
Le journaliste libanais Rami Naïm. Photo tirée de sa page Facebook
L'armée libanaise a arrêté samedi le journaliste Rami Naïm, un opposant notoire au Hezbollah, qui lors d'une interview diffusée mardi dans l'émission « Manchette el-Masa » (La manchette du soir) sur la station de radio Voix du Liban, avait affirmé qu'il était prêt à « tirer sur les forces de l'ordre ». L'armée libanaise a confirmé à notre publication l'arrestation du journaliste, sans plus de détails. Selon les médias locaux, le journaliste a été relâché quelques heures plus tard après avoir signé un engagement de ne plus porter atteinte aux forces de l'ordre.
Rami Naïm, qui écrit pour la plateforme d'information en ligne elsiyasa.com, critiquait au cours de l'interview ce qu'il estime être une politique des deux poids deux mesures des forces de l'ordre à l'égard des personnes proches du Hezbollah et de ses détracteurs. Selon la vidéo de l'enregistrement, que Naïm a partagée sur le réseau X dans la nuit de vendredi à samedi, il avait lancé : « Si les forces de l'ordre commettent une erreur dans un secteur où je me trouve, nous tirerons sur les forces de l'ordre et l'armée libanaises... Soit nous sommes traités comme eux [le Hezbollah], soit nous appelons à la désobéissance face à tous les services de sécurité ».
Avant de faire ces commentaires, le journaliste avait notamment donné l'exemple du chef de clan et trafiquant de drogue notoire Nouh Zeaïter, qui est selon lui protégé par le Hezbollah. Il a affirmé que les forces de sécurité libanaises et l'armée « demandent la permission » du parti lorsqu'elles veulent mener des opérations dans les zones qu'il contrôle.
Appliquer le système
Vendredi soir, le journaliste a cependant passablement nuancé sur X ses propos diffusés « à la veille de la mort de Pascal Sleiman », semblant se distancier de toute animosité perçue envers l'armée libanaise. « Ce que je disais était clair : je demandais à l'armée et aux forces de sécurité d'appliquer le système, même face aux voyous », a-t-il écrit, ajoutant : « Nous sommes avec l'armée et nous n'avons confiance qu'en elle ».
Pascal Sleiman, chef des Forces libanaises dans la région de Jbeil, avait été tué en début de semaine par un gang syrien, selon les premières investigations de l'armée libanaise, et son corps avait été retrouvé à la frontière libano-syrienne ; cependant, nombreux sont ceux qui accusent le Hezbollah d'être à l'origine de sa mort. Suite à ce meurtre, les tensions entre le Hezbollah et les Forces libanaises étaient montées d'un cran. Les FL ont publié mardi une déclaration sur l'assassinat de Sleiman dans laquelle elles blâment la « présence illégale » du Hezbollah qui, selon elles, « entrave le rôle de l'État », laissant la place aux « gangs armés et au chaos ». Dans un discours prononcé lundi, le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, a vivement critiqué les Forces libanaises et leurs alliés pour avoir été si prompts à pointer du doigt sa formation.
Début novembre, Rami Naïm avait été, avec d'autres personnalités médiatiques comme Dima Sadek (MTV), Tony Boulos (Joussour), Nadim Koteiche (Sky News) et Layal Alekhtiar (al-Arabiya), la cible d'une campagne diffamatoire en ligne, menée par des comptes pro-Hezbollah, accompagnée de messages de haine, voire de menaces de mort.
Nous devons garder notre sang froid face aux événements. Nous savons que le Hezbollah est derrière le meurtre de Pascal. Ce n'est ni le premier et surement pas le dernier, mais nous ne sommes plus en 1975 et il n'y a pas de troupes étrangères sur le sol Libanais tout comme il n'y a pas d'attaque en règle sur des quartiers, villages ou régions. Si cela arrive ce sera une autre histoire et aviserons, mais pour l'instant nous défendons les institutions de l’état et devons être les premiers a les respecter et nous le ferons jusqu'au bout car nous savons que nous aurons le dernier mot. Patience!
10 h 17, le 15 avril 2024