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Agenda - Francophonie

Message de la Fondation Charles de Gaulle pour le forum organisé à l’USJ

Sensible au destin et au rayonnement de la France, convaincu que la langue française est un fondement de l’identité nationale et un vecteur de rayonnement international, le général de Gaulle n’a cessé de manier habilement le verbe, de promouvoir la langue française et d’encourager la coopération culturelle, économique et technique avec les pays francophones.

Charles de Gaulle croyait en la capacité du français, langue par excellence de dialogue nuancé entre les diplomates, à transcender les frontières et à rapprocher les peuples. Il a encouragé l’enseignement du français à l’étranger, soutenu les échanges culturels et artistiques, suscité la coopération économique entre pays francophones… Mais, en fait, il s’est montré prudent à l’égard d’une institutionnalisation de la francophonie, estimant les relations bilatérales plus aptes à l’établissement de rapports diplomatiques respectant chacun des États concernés. Car si Charles de Gaulle était un praticien chevronné et habile de la langue et de la culture de son pays, il était aussi attentif à celles des autres.

Cependant, si des organisations francophones non gouvernementales se sont développées à partir des années 1960 et si l’Agence de coopération culturelle et technique, première organisation internationale francophone, devenue en 2005 l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a pu voir le jour le 20 mars 1970 à Niamey (Niger), c’est bien grâce à la politique menée par le général de Gaulle (…).

Le général de Gaulle a donc bien été un acteur essentiel d’une démarche dont il n’approuvait pas vraiment l’institutionnalisation. Mais il voyait dans le développement de l’usage du français un moyen de préserver l’influence de la France dans un monde en évolution rapide, tout en reconnaissant l’importance de la diversité culturelle et linguistique de la communauté francophone. Son intelligence stratégique, son autorité personnelle, sa culture, sa science de l’usage des mots ont contribué à faire de la France un pays respecté et écouté, et à lui donner, à plusieurs occasions, l’opportunité d’agir sur les événements en toute indépendance à l’égard des blocs de l’Est et de l’Ouest. Son héritage nous propose aujourd’hui des orientations, des principes d’action plus qu’un cadre idéologique (…).

Malheureusement, le Liban en est actuellement l’observateur impuissant.

Le général de Gaulle a toujours porté une attention particulière au Liban. En premier lieu parce qu’il y a résidé de 1929 à 1931 lorsqu’il était officier dans l’Armée française du Levant, puis en revenant à Beyrouth en 1941 et en préparant attentivement l’indépendance du Liban, concédée le 22 novembre 1943, en pleine guerre mondiale, par les représentants de la France libre à un peuple libanais dont il a salué le courage et la résilience.

« Le Levant, a-t-il confié en 1930, est un carrefour où tout passe : religions, armées, empires, marchandises, sans que rien ne bouge. » Enjeu d’une lutte d’influence entre la France et l’Angleterre, le Levant, dès 1941, est le premier territoire arabe de l’Empire passé sous la souveraineté de la France libre. De Gaulle a estimé qu’en accédant à l’indépendance, le Liban pourrait s’engager sur la voie de l’État-nation et constituer un exemple régional face au panarabisme prôné dans d’autres pays arabes.

Charles de Gaulle considérait le pays du Cèdre comme un modèle de diversité culturelle et linguistique et son objectif était, alors, de rendre les chrétiens et les musulmans solidaires au sein d’une même communauté arabophone à cheval entre Orient et Occident. Il en percevait aussi l’importance géostratégique en tant que carrefour d’échanges économiques et culturels.

Élu président de la République Française en 1958, le général de Gaulle n’a cessé d’entretenir une relation d’amitié avec le Liban dont la population, aujourd’hui répartie dans de nombreux pays du monde, témoigne de son importance dans la francophonie. Après la guerre d’Algérie, il a pensé que la langue française pouvait être le môle du rétablissement des relations de la France avec le monde arabe dont plusieurs États avaient soutenu la cause de l’Algérie, contribuant ainsi à distendre leurs relations avec la France.

Si une conjonction d’événements lui a offert l’opportunité de renouer avec le monde arabe, nul ne peut affirmer que le général de Gaulle a mené une « politique arabe ». Mais son attitude équilibrée lui a valu une oreille attentive de la part de plusieurs dirigeants et a permis à la France de jouer un rôle positif dans la région.

Ce que l’on peut, en revanche, affirmer avec certitude, c’est que le général de Gaulle a mené une « politique libanaise ». Il voyait le Liban comme un partenaire privilégié pour la France et comme une clé de voûte de l’équilibre géostratégique du Proche-Orient.

Aujourd’hui, la langue française est notre patrimoine commun et la francophonie une richesse qu’il faut veiller à entretenir pour préserver l’usage de notre langue sur tous les continents. Non seulement pour des raisons culturelles, mais aussi pour pouvoir continuer à transmettre aux jeunes générations les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité qu’elles portent à travers un monde tristement perturbé par des rivalités stériles et des ambitions qui remettent en cause son équilibre tout en fragilisant ostensiblement la paix.

Sensible au destin et au rayonnement de la France, convaincu que la langue française est un fondement de l’identité nationale et un vecteur de rayonnement international, le général de Gaulle n’a cessé de manier habilement le verbe, de promouvoir la langue française et d’encourager la coopération culturelle, économique et technique avec les pays francophones.Charles de Gaulle croyait...