Une réponse calibrée et limitée pour éviter l’escalade régionale. Moins d’une semaine après la riposte iranienne contre Israël, l’État hebreu semble à son tour avoir répondu dans la nuit de jeudi à vendredi. Que retenir de cette attaque israélienne ? Est-elle susceptible de provoquer une nouvelle réponse iranienne ? L’Orient-Le Jour fait le point avec les premiers éléments de réponse.
Les faits :
• Selon des responsables américains cités par CBS News, Israël a conduit des frappes contre l’Iran dans la nuit de jeudi à vendredi. L’information a été confirmée par deux responsables israéliens dans le New York Times. Trois responsables iraniens ont également affirmé au NYT qu’une frappe avait touché une base militaire aérienne près d'Ispahan (centre).
• L'Iran a activé tôt vendredi sa défense aérienne dans plusieurs provinces après des informations d'explosions dans le centre du pays, a indiqué l'agence officielle Irna. Téhéran a fait état vendredi matin de trois explosions vers 4h du matin heure locale, près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.
• Des drones ont été abattus mais il n'y a « pas eu d'attaque par missiles jusqu'à présent », ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan, sont « totalement en sécurité », a précisé l'agence Tasnim. L'agence Irna a en outre annoncé qu'il n'y avaut eu « aucun dégât majeur ».
• Les officiels israéliens n’ont fait aucune déclaration pour le moment.
• Des explosions ont également été signalées dans le sud de la Syrie, près d’une position de radar de l’armée syrienne, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Le contexte :
• Cette frappe israélienne semble être la première réponse à l’attaque iranienne qui s’est déroulée dans la nuit de samedi à dimanche. Pour la première fois de son histoire, la République islamique avait attaqué directement Israël, rompant avec une stratégie adoptée depuis des décennies.
• Israël avait promis une réponse « significative et imminente » à l'attaque iranienne. Sous la pression internationale, notamment des États-Unis, Tel-Aviv semble néanmoins avoir opté pour une opération limitée et calibrée.
• Les responsables iraniens avaient menacé de répondre immédiatement à une nouvelle attaque israélienne.
• Le Hezbollah a mené ces derniers jours des frappes de précision contre le nord de l'État hébreu, comme pour lui transmettre le message suivant : en cas d’escalade, l’Iran ne sera pas seul. Des sirènes d'alerte ont ainsi retenti dans le nord d'Israël peu après la frappe.
• Les États-Unis ont exercé une forte pression toute la semaine sur leur allié israélien pour le convaincre de ne pas riposter de manière à provoquer une guerre régionale.
• Washington, qui avait demandé à son allié de coordonner sa réponse avec lui, a été prévenu mardi qu’une opération allait se dérouler dans les 24 à 48 heures, sans toucher les installations nucléaires de l’Iran, selon des responsables américains. La Maison Blanche n'aurait cependant pas approuvé la réponse israélienne, selon un officiel cité par CNN.
Les enjeux :
• Israël a bénéficié de la coordination de plusieurs pays occidentaux et arabes pour se défendre contre l’attaque iranienne. Cet acquis aurait été sérieusement remis en question par une attaque israélienne de grande ampleur contre l’Iran.
• Israël semble avoir voulu montrer qu’il était capable de mener une attaque en territoire iranien tout en cherchant à éviter une réponse de Téhéran, notamment en évitant de cibler des installations nucléaires.
• Les Israéliens semblent avoir agi contrairement aux Iraniens : surprise, dégât, discrétion. Cela pourrait permettre aux deux parties de sauver la face et d'éviter une escalade de grande ampleur. L'Iran a rouvert vendredi matin son espace aérien, tout en minimisant la portée de ces frappes, alors qu'une source a indiqué à l'agence Mehr, proche des gardiens de la révolution, que les explosions entendues provenaient de l'interception de trois drones par les systèmes de défense iraniens.
• Cette frappe s’inscrit ainsi dans le cadre de la guerre de l’ombre qui oppose les deux pays depuis des années, comme l'indique notamment l'absence de revendication.
• Plusieurs questions restent pour le moment en suspens : quel était exactement l'objectif visé par les Israéliens et a-t-il été atteint ? D'où celle-ci a-t-elle été menée ?
On exhorte même, et quel euphémisme, à la "désescalade". L’intervention chirurgicale israélienne par des technologies tellement avancées rendant le droit international obsolète, et c’est par habitude qu’elle viole tous les espaces aériens. Pour la propagation du feu dans la région, on saura si un pays plus proche de l’épicentre du conflit (je pense à un pays, au royaume frontalier) où la partition est encore un tabou. On connait sa délicate position dans cette guerre, mais on connait pas encore si la "paix froide" sera menacée…
14 h 13, le 19 avril 2024