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Culture - Événement

« We Design Beirut » : 4 jours pour renouer avec le beau sous toutes ses formes

Du 27 au 30 octobre prochain, Beyrouth va retrouver sa vitalité et ses couleurs, et récupérer peut-être sa place de catalyseur de la créativité dans la région, grâce à l’initiative de la créatrice d’événements Mariana Wehbé et du designer Samer el-Amine. Petit avant-goût de ce qu’ils proposent.

« We Design Beirut » : 4 jours pour renouer avec le beau sous toutes ses formes

Samer el-Amine. Photo Roger Moukarzel

Ils auraient pu, l’un comme l’autre, poursuivre tranquillement leurs carrières bien établies à l’étranger, sans se préoccuper de ce qui se passe (ou ne se passe pas) au pays du Cèdre. Mais Samer el-Amine, qui réside depuis 2012 à Milan, où il a son propre studio de design, et Mariana Wehbé, figure connue des relations publiques et de l’événementiel au Liban et à Dubaï (où elle s’est installée ces dernières années), ne pouvaient se résigner à voir la scène design libanaise s’étioler, abandonnée à son sort, depuis 5 ans. Plus précisément depuis octobre 2018, date à laquelle s’est tenue la dernière foire de design à Beyrouth (Beirut Design Fair), avant qu’une succession de crises – sociale, financière et sanitaire couronnées par la double explosion au port de Beyrouth – ne frappe de plein fouet ce secteur extrêmement dépendant de la santé économique du pays. Un secteur particulièrement impacté par la tragédie du 4 août, et dont les principaux acteurs, à savoir les designers et les artisans, sont ainsi passés d’une période de plein essor à un rythme de production nettement plus ralenti ou, pour les plus chanceux, exclusivement dépendant de la demande étrangère.


Le local du PSLAB à Mar Mikhaël servira de vitrine au savoir-faire artisanal libanais. DR


Depuis Royère et Niemeyer

Réintroduire une certaine vitalité sur la scène créative locale, à travers un événement festif qui mette à nouveau en lumière ses talents et ses compétences, mais aussi redonner à Beyrouth son rôle pionnier de vitrine du beau et du bon goût dans la région : tel est le double objectif poursuivi par Mariana Wehbé et Samer el-Amine, les concepteurs et organisateurs de We Design Beirut.

Mariana Wehbé. Photo Sebastian Böttcher

« Lorsque Marianna m’a contacté fin 2022 pour me proposer de mettre sur pied avec elle un événement qui revivifie Beyrouth à travers la célébration et la promotion de la création et du design, j’ai aussitôt été emballé par l’idée. Et bien que ne bénéficiant d’aucun soutien financier préalable, nous nous sommes lancés tous les deux dans ce projet avec le désir de participer modestement et à notre niveau, à redonner à la capitale libanaise sa place historiquement prépondérante dans ce domaine dans la région », révèle à L’Orient-Le Jour Samer el-Amine. Car « l’architecture, la décoration et la conception mobilière de niveau international existent depuis plus d'un siècle au Liban. Et des architectes et designers célèbres tels que le Français Jean Royère ou le Brésilien Oscar Niemeyer y ont laissé leurs empreintes puissantes et y ont fait des émules », tient à rappeler cet ex-publicitaire qui s’est lui-même réorienté vers le design par passion. Une double compétence qu’il met à contribution dans l’élaboration de cette première édition de We Design Beirut qui se veut autant un Salon professionnel et un catalyseur de l'écosystème du design actuel qu’une célébration festive – et à fort potentiel touristique – de la capitale libanaise.


Immersion multidisciplinaire

Pour cet événement immersif qui s’étendra donc sur 4 jours pleins, Samer el-Amine a concocté (en partenariat avec l'agence de branding Bananamonkey et en s’appuyant sur un comité formé de 10 professionnels ou « amis » des arts et du design au Liban) un riche programme proposant des vitrines de créateurs, des visites de studios, des installations, des conférences et des ateliers dans les domaines de l'architecture intérieure, du mobilier, du design de produits, de l'art fonctionnel, de la céramique mais aussi  des tours et des soirées festives…

Une programmation multidisciplinaire impliquant tous les acteurs du secteur du design (créateurs, artisans, designers établis ou émergents, galeristes, producteurs, enseignants et journalistes…) à travers une programmation axée autour de 3 grandes thématiques : le développement durable (We Sustain), le soutien à l’artisanat (We Empower) et la préservation du patrimoine acquis (We Preserve). Et des plateformes réparties dans des lieux iconiques de la capitale, à l’instar du fameux Egg au centre-ville, de la Villa Mokbel à la rue Sursock, du Cinéma Royal à Bourj Hamoud (où aura lieu la soirée de clôture) et des locaux de PSLab à Mar Mikaël.

La foire Oscar Niemeyer à Tripoli, un lieu emblématique d'un certain historique du design au Liban. Photo DR

Dans l’Egg, à la villa et à la foire…

Ainsi, l'Egg (ou l’Œuf), la construction ovoïde inachevée de l’architecte Joseph Philippe Karam datant de 1965, se transformera en Hub éducatif l’espace de ces quatre jours. « Une exposition collective de pièces d’étudiants ou de frais diplômés réalisées dans un esprit de développement durable et avec des matériaux recyclés y sera présentée sous le curatoriat de trois experts internationaux. Avec des Talks à l’appui », signale el-Amine.

Dans l’enceinte de la belle villa ancienne de la rue Sursock, ce sont les grands noms du design libanais (Nada Debs, Karen Chekerdjian, Karim Chaya, Thomas Trad etc.) qui seront réunis sous les lambris fin de siècle – portant encore les stigmates de l’explosion du 4 août – par le duo de curateurs spécialisés, Joy Mardini et William Wehbé, de Babylon The Agency. Et sous l’étiquette We Preserve.


C'est dans le cadre patrimonial de la villa Mokbel que se tiendra l'exposition des designers libanais. Photo DR


Tandis que l’atelier PSLAB de conception de luminaires à Mar Mikael, également dévasté par la tragédie du 4 août, sera le quartier général de l’artisanat, avec la plateforme We Sustain. « L’exposition qui s’y tiendra a été conçue dans un esprit de démonstration des savoir-faire traditionnels libanais, précise l’organisateur. A titre d’exemple, on pourra y voir aussi bien le travail formidable d’un ébéniste de Douma (un village enclavé du Liban-Nord, Ndlr) âgé de 77 ans – que nous avons découvert grâce au répertoire The Ready Hand des artisans libanais – que les créations d’art des artisans travaillant sous la férule de designers contemporains locaux ou étrangers ». La pièce majeure de ce volet artisanal sera néanmoins issue de « la collaboration entre six architectes italiens (dont deux viennent de remporter le titre d’architecte de l’année 2023 à la triennale de Milan) avec des artisans libanais autour d’un projet d’habitation entièrement exécuté en bambou et rotin », signale avec enthousiasme le designer libanais. Qui se réjouit d’annoncer qu’ « après Beyrouth, ce projet sera exposé au prochain Salon del mobile à Milan, ce qui offrira encore plus de visibilité internationale aux compétences de nos artisans ».

Autre point fort inscrit au calendrier de We Design Beirut : la visite de la Foire Rachid Karamé de Tripoli conçue par Oscar Niemeyer. « Il s’agit du plus grand projet réalisé par l’architecte en dehors de son Brésil natal », rappelle Samer el-Amine. Ce site emblématique, à la construction achevée à la veille de la guerre civile libanaise, est resté durant des décennies inutilisé. Il a récemment été partiellement rénové par EAST Architecture Studio (Charles Kettaneh et Nicolas Fayad lauréats du prix Aga Khan pour 2022), et héberge actuellement l’atelier Minjara qui apporte, par des collaborations avec des designers, un souffle contemporain au travail des artisans tripolitains.

Voilà donc quelques bribes d'une belle initiative privée – comme tout ce qui se fait au Liban – qui promet aux Beyrouthins et aux touristes – collectionneurs et professionnels étrangers attendus – 4 jours d’immersion totale dans le beau, le bon et l’innovant. Si tout se déroule comme annoncé…

Ils auraient pu, l’un comme l’autre, poursuivre tranquillement leurs carrières bien établies à l’étranger, sans se préoccuper de ce qui se passe (ou ne se passe pas) au pays du Cèdre. Mais Samer el-Amine, qui réside depuis 2012 à Milan, où il a son propre studio de design, et Mariana Wehbé, figure connue des relations publiques et de l’événementiel au Liban et à...

commentaires (1)

Wonderful project. Thank you OLJ for showcasing the work of so many talented Lebanese who continue to support our beautiful country. We shall rise up yet again.

Mireille Kang

01 h 24, le 15 septembre 2023

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Commentaires (1)

  • Wonderful project. Thank you OLJ for showcasing the work of so many talented Lebanese who continue to support our beautiful country. We shall rise up yet again.

    Mireille Kang

    01 h 24, le 15 septembre 2023

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