La frappe qui a tué des humanitaires est un "message envoyé par l'armée israélienne", selon Médecins du Monde

La frappe israélienne qui a tué sept travailleurs de l'ONG américaine d'aide alimentaire World Central Kitchen (WCK) à Gaza est "un message envoyé par l'armée israélienne" visant à empêcher les humanitaires d'intervenir sur le terrain, a dénoncé mardi sur franceinfo le vice-président de Médecins du Monde Jean-François Corty.

"Bien sûr, on parle d'accident, mais aujourd'hui (...) on voit bien que les soignants, les civils, les humanitaires tombent sous des bombardements aveugles. Et ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont aujourd'hui soumis à un blocus aérien et terrestre qui est en train de générer une famine et qui témoigne d'une intention génocidaire", a-t-il estimé.

Et de rappeler que son organisation "était censée mettre en pratique les propositions américaines et européennes de corridors humanitaires pour essayer de limiter les risques de famine".  WCK, qui fournissait des repas aux habitants de Gaza depuis le début de la guerre en octobre 2023, a suspendu ses activités dans la région après cette frappe meurtrière. "C'est un acteur de moins" parmi ceux qui peuvent intervenir à Gaza, a regretté l'humanitaire, rappelant qu'il n'y en avait déjà "pas beaucoup".

"On voit bien qu'il y a un message envoyé par l'armée israélienne, y compris aux Européens et aux Américains, qui au travers d'une aide étatique essayent de limiter la catastrophe", a dénoncé M. Corty.  L'armée israélienne a indiqué qu'elle allait ouvrir "une enquête" pour déterminer les circonstances de cette frappe. "Cela nous aidera à limiter le risque qu'un tel événement se reproduise", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant s'être entretenu avec le fondateur de WCK, le chef cuisinier hispano-américain José Andrés.

Depuis le début de la guerre, les ONG présentes sur le territoire palestinien ont fait à plusieurs reprises les frais des bombardements israéliens.  Médecins sans frontières a notamment perdu trois médecins dans une frappe sur l'hôpital al-Awda du camp de Jabaliya en novembre. Deux membres de la famille d'un de ses employés ont également été tués fin février après une frappe contre l'une de ses résidences dans le sud de la bande de Gaza. 

Les locaux de Handicap International (HI) à Gaza City ont été détruits début février lors d'un bombardement sur le territoire palestinien. L'Unrwa, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, qui coordonne la quasi-totalité de l'aide à Gaza, a de son côté fait état mi-mars d'au moins 165 morts parmi les membres de son équipe et de plus de 150 installations bombardées, parmi lesquelles de nombreuses écoles.