Le journaliste de la LBCI Rawad Taha et la chaîne de télévision libanaise ont fait face à une vive controverse après avoir publié jeudi une courte vidéo qualifiant la guerre entre le Hamas et Israël de guerre « de fous et d'extrémistes, à commencer par les événements du 7 octobre ».
Le Hamas avait lancé le 7 octobre une attaque sans précédent contre Israël par voies aérienne, terrestre et maritime et capturé des otages israéliens. Il les a ensuite ramenés à Gaza afin de négocier un accord avec l'État hébreu pour les relâcher en échange de la libération par Israël de milliers de prisonniers palestiniens. L’État hébreu a riposté en bombardant Gaza, tuant plus de 31 500 Palestiniens, selon les chiffres du Hamas.
Dans un enregistrement, Rawad Taha a estimé que les « dirigeants fous de Gaza et les dirigeants de droite fous d'Israël représentent les deux faces d'une même pièce ». Il a comparé le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, à Mohammad Deif, le chef des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas. Selon le journaliste, M. Smotrich avait « menacé de mettre le feu à un pont et avait acheté 700 litres de diesel pour ce faire, dans le but de faire pression sur les troupes israéliennes pour qu'elles ne se retirent pas de Gaza en 2005 ».
Il a aussi accusé Mohammad Deif d'avoir refusé de suivre une « voie pacifique » après les accords d'Oslo « et de renoncer à l'utilisation des armes contre Israël, comme l'a fait le mouvement Fateh ». L'accord d'Oslo, signé au début des années 1990, devait conduire à la création d'un État palestinien indépendant, mais des années de négociations bloquées et de violences sanglantes n'ont pas permis de résoudre pacifiquement le conflit en cours.
« Mohammad Deif a continué à se battre contre Israël en recourant à des attentats suicides qui ont tué des civils israéliens », a ajouté Rawad Taha. Il a précisé que Yahya Sinouar, le chef du Hamas, « n'a pas pensé au développement de Gaza, mais s'est consacré à la construction de tunnels pour le Hamas, qui ont coûté des millions de dollars, et s'est débarrassé des dirigeants du Fateh en les jetant du haut d'immeubles ». Le journaliste a aussi accusé les dirigeants du Hamas de ne pas « se soucier du fait qu'Israël reviendrait attaquer Gaza après l'attaque du 7 octobre et de ne pas se soucier du nombre de Palestiniens qui perdraient la vie ».
La « narration israélienne »
Sur la scène locale, l'enregistrement ne fait pas l'unanimité. Certains ont estimé que le journaliste a le droit d'exprimer son opinion, tandis que d'autres y ont vu une attaque contre les « mouvements de la résistance dans la comparaison avec Israël ».
La responsable de l'information et des émissions politiques de la chaîne de télévision locale al-Jadeed, Mariam al-Bassam, a estimé sur le réseau X que la « LBCI a résumé 75 ans de souffrances du peuple palestinien, donné aux combattants de la résistance le titre de fous et les a assimilés à des extrémistes israéliens ». « Si vous avez commencé (votre carrière) ainsi en tant que jeune journaliste, que réservez-vous pour plus tard ? », a-t-elle ajouté en s'adressant à Rawad Taha.
De son côté, Rita el-Jammal, journaliste à al-Araby TV, a indiqué que « le problème du reportage de Rawad Taha est que cette question complexe ne peut pas être expliquée et résumée dans un enregistrement probablement réalisé sur un téléphone portable, ce qui fait qu'il est facile de tomber dans le piège de la narration israélienne lorsque vous êtes obligés de résumer ». Et la journaliste de poursuivre : « Le conflit a une histoire profonde que nous ne pouvons résumer en deux minutes et dans un langage familier avec des expressions qui sont loin du style journalistique professionnel ».
المشكلة بتقرير #رواد_طه إنو صحافة الموبايل والمحتوى السريع واللعب على الصور والتكنولوجيا اللي دارجة هالفترة بالاعلام العصري ما بتنطبق ع القضية اللي طارحها، يعني هيك موضوع عادة بينعملو وثائقي طويل عريض ع قد منو حسّاس ودقيق وفي معلومات لازم يتأكد منها ويكون في ادلة عليها وبحث…
— Rita El Jammal (@rita_jammal) March 15, 2024
« Respecter les opinions des autres »
D'autres parties ont cependant affiché leur soutien au jeune journaliste. Le député indépendant de Zghorta, Michel Doueihy, a écrit sur X que « les libertés au Liban, en particulier la liberté d'expression et d'opinion, font partie intégrante de la composition du Liban ». « Dans ce contexte, la loi garantit la protection et le soutien de la liberté d'opinion », a-t-il ajouté, avant de poursuivre : « Nous devons respecter les opinions des autres, écouter et discuter de toutes les questions, aussi précises ou sensibles soient-elles, sans crier à la trahison ni faire couler le sang ».
يتعرض الإعلامي والصحافي @rawadtaha لحملة كبيرة ضده والسبب موضوع تقريره الأخير.
— Michel Douaihy ميشال دويهي (@MDOUAIHY) March 15, 2024
إن الحريات في لبنان، وخاصةً حرية التعبير والرأي ، هم جزء لا يتجزأ من تكوين لبنان، والقانون في هذا السياق يكفل حماية حرية الرأي ويدعمها.
من هذا المنطلق، يجب علينا احترام آراء بعضنا البعض والاستماع…
La journaliste Dima Sadek a affirmé qu'elle était « personnellement en désaccord avec la manière dont Rawad Taha a présenté son argumentation », mais a noté qu'elle s'opposait à toute personne le qualifiant de « traître » en raison de son opinion.
بموضوع تقرير الزميل رواد طه.
— Dima ديما صادق (@DimaSadek) March 15, 2024
التقرير المهني يناقش، بسجل الإعجاب فيه، تسجل انتقادات عليه، تُناقش تفاصيله ، ( شخصيا اختلف مع معالجة رواد ) ، لكن لا تعلق له مشانق التخوين!!!
ان اخطر ما نعاني منه في هذه المرحلة هي أصوات تخوين ديكتاتورية البروباغندا التي تحلل دمنا علنا. مين هي…
Après avoir essuyé de vives critiques, la LBCI a supprimé le post sur X mais l'a gardé sur Instagram.
Sur son compte Instagram personnel, Rawad Taha a remercié ceux qui l'ont soutenu et a déclaré qu'il continuerait à ignorer les « trolls », estimant que la liberté d'expression était « sacrée » au Liban.
Les tenants des ideologies "religieuses" (Sioniste, Islamique, Wylayiste) ont ceci de commun qu'elles estiment detenir une verite absolue (faite de victoires divines) et qu'elles se soucient comme d'une guigne du cout en vie humaines de leurs politiques. Les morts de leur "cote" sont tous des martyrs sacrifiables, fussent-ils des enfants. Les morts de l'autre cote sont tous des ennemis, fussent-ils eux-aussi des enfants. Curieux comme ce genre d'ideologies ne survit que chez les sous-devellopes.....
11 h 03, le 18 mars 2024