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Moyen-Orient - FOCUS

Des diplômées iraniennes menacées de sanctions pour une vidéo de célébration

Des jeunes filles de l’université al-Zahra pourraient faire l’objet de représailles après la réalisation d’une séquence filmée fêtant leur réussite.

Des diplômées iraniennes menacées de sanctions pour une vidéo de célébration

Visite du président iranien Ebrahim Raïssi à l'université al-Zahra, le 8 octobre 2022. Photo tirée du site de la présidence iranienne

Le clip est soigné, le montage maîtrisé et les images expriment un sentiment de joie. Dix étudiantes de l’université iranienne al-Zahra annoncent tout sourire face à la caméra l’obtention de leur diplôme en architecture et ingénierie, fièrement coiffées des célèbres couvre-chef bleus, symboles de réussite académique, par-dessus leur hijab. Les jeunes diplômées agitent leurs bras au rythme des percussions et accompagnent les joyeuses paroles de la musique Gelooband d’Erfan Tahmasbi, bien connue du répertoire iranien. La vidéo est tournée sur le campus ensoleillé de l’université à Bouchehr, une ville portuaire de l’ouest de la République islamique, dont l’un des bâtiments apparaît sur les images. Loin des salles de classe, l’ambiance est à la fête. La vidéo se clôture par le traditionnel lancer de chapeaux conduit par une des étudiantes au volant d’une moto. Le clip, accueilli avec enthousiasme par les internautes, est devenu viral sur les réseaux sociaux. Mais la célébration n’a pas manqué de provoquer la colère de la faculté.

Al-Zahra, la plus importante université pour filles du pays et qui dispose de branches dans plusieurs régions, a rapidement condamné la vidéo réalisée « spontanément, sans coordination et sans autorisation de l'université », selon les déclarations dimanche dernier de la présidente Zahra Hajiani. Si l’établissement fondé en 1964 paraît fébrile, c’est que la loi islamique en vigueur en Iran interdit formellement les effusions publiques de danse, chant, ou encore la pratique de la moto pour les femmes. Le département de sécurité de l’université a ainsi déclaré avoir déjà identifié les étudiantes, qui « seront interrogées avec leurs pères », alors que l’administration a affirmé ne pas avoir organisé de cérémonie de remise des diplômes depuis la pandémie de Covid-19, en raison de contraintes financières.


Accusées de briser les normes 

Loin de représenter un événement isolé, cet incident arrive à la suite d’une vidéo de célébration similaire tournée à l'université d'Ispahan, où les étudiantes concernées ont été menacées de mesures disciplinaires, selon le média en ligne Iran Wire. Le 9 mars dernier, deux jeunes femmes ont également été arrêtées après la diffusion d'une vidéo dans laquelle elles dansent déguisées sur la place Tajrish dans le nord de Téhéran, pour célébrer l'arrivée du nouvel an persan. Elles ont été accusées par le procureur de la capitale iranienne d’avoir enfreint les normes sociales, durant un événement qui est de plus en plus l’occasion pour la population iranienne d’exprimer son mécontentement politique. « La célébration des fêtes persanes et l’exposition de rassemblements joyeux sont devenues intrinsèquement politiques », indique ainsi au New York Times Nahid Siamdoust, professeure adjointe à l’université du Texas à Austin. 

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La brève arrestation d'un vieil Iranien pour avoir dansé en public relance le vent de colère

Plus d’un an et demi après la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, suite à son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal ajusté son voile, ces incidents mettent en lumière les tensions persistantes entre les femmes et les autorités iraniennes concernant le manque de libertés imposé par une interprétation stricte de la loi islamique. Une confrontation à laquelle participe notamment la jeunesse du pays. Durant le soulèvement massif qui avait suivi la mort de la jeune Kurde, les étudiantes de l'université al-Zahra s'étaient déjà illustrées en manifestant sans leur hijab, lors d’un sit-in sur le campus de Téhéran, le 4 octobre 2022. Une action coup de poing, perçue par le régime comme une déstabilisation pilotée depuis l'extérieur par un État ennemi, et qui avait valu à l’établissement de recevoir dans ses murs, quatre jours plus tard, le président Ebrahim Raïssi.

« L’ennemi pensait qu’il pouvait atteindre ses objectifs dans les universités, ignorant le fait que nos étudiants et professeurs sont vigilants et ne permettront pas aux faux rêves de l’ennemi de se réaliser », avait-il alors déclaré dans un discours au ton ferme, couvrant la voix des étudiantes qui clamaient des slogans hostiles. Cette semaine, la présidente de l’université al-Zahra a ainsi menacé d’intenter une action en justice contre les étudiantes impliquées dans la réalisation de la vidéo. 

Le clip est soigné, le montage maîtrisé et les images expriment un sentiment de joie. Dix étudiantes de l’université iranienne al-Zahra annoncent tout sourire face à la caméra l’obtention de leur diplôme en architecture et ingénierie, fièrement coiffées des célèbres couvre-chef bleus, symboles de réussite académique, par-dessus leur hijab. Les jeunes diplômées...

commentaires (3)

C'est ce modele archaique que le Hezb considere comme ideal pour le Liban ?

Michel Trad

10 h 01, le 11 avril 2024

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Commentaires (3)

  • C'est ce modele archaique que le Hezb considere comme ideal pour le Liban ?

    Michel Trad

    10 h 01, le 11 avril 2024

  • Le seul pays au monde, où leurs dirigeants défendent les droits humains en s'opposant aux génocidaires d'israël. La seule nation qui se met en danger pour honorer la dignité humaine !

    peacepeiche@gmail.com

    08 h 39, le 11 avril 2024

  • Pour paraphraser Tartuffe, Couvrez ces cheveux, que je ne saurais voir » C'est véritable horreur que doivent affronter les dirigeants iraniens... Et sacrilège une femme à moto!!!

    C…

    07 h 58, le 11 avril 2024

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