Nouvelle journée sanglante : un civil et trois membres du Hezbollah tués

Des attaques israéliennes particulièrement violentes ont fait quatre morts au Liban-Sud, dans la nuit de mercredi à jeudi puis dans la journée : un civil a été tué à Khiam et trois membres du Hezbollah à Kfar Kila et à Blida. En riposte, le parti chiite a lancé plusieurs frappes contre des sites israéliens.

La victime civile tombée à Khiam est un bédouin appelé Ahmad Hassan Ahmad, résidant à Habbouche, mais qui se trouvait à Khiam en visite, selon des sources sécuritaires et des habitants cités par notre correspondant Mountasser Abdallah. Il a été tué dans ce que les habitants ont décrit à L'Orient-Le Jour comme les frappes israéliennes « les plus violentes » sur cette localité pourtant souvent visée depuis le début des affrontements le 8 octobre dernier. Selon les mêmes sources, les frappes nocturnes, qui ont consisté en des centaines d'obus d'artillerie, six raids aériens et des tirs de bombes au phosphore blanc, ont détruit trois maisons et endommagé partiellement des dizaines d'autres. « Les obus n'arrêtaient pas de tomber, raconte un habitant à notre correspondant sous couvert d'anonymat. Des détonations fortes étaient entendues dans tous les quartiers du village, sans discontinuer, et les maisons tremblaient avec chaque raid aérien. » Il a également évoqué des incendies provoqués dans la région par le phosphore blanc, une matière hautement inflammable.

281 morts dans les rangs du Hezb

En outre, dans la matinée, le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses combattants : Ali Ahmad Hamadé, né en 1970 et originaire de Doueir, et Mohammad Jamil Chami, né en 1982 et originaire de Kfar Kila. Selon des informations de notre correspondant, les deux hommes ont été tués dans une frappe de drone sur Kfar Kila mercredi soir.

Plusieurs autres villages du Sud, tels que Deir Mimas, Chebaa, Tallet el-Azziyé et Taybé, ont également été visés par des tirs d'artillerie nocturnes. En journée, des maisons dans les environs de Markaba et Blida ont été visées. Dans cette dernière localité, une frappe sur une habitation a tué un troisième membre du Hezb : Hussein Ali Hazimé, né en 1996 à Meis el-Jabal. Ces décès portent à 281 le nombre de membres et combattants du Hezbollah qui ont été tués en Syrie et au Liban depuis le début des affrontements avec Israël.

Après ces tirs israéliens violents, le parti chiite a annoncé au moins neuf attaques contre Israël jeudi : à minuit, il a visé une patrouille de soldats israéliens qui tentaient d'évacuer un véhicule militaire précédemment ciblé près de Metoula, puis à l'aube il a visé avec des missiles des militaires israéliens au niveau du site de Malikiyé, face au village libanais de Aïtaroun. Une autre frappe, avec des missiles, a visé des soldats et des véhicules au niveau du site de Marj, face à Markaba. Cette frappe a été lancée après « une surveillance précise » des mouvements de troupe sur ce site et a fait « des victimes », selon le parti chiite, qui a également tiré à deux reprises des missiles sur les alentours de la localité israélienne de Hanita, face à Alma el-Chaab, visant des soldats.

Dans ce contexte explosif, des médias locaux ont souligné une mobilisation sécuritaire exceptionnelle du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Cette région surpeuplée et fief du parti chiite est, jusque-là, épargnée par les affrontements, à l'exception d'une frappe de drone début janvier qui a tué le numéro deux local du Hamas, Saleh el-Arouri.

La Finul persiste et signe

De son côté, et malgré la hausse des tensions, le porte-parole de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), Andrea Tenenti, a déclaré dans un communiqué que « les Casques bleus continuent de s'acquitter de leur mission, tout comme le personnel civil » de la Finul, rapporte l'Agence nationale d'information. « Le travail de la Finul se poursuit, y compris les patrouilles, les convois d'approvisionnement et de logistique et les rotations de troupes, à l'intérieur et à l'extérieur du Liban », a-t-il déclaré. Soulignant que « la sécurité du personnel de l'ONU et de leurs familles est (notre) priorité », il a expliqué qu'« en octobre 2023, la Finul a décidé, par prudence, de reloger les familles de son personnel civil en dehors de la zone d'opérations, notamment à Tyr ». Des médias rapportent régulièrement que la Finul, qui opère le long de la frontière avec Israël, a mis un terme à ses opérations, ce qui est à chaque fois démenti.

De l'autre côté de la frontière, les commandants des 91e et 146e divisions de l'armée israélienne ont rencontré les chefs des autorités et des conseils locaux du nord du pays, ainsi que des commandants déployés dans cette région, pour leur présenter leur évaluation de la situation et les activités qu'ils entreprennent pour accroître la préparation dans le Nord face à une éventuelle escalade avec le Hezbollah, rapporte le quotidien Haaretz.