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Culture - Événement

Le BAFF célèbre Tripoli, capitale culturelle du monde arabe et joyau de la Méditerranée

Du 15 avril au 3 juin, trois films, conférences et visites guidées sont au programme, en donnant la part belle aux jeunes intervenants. 

Le BAFF célèbre Tripoli, capitale culturelle du monde arabe et joyau de la Méditerranée

L'affiche du panel inaugural autour de Tripoli, capitale culturelle du monde arabe. DR

Tripoli capitale du nord. Capitale de cœur de nombreux Libanais. Tripoli la tumultueuse, la rebelle la malmenée. Tripoli la démunie, mais aussi Tripoli la riche. Riche de la diversité de son tissu social et de son patrimoine, des conflits qui la secouent mais la font grandir. « Capitale de la culture arabe » pour l'année 2024, Tripoli, avant de subir les misères qu’on lui connaît, a vu son sol foulé par des icônes telles que Oum Koulsoum et le flamboyant architecte brésilien Oscar Niemeyer qui y a conçu la Foire internationale Rachid Karamé. Et c’est à cette Tripoli-là que le Beirut Art Film Festival (BAFF) dédie son prochain cycle de conférences qui fait la part belle à de jeunes intervenants « parce que la transmission est essentielle », dit Alice Mogabgab, sa directrice artistique, qui évoque par ailleurs « l’urgence de prendre conscience du capital humain et culturel exceptionnel de cette ville, mot qui m’intéresse dans ce label de capitale culturelle du monde arabe, qui a su associer Tripoli et el-Mina, un duo de deux villes qui s’enlacent et forment un couple extraordinaire ».

« Il y a un début de prise de conscience chez les citoyens de la ville que j’ai pu palper vis-à-vis d’une caste politique qui les affame ou leur fournit des armes, voire les deux à la fois », poursuit Alice Mogabgab. « Tripoli abrite des bâtiments à l’architecture mandataire souvent habitées par des gens dépourvus qui ne peuvent les entretenir. Le but de ces conférences n’est pas seulement de faire l’éloge des richesses de Tripoli qui a honteusement été classée ville la plus pauvre - ce qui permet en l’occurrence aux politiciens de l’exploiter pour mendier - n’est pas plus indigente qu’une autre ville du Liban mais a certainement un sérieux problème de réfugiés ».


Conférences, cinéma et visites guidées

Un panel de 9 conférences et des visites guidées à thème de la ville à partir du 11 mai les samedis, tout un programme pour apprendre à appréhender cette ville enchanteresse aux mille trésors, à l’hospitalité légendaire dont les Tripolitains sont très fiers. Et pour démarrer ce cycle, une première conférence aura lieu le lundi  15 avril à 17h au Bathish Auditorium de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) sous l’intitulé « Tripoli ville du patrimoine et de la modernité », qui gravite autour de cette deuxième cité mamelouk après Le Caire et ses nombreux monuments historiques lesquels lui garantissent une place privilégiée parmi les villes dotées d’un riche patrimoine culturel. Tripoli qui amalgame tradition et modernité a connu au fil des années des transformations qui ont influencé son rôle, sa position et son identité. L’objectif de la table ronde est de suivre ces transformations aux niveaux social, culturel et urbain, ainsi que d’analyser leurs répercussions sur le présent en vue d’ouvrir une fenêtre sur l’avenir.

Le 22 avril, à 17h, au Bathish Auditorium de l'AUB, les écrivains Fadl Ziadé, Jean Touma et Mohammed Abi Samra narrent, avec Zahida Darwiche Jabbour, la ville de Tripoli, et son image dans l'écriture narrative contemporaine. 

La société tripolitaine a toujours constitué l’un des cadres culturels libanais propices à la pratique et à l’écoute des traditions musicales modales du Levant. Celles-ci se déclinent en traditions religieuses ou spirituelles, comme les chants des confréries soufies et les chants ecclésiastiques, en héritage musical artistique arabe du Machrek (Orient) et des folklores musicaux populaires citadins. Ces traditions, nonobstant leurs différences religieuses et sociales, se nourrissent les unes des autres au fil des âges et transcendent les frontières citadines pour former une composante essentielle de ce que l’on pourrait dénommer métaphoriquement la langue musicale du Machrek. Or, plusieurs figures musicales tripolitaines ont marqué ces pratiques de leur sceau, ce que le panel « Maqāmāt tripolitaines », propose de récapituler, le lundi 29 avril à 17h, à l'Auditorium A du West Hall de l'AUB.

Autre conférence, cette fois autour d’un opéra de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sur un livret de l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf : L'Amour de loin créé en 2000 à Salzbourg et inspiré par l'œuvre du troubadour du XIIIe siècle Jaufré Rudel qui décide de s’aventurer dans une odyssée orientale à la recherche de la comtesse Clémence incarnant son idéal. Un opéra en cinq actes qui réunit un lyrisme médiéval chanté sur un ton moderne, une logorrhée chantée sur des notes minimalistes, un Occident passionné qui tend la main à un Orient hospitalier le tout se fondant dans le bleu et la lumière de la Méditerranée. Le mardi 30 avril à 19h, au théâtre Beryte de l'Université Saint-Joseph, rue de Damas.

Qui dit Tripoli ne peut occulter le cinéma qui occupait une place prépondérante dans la vie de ses citadins entre les années 1930 et la fin du XXe siècle. Le nombre de salles y dépassait la trentaine. Elles étaient réparties dans toute la ville, de la place al-Tall au Boulevard, en passant par les quartiers intérieurs, Bab el-Tebbané, et jusqu'à el-Mina.

La ville n'a pas été tellement filmée, Beyrouth restant la grande star cinématographique, mais depuis des années et malgré la fermeture des salles de cinéma, Tripoli renoue avec le 7e art grâce au Tripoli Film Festival et aux tournages qui se déroulent dans ses décors naturels non exploités. La conférence « Tripoli sur grand écran », le lundi 27 mai à 17h, au Bathish Auditorium de l'AUB, propose un voyage spatio-temporel pour explorer la métropole à travers le cinéma.

Pour clôturer le cycle, Alice Moghabghab ne pouvait passer à côté de quatre femmes qui œuvrent sans relâche et dans des conditions parfois périlleuses : Sarah al-Cherif, Lamia Karkour, Anastasia Elrouss et Léa Baroudi, fondatrices et directrices de 4 ONG basées et actives à Tripoli : Ruwwad al-Tanmiya, Tri-Pulley, Warchée et March sont au cœur de la conférence « Quatre femmes pour Tripoli » le 3 juin à 17h au Bathish Auditorium de l'AUB. Elles consacrent leurs efforts à l'éducation, le développement professionnel des jeunes et de leurs pairs, ainsi que la réconciliation et la paix sociale.

Cette édition spéciale du BAFF consacrée à Tripoli est soutenue par la Fondation Saadallah et Loubna Khalil, l’AUB Center for Arts & Humanities, le Théâtre Béryte et la Faculté de musique et musicologie de l’Université Antonine.

Tout le programme est disponible sur le site Beirutartfilmfestival.org

Tripoli capitale du nord. Capitale de cœur de nombreux Libanais. Tripoli la tumultueuse, la rebelle la malmenée. Tripoli la démunie, mais aussi Tripoli la riche. Riche de la diversité de son tissu social et de son patrimoine, des conflits qui la secouent mais la font grandir. « Capitale de la culture arabe » pour l'année 2024, Tripoli, avant de subir les misères qu’on lui connaît, a vu...

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