C’est l’affaire qui secoue l’actualité libanaise depuis une semaine. Le meurtre de Pascal Sleiman, chef du bureau des Forces libanaises (FL) du caza de Jbeil, continue de susciter la controverse et les spéculations. Simple fait divers, « assassinat politique » pour les FL, élimination par le Hezbollah pour certains...
Mais avant lui, d’autres membres du parti de Samir Geagea ont disparu dans des circonstances restées floues, notamment après la fin de la guerre civile libanaise (1975-1990). Petit tour d’horizon rapide sur ces affaires, toujours non élucidées.
2023 : Élias Hasrouni, le « martyr héroïque » du Sud
En plein été, le 2 août 2023, un ancien responsable des FL est retrouvé gisant près de son 4 x 4, à Aïn Ebel, une localité majoritairement chrétienne du caza de Bint Jbeil au Liban-Sud, région sous forte influence du Hezbollah. Il s’agit d’Élias Hasrouni, 72 ans, ancien cadre du parti dans la région.
Au départ, la thèse du simple accident de la route est privilégiée. Mais très vite, les soupçons fusent, notamment à partir des vidéos des caméras de surveillance, que le neveu et la nièce du défunt épluchent attentivement. Une de ces vidéos fuite une semaine après la découverte du corps : on y voit un tout-terrain s’arrêtant brusquement devant la voiture d’Élias Hasrouni, alors qu’une seconde voiture le suit pour l’empêcher de faire marche arrière. Des hommes sortent du véhicule, ouvrent la porte de la voiture prise en embuscade, et l’un d’entre eux prend le volant alors que les autres s’apprêtent à déguerpir. Le corps est retrouvé 1,8 kilomètre plus loin.
Immédiatement, le chef des FL Samir Geagea dénonce une « embuscade » et appelle à faire la lumière sur cette affaire « étant donné la sensibilité de la situation à Aïn Ebel et dans les villages voisins et les conséquences potentielles de ce crime si les auteurs ne sont pas identifiés ». Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, renchérit : « Que Dieu ait pitié du martyr héroïque Élias Hasrouni qui a été victime d’une opération perfide des milices dans sa ville natale de Aïn Ebel, un endroit qu’il aimait et où il était aimé. La vérité est limpide, dans une zone sécurisée bien connue », lance-t-il en ciblant directement le Hezbollah, sans le nommer.
À ce jour, l’enquête suit son cours et les FL se sont constituées partie civile dans l’affaire. Fin septembre 2023, l’avocate de la famille Hasrouni avait demandé à ce que le dossier soit transféré à Beyrouth « pour des raisons sécuritaires et parce que l’investigation n’avance pas »...
2002 : Ramzi Irani, l’ingénieur sur des billets de loterie
Alors que le Liban est sous le joug de l’occupation syrienne, une affaire vient troubler l’actualité un soir de mai 2002. Ramzi Irani, ingénieur et chef de la section estudiantine des FL à l’ Université libanaise, est retrouvé mort dans le coffre de sa voiture. Et c’est à peu près tout ce qu’on saura.
Une commission sécuritaire de haut niveau regroupant quatre officiers est créée dans la foulée, sans succès. À l’époque, les regards se tournent rapidement vers Damas et de nombreux membres du parti dénoncent « les années sombres de l’occupation syrienne », comme l’ex-ministre Joe Sarkis... Sans plus de précisions, ni d’avancées de la justice.
L’affaire fait la une de l’actualité et suscite des récupérations surprenantes : un mois après la découverte du corps, la famille de Ramzi Irani dénonce des pratiques consistant à « collecter des dons et à vendre des billets de loterie en exploitant l’affaire », dans un communiqué au vitriol. Le texte invite les citoyens à refuser de verser une quelconque somme d’argent à ces inconnus qui exploitent le drame provoqué par le meurtre.
Interrogé par L’Orient-Le Jour en 2016, le député FL de Bcharré Élie Keyrouz, s’indignait encore : « Il n’y a eu aucune enquête sérieuse depuis 13 ans. Quelle est la partie inconnue qui était capable d’enlever, de tuer et de se balader avec le corps (de Ramzi Irani) dans une voiture en plein jour ? » Toujours pas de réponse à cette question.
1992 : Nadim Abdelnour, abattu devant son fils
3 mai 1992, dans une rue d’Achrafieh. Nadim Abdelnour, trentenaire, se promène avec son fils. Soudain, ce membre actif des Forces libanaises est encerclé par trois hommes armés. Très vite, il comprend ce qui l’attend. « Si vous me tuez, ne le faites pas devant mon fils », aurait-il lancé aux trois hommes, selon la version des FL toujours consultable sur leur site. Son fils a le temps de s’éloigner, mais rapidement, le corps de Nadim Abdelnour est traversé de plusieurs balles.
L’homme était un « dirigeant éminent » du parti et figurait sur une « liste noire » de noms de « résistants illustres des FL » établie par le régime syrien, selon le parti. Originaire de Aïtanite, dans la Békaa-Ouest, il était « connu pour son intransigeance face à l’occupation syrienne, même durant le soi-disant temps de paix » après la guerre civile qui a ravagé le pays.
Selon les FL, Nadim Abdelnour fait partie d’une longue liste d’autres « éliminations » effectuées par le régime syrien durant les années post-guerre civile, et sur une période très courte. Là encore, aucune décision de justice n’a été rendue sur ce meurtre.
commentaires (4)
C’est aussi le Mossad qui a envahi Tayouneh déguisé en membres du HB peut être? Allons donc il faut être complètement décérébré pour croire que derrière chaque crime commis sur les libanais il y a la main du mossad alors que les vendus s’en vantent haut et fort à qui veut l’entendre pour instaurer la terreur et semer la mort sous prétexte d’être les protecteurs de notre pays. Les Iraniens n’hésitent pas à tuer leurs propres enfants dans le même but de terroriser leur population pour sauver leur régime. HB aspire à créer le cahos et le perpétuer afin de rester les seuls maîtres de notre pays
Sissi zayyat
10 h 17, le 13 avril 2024