Pour le Courant patriotique libre, le 14 mars cette année ne ressemble pas aux précédents. Cette date devenue un symbole pour les Libanais, que plusieurs partis politiques cherchent d’ailleurs à s’approprier, est considérée par le CPL comme un élément fondateur de son mouvement. Sauf qu’il s’agit pour celui-ci d’un autre 14 mars. C’est en effet à cette date de l’année 1989 que le général Michel Aoun, alors chef d’un gouvernement de militaires, lance « la guerre de libération » contre les forces syriennes au Liban. C’est à cause de cette guerre, qui a duré plusieurs mois, que le CPL se considère comme « le père légitime » du mouvement du 14 mars 2005, né après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri le 14 février de la même année, et destiné à sortir les troupes syriennes du Liban. La guerre de libération a eu beau finir par une autre confrontation qui a opposé l’armée dirigée par Michel Aoun aux Forces libanaises, et qui s’est terminée par l’officialisation de la tutelle syrienne sur le Liban, elle reste, pour le courant aouniste, un élément fondateur. Mais cette année, la date a aussi une autre portée pour le CPL. Elle consacre en quelque sorte la prise en charge du mouvement et du parti qui en est né, par Gebran Bassil, gendre de Michel Aoun. Certes, M. Bassil est depuis des années le dauphin déclaré du général, mais désormais il est le chef effectif du parti. Il a commencé par former sa propre équipe et il veut imprimer sa marque à l’intérieur et à l’extérieur de la formation. Michel Aoun reste le fondateur, le symbole et le père spirituel, mais son gendre tient maintenant tous les rouages, même si de l’avis de nombreux militants il y a encore des luttes intestines et discrètes entre lui et certaines figures qui le considèrent trop omniprésent.
Se débarrasser de certaines branches
C’est peut-être à cause justement de ces critiques sourdes que M. Bassil a voulu cette année organiser une commémoration particulière du 14 mars, qui comporte une série de messages envoyés à la fois à l’intérieur du CPL et aux différentes composantes politiques du Liban. L’idée directrice reprend une phrase qu’aime répéter Michel Aoun, selon laquelle un arbre doit être régulièrement élagué pour grandir et c’est sur cette base que Gebran Bassil considère que le CPL est appelé à grandir et à s’étendre, tout en se débarrassant de certaines branches...
Les activités de la cérémonie ont commencé avec le dîner pour la levée de fonds, qui a fait l’objet d’une promotion insistante sur la chaîne OTV, pour bien montrer que le CPL ne reçoit aucun financement étranger et que, comme l’avait voulu son fondateur, il vit des dons de ses partisans. Ensuite, samedi, des rencontres seront organisées entre les premiers militants et la nouvelle génération, dans plusieurs séances de dialogue, sous le titre « Gen to Gen ». À travers ces séances, le CPL veut montrer qu’il s’étend sur plusieurs générations et que la flamme continue à être transmise avec le même enthousiasme et dans le même esprit. C’est ainsi que des « aounistes » de la première heure vont raconter aux jeunes comment ils ont manifesté au palais de Baabda pour soutenir le général Aoun alors Premier ministre controversé, puisqu’il devait partager ce titre avec un autre président du Conseil, Sélim Hoss, et comment, après l’exil forcé du général, ils se faisaient arrêter pour un klaxon ou pour le lancement de tracts contre la présence syrienne.
Enfin, dimanche, ce sera le tour du congrès général du CPL. C’est le neuvième en près de 30 ans et il est placé sous le signe du « partenariat équilibré », sans lequel il ne peut pas y avoir d’État.
Ce congrès doit adopter officiellement un document politique qui a fait l’objet de longues discussions et qui devrait marquer l’action du parti pour les années à venir. Il résume pratiquement la vision de Gebran Bassil. Le document affirme ainsi que le partenariat est au cœur de l’unité nationale, laquelle est le fondement du Liban et elle est à la base de l’État et de ses institutions. Ce partenariat constitue en quelque sorte « le contrat qui rassemble les Libanais ». S’il n’est pas respecté, c’est l’essence même du Liban qui sera ébranlée. Selon des membres du CPL, c’est le message principal que Bassil voudrait mettre en avant et il s’adresse certes à toutes les composantes libanaises, mais en particulier au Hezbollah et au tandem chiite. Selon les membres du CPL, il s’agit d’un document complet qui comporte une vision économique et sociale, tout en exposant les problématiques de la stratégie de défense et de la présence syrienne, dans des perspectives de solution. En même temps, le document montre l’intérêt particulier que le CPL et son chef portent aux jeunes. Il dresse aussi un bilan de ce qui a été accompli... et de ce qu’il reste encore à faire. Selon un membre du CPL, l’esprit du document se résume ainsi : intransigeance face à l’ennemi et souplesse à l’intérieur. Le CPL va donc réaffirmer sa détermination à nouer un dialogue avec toutes les parties internes et il va rappeler qu’il est toujours le premier à lancer des initiatives dans ce sens. C’est un élément important, estime le membre du CPL précité, sachant qu’actuellement une sorte de blocus est selon lui imposé au parti. Certains parlent même d’une « guerre d’élimination », politique cette fois, qui a commencé avec les sanctions américaines contre Gebran Bassil et se poursuit sous plusieurs formes, sans parler des tiraillements internes. À travers les différentes activités à l’occasion du 14 mars cette année, Bassil affirme qu’il prend le relais et que le CPL est appelé à durer. Mission difficile ?
commentaires (5)
14 Mars ... wow c'est trop de sucre dun seul coup! Bonjour diabète. Oh pardon ce ne sont pas des barres de chocolat mais pire encore!? Une date !?... ayayayyy
Wlek Sanferlou
14 h 09, le 16 mars 2024