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Moyen-Orient - FOCUS

Conditionner l’aide militaire à Israël ? L’étau se resserre

L’administration Biden semble vouloir faire comprendre à Tel-Aviv que les nouvelles livraisons d’armes à son allié seront désormais conditionnées.

Conditionner l’aide militaire à Israël ? L’étau se resserre

Le président américain Joe Biden salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Tel-Aviv, le 18 octobre 2023. Photo AFP

Tel-Aviv est sous pression. Au cours d’un appel téléphonique de trente minutes, le président américain s’est entretenu jeudi soir avec Benjamin Netanyahu sur la conduite de la guerre à Gaza. En précisant pour la première fois que le soutien des États-Unis sera déterminé par l’évaluation de l’action immédiate d’Israël, Washington a plus fermement conditionné son aide militaire. « Joe Biden a dit clairement qu’Israël devait annoncer et mettre en place des mesures spécifiques, concrètes et tangibles pour répondre à la souffrance des civils, à la crise humanitaire et pour la sécurité des travailleurs humanitaires », précise un bref compte rendu de l’échange publié par la Maison-Blanche. Cet échange intervient après que les frappes israéliennes responsables de la mort d’un convoi humanitaire de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) dans le centre de la bande de Gaza, lundi soir, et les explications laconiques qui ont suivi ont eu raison de la patience des principaux partenaires militaires d’Israël.

Au lendemain de cette conservation téléphonique, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a voté une résolution pour exiger l’arrêt des ventes d’armes à l’État hébreu, proposée par le Pakistan au nom de l’Organisation de la coopération islamique. « De nombreuses ONG appellent également les États à décréter un embargo sur les armes et ne plus soutenir militairement l’Etat d’Israël », souligne Clémence Bectarte, avocate au barreau de Paris spécialisée en droit pénal international et coordinatrice du groupe d’action judiciaire de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Déjà, le 24 février, une équipe de rapporteurs spéciaux et d’experts indépendants des Nations unies lançait un avertissement selon lequel « tout transfert d’armes ou de munitions à Israël qui seraient utilisées à Gaza serait de nature à violer le droit international humanitaire et doit cesser immédiatement ». Une semaine plus tard, 218 députés de 13 pays publiaient à leur tour une lettre ouverte soulignant leur engagement à faire respecter l’interdiction des ventes d’armes à Tel-Aviv.

Réduire les livraisons ?

Si le Conseil des droits de l’homme a voté – 28 des 47 membres ont soutenu la résolution, six ont voté contre, tandis que les 13 restants se sont abstenus – l’arrêt des ventes d’armes à Israël, seul le Conseil de sécurité de l’ONU peut décider d’un embargo, rendant cette décision symbolique. De nombreux pays ont toutefois déjà fait le choix d’interrompre leurs exportations d’armements ces derniers mois. C’est notamment le cas de l’Italie, longtemps troisième principal fournisseur d’armes à l’État hébreu. D’autres, comme les Pays-Bas, le Japon, l’Espagne, le Canada ou encore la Belgique, ont pris la même décision, alors que la pression sur les gouvernements se fait de plus en plus importante suite à la procédure engagée début mars par le Nicaragua devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’Allemagne pour « complicité de génocide », en raison de son soutien militaire à Israël.

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Alors que 59 % de la population britannique serait opposée à la poursuite de la livraison d’armes à Tel-Aviv, selon un sondage réalisé par l’institut YouGov, le gouvernement britannique fait pour sa part face à une pression politique de la part des libéraux-démocrates et du Parti travailliste. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, s’est défendu mercredi à la suite de l’indignation générale après la mort de trois Britanniques dans le convoi du WCK : « Nous avons toujours appliqué un régime de licences d’exportation très rigoureux auquel nous adhérons », a-t-il déclaré dans une interview au journal Sun. « À ce stade, seule l’action des États-Unis compte, pointe cependant Seth Binder, directeur de plaidoyer au Middle East Democracy Center, en allusion au cas britannique. Tant qu’une aide inconditionnelle continuera d’être apportée à Israël, il ne faut pas s’attendre à un changement substantiel de la conduite de la guerre. »

Au lendemain de la triple incursion du 7 octobre, alors qu’ils représentaient déjà 68 % des exportations d’armes vers Israël, les États-Unis ont approuvé une vente d’un montant de 106,5 millions de dollars de près de 14 000 cartouches de munitions pour char de 120 mm et d’articles connexes à leur partenaire privilégié. Un soutien qui s’est maintenu, à l’instar de l’Allemagne – le deuxième partenaire militaire d’Israël. Début mars, devant le spectre d’une offensive terrestre israélienne sur la ville du sud de l’enclave palestinienne de Rafah sans plan d’évacuation pour protéger les civils, Joe Biden avait déjà évoqué la réévaluation du soutien militaire à Tel Aviv. Mais en marge de la visite du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, à Washington fin mars, le président américain s’était ravisé, autorisant sans conditions la livraison de 25 avions de combat dernière génération F-35, 500 bombes MK82 et plus de 1 800 bombes MK84.

Conséquences pour Israël ?

Mais depuis l’attaque sur les humanitaires et l’appel de jeudi, l’administration Biden semble vouloir faire comprendre à Tel-Aviv que les nouvelles livraisons d’armes seront désormais conditionnées. « Si les États-Unis devaient restreindre les transferts d’armes à Israël, cela aurait non seulement un impact significatif sur la manière dont le pays pourrait mener les opérations militaires en cours, mais cela aurait aussi probablement un effet sur la décision des autres pays alliés de continuer ou non à fournir des armes à Israël », explique Seth Binder. Ce changement d’approche intervient alors que Washington a annoncé lundi envisager un projet de vente d’environ 50 avions de combat F-15 à Israël pour une valeur de 18 milliards de dollars. Attendue dans un délai de cinq ans, cette vente doit assurer les intérêts de Tel-Aviv à l’heure où la frappe israélienne menée le même jour sur l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas a davantage exacerbé les tensions régionales. Confronté à une forte pression de son camp à l’échelle domestique, Joe Biden se heurte cependant à une mobilisation au sein de la Chambre des représentants, où les démocrates tentent de bloquer un projet d’aide de 95 milliards de dollars comprenant des fonds pour l’Ukraine, Israël et Taïwan, en attente d’être voté.

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Les Américains toujours aussi impliqués dans l’effort de guerre israélien

Un conditionnement de l’aide militaire américaine pourrait-il infléchir la conduite israélienne de la guerre ? Selon un ancien haut responsable américain cité par Al-Monitor, l’armée israélienne pourrait en réalité poursuivre sa campagne militaire à Gaza pendant plusieurs mois même si les États-Unis interrompaient demain les transferts de munitions. « Quelle que soit l’importance actuelle des réserves d’armes israéliennes, la nouvelle position américaine place néanmoins Tel-Aviv dans l’incertitude, nuance Seth Binder. Sans possibilité de savoir si ses stocks seront reconstitués et quand ils le seront, Israël ne pourrait plus garantir le même type d’opérations. »

Tel-Aviv est sous pression. Au cours d’un appel téléphonique de trente minutes, le président américain s’est entretenu jeudi soir avec Benjamin Netanyahu sur la conduite de la guerre à Gaza. En précisant pour la première fois que le soutien des États-Unis sera déterminé par l’évaluation de l’action immédiate d’Israël, Washington a plus fermement conditionné son...

commentaires (3)

L,HYPOCRISIE AMERICAINE AVANT TOUT ET OCCIDENTALE PREND LES AUTRES POUR DUPES. BRAVO AUX AFRICAINS QUI EN ONT NETTOYE LEURS TERRITOIRES. LES ARABES ? CA S,ACHETE ET CA SE VEND.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 25, le 08 avril 2024

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Commentaires (3)

  • L,HYPOCRISIE AMERICAINE AVANT TOUT ET OCCIDENTALE PREND LES AUTRES POUR DUPES. BRAVO AUX AFRICAINS QUI EN ONT NETTOYE LEURS TERRITOIRES. LES ARABES ? CA S,ACHETE ET CA SE VEND.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 25, le 08 avril 2024

  • Ce n'est pas une guerre entre deux armées , c'est l'extermination de tout un peuple de civils innocents et désarmés par l'armée coloniale la plus méprisable au monde et équipée d'armes des plus sophistiquées et meurtrières, jusqu'aux dents , par les occidentaux complices du crime mais à la consience tranquille ! Résolvez-moi ce rébus !

    Chucri Abboud

    20 h 08, le 06 avril 2024

  • Ventes d'armes à Israël : alors que le Canada, l'Italie et l'Espagne ont cessé de fournir l'État hébreu, l'Allemagne continue malgré la pression ! L'Allemagne devient ainsi complice de Natanyahou ! La moitié des 34000 civils massacrés sont des enfants ! Et la moitié des blessés graves sont des enfants AUSSI ! LES MÉDECINS SONT EN TRAIN DE LES OPÉRER ET AU BESOIN DE LES AMPUTER SANS ANESTHÉSIE ! Car Natanyahou empêche les médicaments d'arriver ... Et on voit cette Allemagne vouloir permettre la continuation de cette extermination. Comment le peuple allemand ne se révolte-t-il pas ?

    Chucri Abboud

    20 h 06, le 06 avril 2024

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