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Moyen-Orient - Reportage

La guerre à Gaza pèse sur les célébrations du Vendredi saint à Jérusalem

« C'est très émouvant d'être ici en ce Vendredi saint. On ressent une profonde tristesse, probablement accentuée par ce qui se passe » dans la bande de Gaza, témoigne un Australien.

Des fidèles portant une croix dans l'église du Saint Sépulcre, à Jérusalem, le 29 mars 2024. Photo GIL COHEN-MAGEN / AFP

La guerre à Gaza pèse sur les célébrations du Vendredi saint à Jérusalem où les pèlerins chrétiens sont moins nombreux que les années précédentes pour venir accomplir le chemin de Croix dans la Vieille Ville, sur les pas même de Jésus selon la tradition.

La sécurité était renforcée dans les ruelles étroites de l'ancienne ville fortifiée, sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, et située à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël depuis 1967. Hasard du calendrier, des milliers de Palestiniens observant le ramadan, mois sacré du jeûne musulman, se sont également rendus à la mosquée Al-Aqsa pour la grande prière du vendredi.

« C'est très émouvant d'être ici en ce Vendredi saint. On ressent une profonde tristesse, probablement accentuée par ce qui se passe » dans la bande de Gaza, dit l'Australien John Timmons, soulignant avoir réfléchi à deux fois avant de se rendre dans la Ville sainte vu les circonstances.


Des fidèles portant une croix lors d'une procession pour le Vendredi Saint à Jérusalem, le 29 mars 2024. Photo REUTERS/Ammar Awad

L'attaque menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de plus 1.160 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Les opérations militaires de représailles israéliennes ont fait plus de 32.600 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

« Endroit très spécial » 
A Jérusalem, la procession solennelle du chemin de Croix, le long de la Via Dolorosa, ou « chemin de la souffrance », commence à l'endroit où, selon la tradition, Ponce Pilate a condamné à mort Jésus.


Une religieuse devant le Saint Sépulcre, lors de cérémonies pour le Vendredi Saint à Jérusalem, le 29 mars 2024. Photo GIL COHEN-MAGEN / AFP

Catholiques et protestants célèbreront Pâques dimanche. Pour les orthodoxes, la fête marquant la résurrection du Christ tombe cette année le 5 mai. Dans les ruelles étroites en pierres blanches, l'Italien Mario Tioti dit avoir ressenti que la sainteté de la ville transcendait toutes les tensions. « C'est un endroit très spécial. On peut y sentir le Christ. Il a marché ici », a dit cet homme de 64 ans. Dans la foule, des fidèles de tous âges, des hommes en soutane, d'autres portant une croix en bois, des religieuses et des touristes en sac à dos.

Marchant pieds nus sur les pavés anciens, l'Américain James Joseph, dit « Jésus », figure haute en couleur de Jérusalem habillé d'une tunique blanche, a comparé la guerre à Gaza à l'épisode évangélique du « massacre des Innocents », dans lequel Hérode, roi de Judée, ordonne la mort de milliers de bébés. « La souffrance subie par ces innocents (à Gaza et en Israël) est tragique, mais ce n'est pas pour rien », a-t-il déclaré à l'AFP à l'église du Saint-Sépulcre, bâtie selon la tradition chrétienne sur le lieu même où Jésus a été crucifié et enterré. Pour M. Joseph, le message de Pâques est que « Dieu transforme la souffrance (du Vendredi saint) en résurrection. C'est mystérieux (...) mais il est mort pour nous sauver ».

« Comme à Disneyland » 
A l'intérieur de la basilique, des fidèles entonnent des chants, allument des cierges, embrassent la pierre de l'onction où le Christ aurait été lavé et enveloppé dans un linceul avant la mise au tombeau.

Des Palestiniens se rendant à la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, ont raconté leurs difficultés pour y accéder. Linda Al-Khatib a expliqué que le dispositif de sécurité israélien avait transformé un trajet de cinq minutes qu'elle effectuait normalement depuis son village, situé juste à l'extérieur de Jérusalem, en Cisjordanie occupée, en un calvaire de 45 minutes de contrôles et de barrières. « Je suis venue prier parce que c'est un jour très spécial, surtout pendant le ramadan. Mais je suis très triste, il n'y a pas beaucoup de visiteurs et il n'y a personne. J'ai eu peur pendant tout le trajet », a-t-elle confié.

Une religieuse d'origine indienne vivant à Bethléem depuis 13 ans a dit à l'AFP n'avoir jamais vu de telles difficultés et ressenti de telles tensions pendant la Semaine sainte pour entrer dans la ville. Mais pour certains, la guerre qui se répercute sur la fréquentation touristique en baisse est un cadeau venu d'en haut. « La dernière fois que je suis venu, il y avait beaucoup, beaucoup de monde qui essayait d'entrer dans le tombeau (du Christ) », se souvient l'Américain Timothy Curtiss, originaire du Texas: « C'était comme à Disneyland. Cette année, on entre directement ».

La guerre à Gaza pèse sur les célébrations du Vendredi saint à Jérusalem où les pèlerins chrétiens sont moins nombreux que les années précédentes pour venir accomplir le chemin de Croix dans la Vieille Ville, sur les pas même de Jésus selon la tradition.La sécurité était renforcée dans les ruelles étroites de l'ancienne ville fortifiée, sacrée pour les...

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