
Une jeune fille palestinienne marche au milieu des débris après une opération des forces spéciales israéliennes dans le camp de Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 9 juin 2024. Photo Eyad Baba/ AFP
Au matin du 8 juin, quatre otages israéliens ont été libérés lors d'une opération dans le camp de Nusseirat, dans la bande de Gaza. Cette action a été qualifiée « d'héroïque » par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Elle a toutefois entraîné la mort de 274 Palestiniens, notamment des femmes et des enfants, et fait plus de 700 blessés, selon les autorités de Gaza. L'armée israélienne, elle, affirme que l'opération a fait moins de 100 victimes.
La libération des otages a eu lieu la veille de l'annonce de la démission de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, suite à des désaccords avec M. Netanyahu sur la stratégie à adopter dans la guerre à Gaza. Cette annonce devait avoir lieu samedi, mais avait été rapportée au lendemain, en raison de l'opération en question.
Voici ce que l’on sait de cette action des forces spéciales israéliennes, selon les informations de médias comme CNN, le Washington Post et le New York Times.
Que s’est-il passé pendant le raid ?
Les forces spéciales israéliennes, soutenues par l'armée, les renseignements et l'aviation, ont investi deux bâtiments de trois à quatre étages à Nusseirat, libérant quatre otages : Noa Argamani, Almog Meir Jan, Andrey Kozlov et Shlomi Ziv, tous « enlevés » par le Hamas le 7 octobre sur le site du festival de musique electro Nova, selon l'armée israélienne. Au cours des trois dernières semaines, l'opération secrète a été annulée à plusieurs reprises, d'après le New York Times. Au matin du 8 juin, le chef d'état-major de l'armée israélienne et celui du service des renseignements intérieurs (Shin Bet) ont donné le feu vert final juste avant le début de l'opération à 11h, a déclaré l'amiral israélien Daniel Hagari au New York Times. Ils ont choisi d'agir en plein jour pour « surprendre » le Hamas, a-t-il expliqué.
L'officier a déclaré au média américain qu’il avait reçu des renseignements à l’avance sur l’emplacement des otages. Depuis le 7 octobre, les services de renseignements israéliens, avec l'aide de leurs homologues américains et britanniques, ont étudié les indices numériques, les images de drones et les interceptions pour localiser les otages. Récemment, ils se sont concentrés sur Nusseirat, où se trouvaient les quatre captifs, d’après le Washington Post.
« Les Etats-Unis apportent leur soutien à Israël depuis plusieurs mois, notamment pour l'identification des lieux de détention des otages à Gaza et pour aider à leur libération ou à la restitution (de leurs corps) », a affirmé le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, dans un entretien à CNN. « Mais je ne commenterai pas les détails de cette aide, notamment celle relative à l'aspect opérationnel ou de renseignement. (...) Je peux juste dire que nous avons apporté un soutien concret à l'armée israélienne afin de ramener tous les otages chez eux, notamment les otages américains. (...) Je peux juste dire qu'il n'y avait pas de troupes américaines au sol, lors de cette opération », a-t-il ajouté.
Lors de la première phase de l'opération, l’armée israélienne a ciblé l'infrastructure du Hamas, a déclaré l'amiral Hagari à CNN. Ensuite, le commando s’est infiltré dans le camp de réfugiés et a mené une opération terrestre, soutenu par des bombardements intensifs dans les rues bondées du camp, d’après le Washington Post. Selon CNN, certains membres des forces spéciales étaient déguisés en palestiniens et en membres du Hamas, d'après des témoins. L’amiral Hagari a également précisé au média que le commando israélien avait été sujet à des tirs intenses, notamment de roquettes, de la part des combattants palestiniens, ce qui a coûté la vie à un officier israélien. Pour assurer la sortie du commando du camp, ses chefs ont alors demandé un soutien aérien. « L'armée de l'air a commencé à tirer pour leur donner un couloir, un mur de feu », a déclaré le général de division à la retraite David Tsur, au Washington Post.
Une fois les captifs récupérés et placés dans deux hélicoptères stationnés proches du port flottant humanitaire américain, les militaires ont annoncé par radio : « Les diamants sont entre nos mains. » Vers 13h30, le gouvernement israélien a annoncé que les quatre otages ont été libérés.
Un carnage côté palestinien
Côté palestinien, des témoins ont décrit des troupes arrivant à bord de deux véhicules d'infiltration, dont l'un ressemblait aux camions utilisés par Israël pour faire entrer l’aide humanitaire dans l’enclave, bien que cela ait été démenti par l’État hébreu. En amont de l’opération, l'aviation israélienne a lourdement bombardé le secteur, selon des témoins palestiniens sur place. Nidal Abdo, un habitant du camp de Nusseirat, a déclaré à CNN que « peut-être 150 bombes sont tombées en moins de 10 minutes, alors que nous nous enfuyions, d'autres sont tombées sur le marché ».
Les résidents locaux, pour la plupart des déplacés, ont décrit l’attaque comme « un enfer sur terre », alors que les services d’urgence de l’hôpital d’al-Aqsa à Deir el-Balah étaient débordés par l’arrivée massive de blessés.
Jake Sullivan a pour sa part admis qu'il y avait eu des victimes civiles, les qualifiant de « tragiques », et réitéré l'appel des États-Unis au Hamas pour qu'il accepte la dernière proposition américaine pour mettre un terme au conflit en cours, écrit CNN.
Après l'opération, Abou Obeida, porte-parole de la branche militaire du Hamas, a déclaré qu'Israël avait tué plusieurs otages. Hagai Levine, du Forum des familles d'otages et de disparus, a affirmé à CNN que des opérations comme celle qui a libéré les quatre otages ne pouvait pas sauver les 120 restants. Il a appelé à un accord de cessez-le-feu pour le retour de tous les otages.
LES RENSEIGNEMENTS ONT ETE DONNES PAR LE PARTENAIRE AMERICAIN DU GENOCIDE DES GAZAOUIS.
10 h 46, le 11 juin 2024