm. Aujourd’hui siège de la Fondation Corm, ce bâtiment abrite un musée comprenant de meubles Art déco et Bauhaus, une impressionnante bibliothèque, une Ford modèle des années vingt et tout un univers témoin d’un certain art de vivre à Beyrouth au début du siècle passé.

C’est dans ce lieu emblématique que se tiendra, d’ailleurs, le dimanche 26 mai, à 10h, la conférence de Nicolas Fayad et Charles Kettaneh, du studio East Architecture, sur leur projet de rénovation de la (Oscar) Niemeyer Guest House, l’un des bâtiments conçus par le célèbre architecte brésilien sur le site de la Foire de Tripoli dans les années d’avant-guerre. Une rénovation qui a valu aux deux architectes libanais le prix Aga Khan pour l’architecture en 2022. Et dont ils détailleront les travaux avec George Arbid, du Centre arabe pour l'architecture.

Visites de studios ou conférence sur le « design humanitaire » ?

Parmi les conférences de spécialistes à ne pas manquer on retient celle que donnera la curatrice de la triennale de Milan, Erica Petrillo, à l’ALBA (vendredi 24 mai, à 11h, auditorium Samir Abillama) sur le design humanitaire. Une thématique qui titille la curiosité… Surtout en ces temps dominés par les questions des réfugiés. Avis donc aux intéressés.

Visite du studio de la designer Nada Debs. DR

Sinon, We Design Beirut offre évidement l’occasion de faire la tournée des studios et showrooms des grands designers de la place. À l’instar de celui de Nada Debs à Gemmayzé. La fameuse designer, qui a contemporanéisé l’esprit et les motifs de la marqueterie au Moyen-Orient, lève le voile sur sa nouvelle  collection SwirlMania exclusivement consacrée cette fois aux tables d’appoint. Ou celui de la créatrice Marie Munier qui présente ses sculptures lumineuses en laiton et argent et ses créations d’art de la table dans un nouvel espace à Achrafieh (immeuble 5, rue Mohammad Baydoun, secteur Nasra). Sans oublier de visiter également les locaux, situés dans des secteurs plus industriels, de Karen Chekerdjian dans une ancienne usine de la Quarantaine, côté route maritime, ou le studio Manda de Georges Mohasseb, à Sed el-Bauchrié.

Voilà le parcours choisi par L’Orient-Le Jour. À vous d’ y piocher des idées pour suivre le vôtre… Programme complet à retrouver ici.

Lancement ce jeudi 23 mai de « We Design Beirut ». La capitale libanaise bruisse d’un petit vent d’excitation. Dans certains quartiers, les conversations en italien entremêlées d’anglais et de français redonnent un petit air cosmopolite à la ville.Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus reçus ces touristes-là. Ceux qui ne viennent pas seulement profiter du soleil et de...
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