Édito Édito

Diabolisation


Avant de fustiger, de déloger ou d’incarcérer les étudiants qui manifestent pacifiquement en faveur de la Palestine dans une quarantaine de campus aux États-Unis, mais aussi à Beyrouth, Paris, Berlin, Montréal, Sydney, Lausanne et Mexico, il faudrait d’abord se demander pourquoi ces jeunes en sont arrivés là. Prétendre que les étudiants de Science-Po se mobilisent parce que la plupart d’entre eux votent en faveur de la France insoumise, comme le soutient le philosophe Alain Finkielkraut dans un entretien récent, est absurde, car si tel est le cas, y aurait-il donc des Mélenchonistes à l’université de Columbia ? Soyons sérieux ! Réclamer un cessez-le-feu à Gaza n’a rien d’antisémite, c’est une réaction naturelle, fondée sur le droit humanitaire, justifiée par le refus des massacres et des fosses communes, comme autrefois au Rwanda où la communauté internationale a brillé par un silence coupable qu’on lui reproche aujourd’hui. Ne prenons pas les étudiants pour des imbéciles manipulés, et ne muselons pas leur liberté, la « cancel culture », ou l’intolérance à l’égard des opinions divergentes, étant le nouveau visage de l’obscurantisme dont on a eu une illustration lamentable avec la campagne orchestrée au Liban contre le dramaturge Wajdi Mouawad – preuve que cette tendance liberticide se retrouve dans tous les milieux.

Ce qui est surtout frappant dans cette situation, c’est que l’État hébreu s’est disqualifié lui-même, se transformant de victime d’actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre, en un bourreau sans foi ni loi, capable de raser impitoyablement des quartiers entiers et de causer plus de 100 000 morts et blessés, dont des milliers d’enfants, ce qui, par la force des choses, a provoqué une vague d’indignation dans le monde, notamment chez les jeunes, frondeurs de nature, et un revirement de l’opinion publique internationale qui a vu l’horreur changer de camp…

« Tous ces jeunes gens nous expliquent qu’il faut dénoncer un génocide à Gaza. Israël génocidaire, c’est une absurdité », prétend pourtant Finkielkraut en regrettant une jeunesse « ignorante » du passé, particulièrement de l’histoire de la Shoah. Or ce raisonnement est réducteur. Car c’est précisément parce qu’ils connaissent très bien l’Histoire et la définition du mot « génocide », que ces jeunes osent dire que les massacres perpétrés chaque jour à Gaza doivent cesser.


Avant de fustiger, de déloger ou d’incarcérer les étudiants qui manifestent pacifiquement en faveur de la Palestine dans une quarantaine de campus aux États-Unis, mais aussi à Beyrouth, Paris, Berlin, Montréal, Sydney, Lausanne et Mexico, il faudrait d’abord se demander pourquoi ces jeunes en sont arrivés là. Prétendre que les étudiants de Science-Po se mobilisent parce que la...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut